Battle H Quality, le souffle du hip hop
Près de 200 candidat·e·s se sont affronté·e·s les 18 et 19 janvier lors d’un grand concours de danse urbaine à Neuilly-Plaisance. Un crew (groupe) noiséen a raflé l’or en chorégraphies et battles en équipes.
« Donnez tout sur scène, c’est maintenant ou jamais » lance Youval, speaker et célèbre activiste de la culture hip hop aux participant·e·s.
Les candidat·e·s sont venu·e·s des quatre coins de France et pour certain·e·s d’Allemagne ou d’Italie. Ils·elles se sont entraîné·e·s pendant des mois pour la présélection en décembre de l’école de danse Héman, organisatrice de l’événement.
Au programme du très attendu Battle H Quality, deux concours distincts : les épreuves chorégraphiques le 18 janvier puis les battles en individuel ou en équipes le lendemain. Les danseur·euse·s peuvent participer à l’un ou à l’autre, voire aux deux pour les plus audacieux·euse·s.
Une ambiance de show à l’américaine
Le rideau s’ouvre à 16 heures pétantes : haut de forme vissé sur la tête, une mystérieuse silhouette noire apparaît de dos dans la lumière des projecteurs. Le speaker et « master of ceremony » Youval Ifergane se retourne puis jette sa cape dans une apothéose musicale. Le spectacle commence sous les ovations et le présentateur introduit les trois jurés : les célèbres frères M’Passi, « les yeux de tigre » qui départageront les vainqueur·se·s des épreuves chorégraphiques.
Dans une atmosphère de télé-crochet, une quinzaine de crews de 2 à 8 membres se produisent sur la piste dans les catégories Bronze, Argent et Or (correspondant au niveau débutant, intermédiaire et confirmé).
« Seuls les groupes de grand talent, qui ont deux ans de danse minimum derrière eux, sont retenus » avance Danika Oriental, manager et responsable des relations publiques du Battle H Quality « Les jurés apprécient ensuite en fonction des critères d’originalité, de déplacement dans l’espace, de synchronisation, mise en scène… ».
La gorge nouée par le trac, les danseur·euse·s, qui ont « trois minutes pour convaincre », interprètent devant une salle chauffée à blanc des shows fougueux et acrobatiques. Parmi eux·elles, un crew a littéralement cassé la baraque : le groupe noiséen Infinity, entraîné par le célèbre danseur Joyson, a remporté le magnum d’or pour son interprétation ultra-synchronisée de mélodies de Joyner Lucas et 2 Chainz. Les six jeunes prodiges rafleront également la première place du battle en équipes le lendemain.
Les guerriers du hip hop dans l’arène
Le battle (ou compétition pour les profanes) du dimanche met à l’honneur le freestyle, un genre spectaculaire dans lequel le danseur improvise ses mouvements sur la musique en enchaînant les poppings, lockings et autres mouvements de hip hop.
Plus de 70 freestyleur·euse·s s’échauffent avec fébrilité dans la salle de spectacle de Neuilly-Plaisance avant d’être auditionné·e·s par les jurés. Après avoir donné leur chance à tous·tes les candidat·e·s, ceux-ci retiennent les sept meilleur·e·s des catégories pop, house et hip hop.
16 heures : ouverture officielle du battle et arrivée triomphale du speaker Playmo suivi des juges Babson, Joseph Go et Fonky Foued, sous les scratchs débridés de deux DJ.
Après les démonstrations du jury et le fameux jungle musical, les hip hopeur·euse·s sélectionné·e·s se défient et enchaînent les waves et autres mouvements en freestyle sur des musiques imposées. Les séries de battles sont entrecoupées d’« affrontements » chorégraphiques en équipes qui permettent aux danseur·euse·s de reprendre leur souffle.
À l’issue de trois heures de spectacle, les vainqueurs des finales de pop, house et hip hop : Jeff West Gang, Meech et Jimmy Yudat sont portés au pinacle par un public chaleureux.
La huitième édition du Battle H Quality se termine dans une ambiance festive et bon enfant, sous les acclamations des spectateur·rice·s, souvent candidat·e·s déçu·e·s du concours. Aucune amertume n’est cependant venue troubler ce rendez-vous incontournable des danseur·euse·s qui revendiquent être venu·e·s « kiffer et expérimenter les valeurs universelles du hip hop : paix, unité, amour et recherche du plaisir ».
Fonky Foued, danseur, chorégraphe et juge du Battle H Quality
Le hip hop, c’est une culture qui inclut pas mal de choses : le breakdance, le DJing, le rap, le graffiti et l’human beatboxing (boîte à rythme humaine). Né dans le Bronx dans les années 70, il est importé en France par les artistes américains qui se produisent à Paris. L’émission HIP HOP tournée en 1984 à La Chapelle et Aubervilliers lance le mouvement, qui connaît ensuite un développement fulgurant avec le locking, le popping, le breakdance… Celui-ci sera d’ailleurs peut-être au programme des JO 2024 ! Je trouve que c’est bien mais j’espère que l’esprit des battles et l’aspect artistique ne seront pas sacrifiés par le côté sportif. Dans le hip hop, on cherche à développer l’originalité, la personnalité de l’interprète qui doit mettre la technique au service de sa danse et pas l’inverse.
Jimmy Yudat, danseur professionnel et vainqueur du battle hip hop en individuel
J’ai toujours baigné dans une atmosphère musicale et j’ai été séduit très tôt par le côté démocratique du hip hop. C’est une danse accessible à tous où l’on peut créer sa propre chorégraphie. Historiquement, les premiers mix visaient à transformer l’énergie négative en énergie positive en incitant les jeunes du Bronx à se défier sur les pistes et pas dans la rue. L’important, c’est d’être traversé par la musique et laisser parler son corps, même s’il faut quand même se frotter à la technique pour freestyler. Ce que j’aime dans cette danse, c’est le mélange des influences. Elle emprunte à la capoeira, au flamenco, la danse indienne, le jazz, l’acrobatie, la danse contemporaine…Le hip hop s’inspire du monde entier et de tout ce qui plaît aux artistes.
Vous êtes amateur·rice de street dance ?
Ne ratez pas le HQuality Revelation, le « petit frère du Battle H Quality » samedi 4 avril 2020 à la salle de spectacle de Neuilly-Plaisance (11 avenue Foch).
L’événement mettra en avant les nouveaux talents et les étoiles montantes de la danse urbaine et inclura également un Battle Kids pour les moins de 18 ans.
Sélection des danseur·euse·s à 10h30 et ouverture au public à 16h30
Tarif : 10 euros.
Vous pourrez aussi applaudir de grandes compagnies de streetdance à La Courneuve, Aubervilliers, Pantin et Bobigny de mi-mai à mi-juin 2020 lors du Festival Danse Hip Hop Tanz. L’association Moov’Aktion qui organise l’événement proposera en parallèle des ateliers de danses urbaines pour les jeunes un peu partout en Seine-Saint-Denis.
Crédit-photo : Eric Garault et Paul Green
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