Charles-Antoine Kouakou, champion paralympique !
A seulement 23 ans et pour ses tout premiers Jeux, Charles Antoine Kouakou a été sacré champion paralympique du 400m T20 à Tokyo, mardi 31 août. Membre de l’association « Sport Toi Bien 93 », à destination de personnes ayant des déficiences mentales ou psychiques, cet athlète fait la fierté de son ESAT du Bourget-Drancy, où il travaille à mi-temps comme jardinier. Portrait.
(Article datant de juin 2021)
A l’ESAT des Muguets, au Bourget, on croise plusieurs fois le regard de Charles-Antoine Kouakou. En vrai, mais aussi en photo, sur des coupures de presse punaisées un peu partout sur un grand panneau en liège.
Le sprinter de 22 ans, qui s’apprête à participer aux prochains Jeux paralympiques de Tokyo, est incontestablement la star de cet établissement d’inclusion par le travail pour personnes handicapées, où il officie comme jardinier.
Il faut dire qu’il y a de quoi susciter la fierté. Non content d’avoir décroché sa qualification pour le Japon, où il s’alignera sur 400m, le sympathique jeune homme a aussi établi en mars dernier un record du monde sur 200m : 21’’86 en finale des Championnats d’Europe indoor de sport adapté (qui désigne les compétitions à destination de personnes avec des déficiences mentales ou psychiques).
« Pour mon record du monde, Fred (Drieu, son entraîneur sport adapté) m’a dit de penser au PSG et à l’or. C’est ce que j’ai fait et ça a marché ! », lâche-il, tout sourire. Ce fan de foot a même fait mieux que le club défait cette saison en demi-finales de la Ligue des Champions...
Un fait d’armes qui vient s’ajouter à de nombreux autres : champion du monde du 200m en 2017, ou encore bronze aux Mondiaux juniors sur 400m en 2018. Car Charles-Antoine court maintenant depuis de longues années. Venu à l’athlétisme à l’âge de 13 ans au sein de la structure de sport adapté Sport Toi Bien 93, ses qualités naturelles ont vite été repérées par Emmanuelle Mougel, son ancienne référente à l’Institut médico-éducatif Ladoucette à Drancy. Celle-ci a ensuite passé le flambeau à Frédéric Drieu, conseiller technique au sein de la FFSA. « Je me souviens de l’avoir découvert aux championnats de France jeunes à Saint-Denis il y a 4 ans et je m’étais déjà dit qu’il était beau à voir courir, explique l’entraîneur fédéral. Maintenant, passer du 200m au 400m (aux Jeux paralympiques, il n’y a qu’un 400m pour la catégorie de Charles-Antoine) a nécessité un réajustement c’est sûr. Mais avec Vincent Clarico (ancien sprinter international, entraîneur à Antony Athlétisme 92), il est entre de très bonnes mains. »
Moteur pour tout l’ESAT
Quatre après-midi par semaine (il fait relâche le jeudi), Charles-Antoine quitte ainsi ses collègues de l’ESAT du Bourget pour se rendre sur la piste du sud de Paris pour un entraînement spécifique, avant de rentrer chez lui Porte de Vanves. « Cette organisation l’a non seulement fait progresser sportivement, mais lui a donné beaucoup d’autonomie », estime Jean-Michel Turlik, directeur de l’ESAT des Muguets.
Au-delà de l’excellence de la performance sportive, l’histoire de Charles-Antoine est aussi la preuve des vertus du sport dans l’inclusion des personnes handicapées. « Sa pratique du sport l’épanouit, c’est sûr. A l’entraînement, il est le seul sportif en situation de handicap et il participe aussi à des compétitions en milieu traditionnel. Tout ça l’aide à se valoriser. », explique Alexis Champin, son éducateur sportif au Bourget. « En plus de ses succès individuels, Charles-Antoine est moteur pour tout l’ESAT. Pour ses collègues, il est la preuve qu’avec des efforts, on peut arriver à quelque chose. Pour des personnes qui dans leur parcours ont parfois été stigmatisées par le regard de l’autre, c’est très important. », complète Jean-Michel Turlik.
Impatient de participer à ses tout premiers Jeux, Charles-Antoine, soutenu par le dispositif départemental Génération Jeux, voit toutefois plus loin. « Je pense aussi à Paris 2024. J’ai déjà visité le Stade de France, mais je n’y ai encore jamais couru… », lâche le jeune homme, né à Paris un 14 juillet 1998… On n’ose même pas imaginer l’euphorie qui s’emparerait de l’ESAT du Bourget si, à quelques encablures de là, la flèche bleue enlevait en 2024 une médaille sur la piste de Saint-Denis...
Christophe Lehousse
Photo de tête : ©Sylvain Hitau
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