Comment se battre pour l’égalité femmes-hommes ?

Comment se battre pour l’égalité femmes-hommes ?
Egalité femmes-hommes

Le Département combat le sexisme au quotidien à travers ses politiques publiques. Des actions à 360 degrés avec pour objectif : l’égalité.

Voilà 16 ans qu’en Seine-Saint-Denis, on permet aux collégien·ne·s de trouver en eux·elles de quoi dénoncer les stéréotypes de genre et tout ce qu’ils engendrent. « Le sexisme qu’est-ce que c’est ?  ». Cette question, Emilie Desjardins, intervenante de Jeunes contre le sexisme, la pose à chaque fois qu’elle entre dans un collège. « – C’est un cas très délicat…. lui répond un collégien un peu hésitant. C’est ceux qui disent que les hommes ont plus de pouvoir que les femmes. » « – Ou que les femmes sont supérieures aux hommes. ajoute l’animatrice. Ça aussi, c’est du sexisme. Et quelles peuvent être ses conséquences ? » Les ados lui répondent sans détour : « – La mort… le harcèlement… les violences conjugales… »


Pour Emilie Desjardins : « C’est un sujet important. » Elle en profite pour dresser un tableau de la situation. Davantage de pauvreté chez les femmes, des salaires plus bas. Davantage de suicide chez les hommes. Davantage d’hommes dans les prisons. Et des questions : pourquoi tant d’hommes sont violents avec leur femme et leurs enfants ? Pourquoi 99 % des viols sont commis par des hommes ? « Le sexisme fait du mal à tout le monde. Comment on peut changer ça ? » Le Département propose aux élèves d’agir concrètement en transmettant leur message, leurs mots, leur vécu. L’objectif : les sensibiliser pour longtemps à ces questions.

Rendre visibles les femmes

Dora Maar, Barbara, Jacqueline de Romilly, Gisèle Halimi, Cesaria Evora, Sólveig Anspach, Aretha Franklin, Miriam Makeba… 23 collèges portent désormais des noms de femmes. Une démarche que le Département de la Seine-Saint-Denis veut élargir aux crèches comme au Bourget avec Ida Genty-Rossi ou Myriam David à Rosny-sous-Bois, aux PMI avec Madeleine Brès à Bobigny, Jacqueline de Chambrun à Aubervilliers, Berthe Morisot à Montfermeil, au plateau sportif Diandra Tchatchouang à La Courneuve, et aux gymnases avec Aimée Lallement. L’objectif est de rendre hommage à des personnalités féminines aux parcours remarquables et de rendre visibles les femmes dans l’espace public.

Mais l’engagement du Département de la Seine-Saint-Denis ne s’arrête pas là. Depuis 2019, il a progressivement adopté l’écriture inclusive dans ses supports de communication, ses rapports et courriers officiels, après avoir signé la Convention d’engagement pour une communication publique sans stéréotype de sexe. Pour Fanny Gallot, historienne des droits des femmes, l’écriture égalitaire utilisée notamment dans notre magazine est une nécessité : « Écrire au masculin, c’est ne pas s’adresser à la moitié de l’humanité. D’ailleurs, lorsque je parle au féminin dans certains cours avec l’objectif de faire réfléchir à cette question, il y a toujours un·e étudiant·e qui me précise qu’il y a également des hommes dans la pièce. »

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Les femmes en lutte

Cette spécialiste de la lutte des femmes a participé à l’exposition aux Archives départementales. Mecano à La Courneuve, Grandin à Montreuil, Roussel-Uclaf à Romainville, Coupe-fil et Jac à Bondy, toutes ces usines où travaillent presque uniquement des femmes. Parmi la trentaine de photos exposées à Bobigny (+ 150 sur une borne interactive), les ouvrières et employées font à la fois preuve de courage, de solidarité, de créativité et d’humour pour être vues et entendues. Comme à Grandin en 1975 où celles qui fabriquent des pièces pour les téléviseurs Thomson se rendent au Salon de l’électroménager, occupent le bureau de Françoise Giroud, alors secrétaire d’État à la condition féminine, et s’invitent même sur le plateau du journal de la première chaîne de télévision.
« Se mobiliser ne fait pas partie d’un comportement « normal » pour une femme, notamment de classes populaires, rappelle Fanny Gallot. Aux hommes, la sphère publique et professionnelle, aux femmes la sphère privée et domestique. Sortir de ce cadre est ainsi une transgression et sans doute ce qui explique le fait que leurs mobilisations soient oubliées. »

C’est le cas de l’usine de confection Coupe-fil et Jac, qui, en 1982, emploie 80 ouvrières et où le conflit va durer 19 mois, comme nous le raconte Nadia, 22 ans à l’époque. « De me retrouver à cohabiter avec les collègues nuit et jour, ça a été des moments forts. Tout ce qu’on faisait pour que l’entreprise soit reprise, nous sauver la mise, les discussions avec le syndicat… » A l’époque, leur combat se focalisait sur l’obtention d’une pause de 10 minutes le matin et 10 minutes le soir. Une journée d’étude et des tables-rondes sont proposées aux archives départementales. L’occasion de s’interroger sur le rôle qu’ont joué les associations et le politique pour faire avancer les droits des femmes en Seine-Saint-Denis.

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