Canal historique

200 ans c’est peu ou beaucoup au regard de l’Histoire ? Quelle que soit votre réponse, voilà déjà 2 siècles que le canal de l’Ourcq dessine les paysages des villes de Seine-Saint-Denis qu’il traverse. Débutant à Mareuil-sur-Ourcq dans les Hauts-de-France pour terminer son fil de l’eau dans le bassin de la Villette, embarquez pour une balade historique en vidéo ou en mots.

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Course au canard et concours de plongeons dans le Canal de l’Ourcq à Pantin en 1964

Dès le XVIe siècle, la rivière de l’Ourcq intéresse des ingénieurs et des hommes de pouvoir parisiens. Prenant sa source dans l’Aisne, l’Ourcq apparaît comme la plus adéquate pour alimenter Paris. La capitale est en manque d’eau de bonne qualité. Celle de la Seine est polluée et les épidémies de choléra sont légion. Le projet de canal répond à des enjeux sociaux, économiques et hygiénistes. Des travaux sont d’abord entrepris pour rendre la rivière navigable entre 1520 et 1530. Fin XVIIe, un projet obtient l’accord du roi mais n’aboutit pas. En 1787 une nouvelle tentative entraiîne la création de la Compagnie du Canal royal de Paris. Elle permet au roi de ne pas financer intégralement les travaux. Un groupement d’individus peut investir dans la construction en échange de l’exploitation du canal pour en tirer des bénéfices. Mais la Révolution française y met un nouveau coup d’arrêt.

La construction du canal… enfin !

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En 1802 ressurgit l’idée. Malgré le soutien de Bonaparte, le projet soulève des débats houleux. Il est discuté scientifiquement à cause des difficultés liées au niveau d’eau et aux risques de glissements de terrain. Napoléon surveille les travaux et visite en 1803 le creusement à Aulnay et Sevran. Les contestations et la chute de l’empereur provoquent des interruptions. A la Restauration, en 1818, la concession des canaux de l’Ourcq et de Saint-Denis est cédée à une compagnie privée qui doit finir les travaux et entretenir les canaux. Elle les finance en partie par des taxes sur les marchandises comme le vin entrant dans la ville de Paris. D’autres imprévus s’ajoutent comme des éboulements et des problèmes liés au courant trop important de la rivière. Nombre de prisonniers prussiens et russes, issus des guerres napoléoniennes, travaillent à son édification. Ils tapissent le fond du canal avec l’argile verte de Romainville aux vertus imperméabilisante. Des ouvriers agricoles sont également employés. Afin d’éviter leurs départs pour les moissons, ils bénéficient d’une augmentation de salaire et de la prise en charge des soins et maladies. Le canal est enfin achevé en 1822, un an après celui de Saint-Denis !

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Avec la construction du canal et l’industrialisation du XIXe siècle, beaucoup d’entreprises ayant besoin d’eau s’installent sur les berges, notamment à proximité de Paris. Ainsi, des industries pharmaceutiques s’installent à Pantin et des entreprises mécaniques vers Sevran, comme la société Westinghouse, fabricante de freins, qui arrive à Freinville, un des quartiers sevranais.

Une poudrerie apparaît à Sevran aussi en 1873 et restera ouverte exactement un siècle, jusqu’en 1973. La poudre sans fumée y est inventée et Alfred Nobel effectue des tests sur la dynamite dans un atelier proche. L’entreprise Kodak s’implante également au bord du canal en 1924. L’Ourcq connaît une activité minière. Le canal est utilisé pour acheminer le gypse des carrières alentour pour faire du plâtre. Ces industries augmentent la population ouvrière des communes en bordure du canal. Beaucoup de petites habitations émergent alors dans les municipalités où le canal coule. Un bateau poste se met en place (toujours à Sevran) en 1837, permettant de communiquer plus rapidement entre Paris et Meaux.

D’autres activités se développent en parallèle. Tout d’abord, le canal se termine dans le port de la Villette qui devient à la fin du XIXe siècle l’un des principaux quartiers industriels et commerciaux de Paris. En plus de l’eau potable, ses voies permettent d’acheminer de nombreux matériaux et denrées alimentaires pour l’approvision-nement de la capitale. En 1820 un service de galiotes, petits bateaux fluviaux servant aussi bien aux transports des personnes que des marchandises, est mis en place pour relier par l’eau Claye et Paris. Pour plus d’efficacité, les galiotes sont remplacées en 1837 par des bateaux de fer. Des flûtes, bateaux fin et long viennent les compléter.

Quand le réseau d’eau potable se met en place dans la capitale sous le Second Empire (1852-1870), la mission principale du canal est modifiée. Il sert désormais pour l’eau non potable, surtout pour le nettoyage de la voirie et des caniveaux. Lors de la Guerre de 1870 et 1871, les Prussiens utilisent ses vannes et réussissent à bloquer des armées françaises en inondant les plaines. Puis, en 1876, la ville de Paris devient seule propriétaire du réseau fluvial de l’Ourcq et des berges sur une largeur de sept mètres.

Dans les années 1970, 80 et 90, la Seine-Saint-Denis connaît une forte désindustrialisation et les bords du canal ne font pas exception. Mais avec le nouveau millénaire, notre territoire attise les convoitises par sa proximité avec Paris et ses espaces libres qui en font un gigantesque terrain de constructions. La réhabilitation des Grands Moulins à Pantin (rachetés par BNP Paribas) ou des Magasins généraux transformés en bureaux pour BETC sont des exemples emblématiques de l’attraction que provoquent désormais les berges de l’Ourcq sans parler des nouveaux logements eux aussi très prisés.

Article réalisé avec le concours des Archives départementales de la Seine-Saint-Denis.

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En plus du côté utilitaire, les berges du canal ont toujours été des lieux de détente, d’activité sportive et de vie quotidienne. Du puisage de l’eau, au cours de natation sur ces cartes postales ancienne aux joggings de 2022, il est aussi possible de randonner à pied ou à vélo de Paris jusqu’à Claye-Souilly dans le 77 !

Caractéristiques techniques

  • Le canal commence à Mareuil-sur-Ourcq et se termine au bassin de la Villette.
  • Longueur : 108 km.
  • 10 écluses.
  • Navigation : gros gabarits entre la Villette et Les Pavillons-sous-Bois. Flûtes ou demi-flûtes des Pavillons-sous-Bois à Mareuil.
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Le canal de l’Ourcq aujourd’hui

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Vue panoramique du canal de l’Ourcq à Pantin, réalisée en juillet 2016. Franck Rondot

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Vue depuis le parc départemental de la Bergère à Bobigny. Paysage d’automne. Bateau. Mara Mazzanti

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Foulées de l’automne organisées par la section mise en forme et la section course à pied de l’APSAD 93 le long du canal à Bobigny en novembre 2018. Nicolas Moulard

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Le curage du canal en mars 2018. Franck Rondot

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Passerelle entre Noisy-le-Sec et Bobigny. Automne 2018. Mara Mazzanti

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L’Eté du Canal, entre Noisy-le-Sec et Bobigny, juillet 2015. Patricia Lecomte

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24h de la biodiversité : atelier d’observation des libellules lors d’une balade sur les eaux du canal à la base de canoë-kayak à Sevran en 2016. Patricia Lecomte

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Passerelle des Jardins Perdus à Aulnay-sous-Bois en 2019. Patricia Lecomte

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L’Été du Canal à Bondy en juillet 2021. Sylvain Hitau

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L’Été du Canal au parc départemental de la Bergère à Bobigny le 18 juillet 2021. Sylvain Hitau

Joyeux anniversaire !

Pour fêter ce Bicentenaire, une riche programmation a été prévue jusqu’au 31 décembre 2022 : balades guidées, croisières thématiques, visites, expositions, événements… Découvrez toutes les festivités via www.tourisme93.com !

Crédits photos

· La natation au canal de l’Ourcq
Cote : 75Fi Aulnay-sous-Bois/806
Crédits : Droits réservés – éditions HWSW / AD093

· Vue du bassin du canal…
Cote : 6FI/246
Crédits : Droits réservés – éditions Basset – Bibliothèque impériale / AD093

· Le canal de l’Ourcq et les moulins
Cote : 49Fi/7625
Crédits : Droits réservés – éditions Malcuit / AD093

· Autre visuel : Droits réservés – Collection H. Lebrun / Archives départementales de la Seine-Saint-Denis.

Crédit vidéo

Remerciements à Ciné-Archives pour l’utilisation de l’extrait. Montage Suleyman Acikgoz.

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