Ciofani-Kondé, une faim de Louves
Jeudi, Anne-Cécile Ciofani et Nassira Kondé vont connaître leur premier tournoi olympique de rugby à 7. Les deux joueuses, éléments clés de l’AC Bobigny 93, illustrent tout le travail de ce club phare du département en matière de rugby féminin. Qui suivra évidemment les grandes cavalcades de ses protégées à Tokyo.
Anne-Cé « la gazelle » et Nassira « la puncheuse ». C’est comme ça que les voit leur capitaine Fanny Horta. Avec ces deux joueuses made in Bobigny, l’équipe de France de rugby à 7 s’est incontestablement dotée d’un atout grinta et vitesse.
La première, 27 ans, a déjà connu une compétition de très haut niveau, en étant sacrée vice championne du monde en 2018 et révélation du tournoi face à la Nouvelle-Zélande. La deuxième, 20 ans, est une novice : réserviste au départ, elle a « malheureusement » bénéficié du forfait sur blessure d’une autre coéquipière de Bobigny, Joanna Grisez. Mais pour toutes les deux, ces Jeux sont une grande première.
Nassira Kondé, Anne-Cécile Ciofani et Joanna Grisez
« A l’arrivée au village, on était un peu comme des enfants. On en a tellement rêvé en voyant les filles de Rio 2016. Là, on a des étoiles plein les yeux », témoignait Anne-Cécile Ciofani en conférence de presse.
Ce qui ne les empêche pas d’avoir une faim de Louves. Présentes depuis de longues années à l’AC Bobigny (2012 pour Anne-Cécile, 2017 pour Nassira), l’ailière et l’ouvreuse se sont spécifiquement préparées pour le 7, passant un contrat avec la fédération. Avec déjà Caroline Ladagnous et Pauline Biscarat sélectionnées avant elles pour Rio 2016 - première apparition du Seven aux Jeux - « Bobi » confirme là si besoin était son savoir-faire en matière de rugby féminin.
Equipe baroque
« C’est vrai que Bobigny fait un excellent travail et au-delà de ça, on sait que la Seine-Saint-Denis est une terre riche pour former des sportifs de haut niveau et le rugby ne déroge en cela pas à la règle », soulignait à cette occasion David Courteix, le sélectionneur des Bleues à 7. Une histoire qui ne fait sans doute que commencer puisqu’en septembre dernier, une nouvelle Académie de rugby s’est ouverte au lycée Voillaume d’Aulnay, pour poursuivre ce travail de détection et de formation, sous la supervision de l’ancienne Louve Clémence Gueucier.
Enjoué et en verve, David Courteix prenait toutefois la peine de préciser : « On s’est construit sur une différence de profils et de personnalités, et les filles de cette équipe viennent d’un peu partout en France. C’est une équipe un peu baroque, et c’est ce qui fait sa force ».
Les Ciofani, famille de sportifs
A côté de points communs – personnalités extraverties, tempérament de battantes - chacune des deux Louves a aussi ses spécificités. Anne-Cécile, venue au rugby sur le tard, est ainsi un petit ovni au pays de l’Ovalie. Avec deux parents sportifs de haut niveau – son père Walter, lanceur de marteau, a fait les Jeux de Los Angeles, sa mère Jeanne ceux de Séoul, au disque et au poids, pour le Cameroun – la jeune femme était plutôt « programmée » pour faire de l’athlétisme, mais une blessure l’a fait bifurquer vers le rugby. « C’est une fierté de marcher dans les pas de mes parents, qui ont tous deux vécu les Jeux, mais je suis aussi contente de m’être créée ma propre identité en le faisant dans un sport différent », expliquait ce fort caractère, dont les plus jeunes sœurs – Audrey et Juliette – sont elles aussi athlètes de haut niveau (au lancer du marteau, sous les couleurs du CA Montreuil).
La voie aura été plus classique pour Nassira Kondé, venue au rugby via l’UNSS de son collège à Aulnay, avant de continuer en club à Tremblay puis Bobigny. Son style ? Des chevauchées solitaires grâce à des cannes de feu, qu’on a aussi pu voir à l’œuvre à XV lors des deux premiers matches du Tournoi des 6 nations 2020. Initialement prévue pour disputer Paris 2024 et d’ailleurs soutenue pour cela par le dispositif départemental Génération Jeux, cette attaquante aura donc brûlé les étapes, même si elle débutera probablement sur le banc.
Jeudi, on peut être sûr que de nombreuses Louves feront l’effort de se lever à 3h30 (ou de ne pas aller se coucher) pour suivre l’entame de leurs copines face aux Fidji. Si les Bleues passent aussi le cap du Brésil dans la même journée, il y a même fort à parier que certaines d’entre elles entameront un petit Haka des Louves qui résonnera jusqu’à Tokyo. « Dès que les gens nous voient/ Ils veulent tout savoir/ Qui on est/ Nous, on leur dit/ Les Louves de Bobigny/ Des filles qu’aiment le rugby/ Ballon ovale, on va faire mal »
Christophe Lehousse
Photos : ©FFR et ©Nicolas Moulard
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