RSA Epinay-sur-Seine Formation

Bienvenue à Boutique en Scène, rayon insertion...

A Epinay-sur-Seine, ce nouveau commerce de centre-ville, inauguré le 13 avril, cumule les fonctions : il est à la fois un lieu pour dénicher des cadeaux et une boutique-école pour des néo-entrepreneur·e·s en parcours RSA ou souhaitant tester leur concept avant de se lancer. Soutenue par le Département, la démarche pourrait faire des émules.

Au 56 rue de Paris à Epinay-sur-Seine, les rayons de la « Boutique en Scène » sont remplis de cadeaux-plaisir, bijoux, livres, cafés ou épices issues de filières équitables. Mais, il y a aussi un rayon un peu plus « caché », celui de l’insertion... Car la nouvelle adresse shopping et pause-café du centre-ville est aussi un commerce-école qui permet à des « apprenti.e.s » commerçant.e.s, bénéficiaires du RSA de Seine-Saint-Denis ou néo-entrepreneur·e·s d’Épinay de tester pendant trois mois -au moins- leur concept. Autre avantage, ils et elles sont formé.e.s et acquièrent des compétences commerciales. Un dispositif innovant que le Conseil Départemental accompagne en finançant, à hauteur de 19 000 euros, dix premiers allocataires du RSA grâce aux soutiens financiers de la stratégie nationale de lutte et de prévention contre la pauvreté -lire aussi notre encadré.

Pour le moment, elles sont trois femmes allocataires du RSA à avoir déjà pris leurs marques dans les 250 m2 de la boutique ouverte depuis fin février. Monica Varela, trentenaire spinasienne, déballe d’ailleurs encore ces produits le jour de l’inauguration officielle de la boutique qui avait lieu mercredi 13 avril. « Je commence à m’installer, mais je me sens déjà très bien ici », sourit l’ex-spécialiste de l’immobilier bien décidé à faire prospérer son atelier « Cœur de chiffon », une activité de création de textile zéro déchet et bio, parmi lesquels des serviettes hygiéniques. « Mon idée, c’est de tester mon activité avant de lancer pourquoi pas, une boutique-atelier où je pourrai aussi faire de l’éducation et de la prévention sur le thème de la précarité menstruelle, expose-t-elle. Et pour cela, c’est vraiment utile d’être accompagnée parce qu’on se retrouve vite seule dans la création d’entreprise. Ce n’est pas suffisant de trouver des infos sur le web, il faut aussi parler à quelqu’un, à des spécialistes... »

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Empirisme et méthode Coué...

Pour cela, Monica et les quatre autres néo-entrepreneuses peuvent compter sur la Coopérative Pointcarré installée à Saint-Denis depuis 2016. La structure de l’économie sociale et solidaire a en effet été retenue en 2020 par le Département pour imaginer d’abord et animer ensuite l’accompagnement pratique des bénéficiaires du RSA. « Nous sommes là pour les aider à tenir les deux bouts de leurs projets : se former mais aussi tester leurs concepts dans des conditions réelles dans un lieu qui profite aux habitants et redynamise le centre-ville. C’est aussi une manière concrète de montrer qu’entrepreneuriat et social ne sont pas en opposition et ça peut ouvrir la voie à d’autres lieux de ce type en Seine-Saint-Denis », résume Elie Prévéral, le directeur de Pointcarré.

Une idée loin de déplaire à Sofia Ben Mohamed, quarantenaire de Noisy-le-Grand, qui a dû quitter en 2020 son emploi dans l’esthétique et la cosmétique à la suite d’une allergie au cobalt : « Un cauchemar, se souvient la jeune femme. Mais, je n’ai pas baissé les bras et j’ai créé ma marque de parfums « Empirisme » en renouant avec une passion, la parfumerie, que j’ai héritée de mes parents. Depuis fin février, je suis repartie motivée dans ce lieu où on se soutient toutes entre nous et où nous sommes aussi très bien accompagnées. Chacun vend les produits des autres, cette Boutique-Ecole est vraiment un bon concept. S’il y en avait davantage en Seine-Saint-Denis, ce seraient des points de vente potentiels pour mes parfums ! »

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Une nouvelle donne de l’insertion

Un vrai discours d’entrepreneuse... A Boutique en Scène, les vendeuses en herbe apprennent en effet vite et bien. Melissa Youssouf, vice-Présidente du Département en charge de l’insertion et de l’économie sociale et solidaire, en a la démonstration avec Mina Zaouiri, 57 ans, qui démarre Cosmo Bio, une activité de création de produits cosmétiques à base d’huile d’argan. En deux temps trois mouvements, cet ex-gouvernante dans un palace parisien lui présente toute sa gamme de soins naturels. « C’est important pour moi d’écouter aussi les conseils et les suggestions des clientes », sourit l’entrepreneuse installée à Saint-Ouen.

Et tout aussi important pour Melissa Youssouf de constater de visu « que cette Boutique en Scène correspond vraiment à nos objectifs de mise en situation des personnes éloignées de l’emploi. Et puis, ce projet à Épinay est aussi très représentatif de la nouvelle donne que nous mettons en œuvre en matière d’insertion avec une forte dimension partenariale impliquant les villes, la Métropole du Grand Paris, les bailleurs sociaux et bien sûr les mondes de l’insertion et de l’économie sociale et solidaire. C’est pour cela que je souhaite voir beaucoup d’autres boutiques-écoles ouvrir leurs portes en Seine-Saint-Denis. »

Un augure que Sofia, la parfumeuse néophyte, a humé avec un grand sourire...

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Du soutien pour l’insertion par l’entrepreneuriat


Depuis 2018, le Conseil départemental soutient les allocataires du RSA ayant un projet d’insertion basé sur l’entrepreneuriat en déployant des actions d’accompagnement renforcé avec à ses côtés une quinzaine de partenaires. Au total, 1200 personnes ont déjà bénéficié de cet accompagnement. En 2019, en collaboration avec les services de l’État, le Département a aussi financé à hauteur de 60 000 euros une étude-action pour analyser l’opportunité d’une « boutique-école » sur le territoire. Laquelle est donc désormais animée par la Coopérative Pointcarré située à Saint-Denis, avec l’ambition d’accueillir une cinquantaine de bénéficiaires du RSA en trois ans pour les initier au métier de commerçant indépendant. Côté accompagnement à la création d’entreprise, la Coopérative Pointcarré travaille en partenariat avec la Maison de l’Initiative Locale de Plaine Commune (La Miel) et l’Adie, l’Association pour le Droit à l’Initiative Économique.

Crédits photo : Franck Rondot

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