Carlos Arbelaez, réfugié et entrepreneur social
« Tout le monde peut recommencer une vie ailleurs... ». À 35 ans, le réfugié colombien Carlos Arbelaez a connu des moments difficiles avant de lancer son entreprise de café paysan à Montreuil. Fondateur de l’association Espero et engagé dans plusieurs ONG, il agit pour aider les réfugi∙é∙e∙s à s’insérer socialement et professionnellement, tout en mettant en valeur la biodiversité en Île-de-France.
« On ne parle pas assez des familles qui aident les réfugiés » déclare le chef d’entreprise montreuillois, très reconnaissant envers une famille de banlieue parisienne qui l’a recueilli et aidé après quatre mois d’errance à son arrivée en France en 2011. « Je ne pourrai jamais rendre tout ce que Philippe, Véronique et leurs enfants m’ont donné mais je voudrais prouver par mes projets que les réfugiés sont une richesse et souhaitent participer au développement économique de la France ».
Un parcours semé d’embûches en Colombie
Né dans les favelas de Medellín, Carlos connaît une enfance plutôt heureuse avant d’être enrôlé de force à 18 ans dans l’armée colombienne. Le jeune homme, « qui n’a pas les moyens de payer pour éviter le service militaire », est témoin d’assassinats de civils par des soldats. Après deux ans de lutte contre les FARC, il entre à l’université d’Antioquia et débute avec des amis une publication sur les exactions des militaires. Les étudiant∙e∙s sont rapidement suivi∙e∙s et menacé∙e∙s par mail et par lettres. « J’ai alors dû fuir mon pays et suis arrivé en France avec assez peu de ressources ».
Carlos connaît l’âpreté de la rue avant de participer par hasard à un reportage sur les SDF. Une famille de Bourg-la-Reine, émue par son sort, l’héberge et l’incite à reprendre ses études. L’exilé polyglotte passe alors une licence à la Sorbonne, un master 2 à Sciences Po Paris puis travaille pendant deux ans pour le Haut Commissariat aux réfugiés. Il s’engage également dans des associations humanitaires et fonde l’ONG Espero qui forme les demandeur∙euse∙s d’asile aux techniques d’agriculture urbaine et d’apiculture.
« Espero propose dans toute l’Île-de-France des chantiers d’insertion dans la permaculture, le maraîchage et la production de miel bio » explique Ibrahim Karout, réfugié syrien et maître apiculteur qui encadre des dizaines d’exilé∙e∙s ou personnes éloignées de l’emploi. « Nous avons monté notre premier rucher dans une friche de Bobigny avec l’association Activille. C’était touchant de voir des gamins qui pour certains étaient à la rue se passionner pour les abeilles et s’engager pour enrayer leur déclin ».
Entrepreneuriat solidaire et développement local
Carlos rencontre un torréfacteur colombien désireux comme lui d’agir pour la reconstruction de son pays et s’installe à Montreuil en 2019. Les deux amis y suivent une formation d’un an dans les locaux de la Ruche, un incubateur pour les réfugiés et bâtissent le projet Populaire : importer du café colombien produit par les populations marquées par les conflits.
« On voulait sauver la Terre avec notre café » s’enthousiasme un collaborateur du projet, convaincu que cette boisson peut être un facteur de paix et de résilience. « Les gens créent des liens de convivialité autour d’une tasse et avec le développement des salons de café à Paris, il y a une niche pour les produits de terroir de haute qualité ».
Très attaché à l’émancipation des paysans colombiens, le chef d’entreprise montreuillois achète le café à un prix stable et équitable dans des régions reculées victimes de la guérilla. Il importe puis torréfie tous les mois dans un atelier collaboratif plus de 500 kilos de grains qu’il livre à vélo cargo à des particuliers ou des restaurateurs de l’est de Paris et de Seine-Saint-Denis.
Le trentenaire, qui a connu des périodes de creux pendant le confinement, bouillonne de nouveaux projets solidaires. Il souhaite lancer à Montreuil avant la fin de l’année une formation de baristas (préparateur de café) pour les réfugiés et les personnes sans emplois. « Notre café raconte l’histoire parfois douloureuse des petits paysans, des artisans torréfacteurs, des baristas... » confie-t-il. « Tout notre pari est que le consommateur se souvienne de cette histoire en dégustant confortablement une tasse... ».

Crédit-photo : Carlos Arbelaez
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