Banlieues Bleues, 40 ans de musiques !
En 1983 naissait Banlieues Bleues, avec une idée : les habitant·e·s de la Seine-Saint-Denis méritent le meilleur, les plus grands noms du jazz, dans leur ville ! Et ça continue toujours...
Mais comment des légendes du jazz comme Dizzy Gillespie, Nina Simone ou Ray Charles, ces habitué·e·s du Carnegie Hall à New York, se sont retouvé·e·s à jouer dans des salles de Seine-Saint-Denis ? Avant 1983 il existait déjà un festival, Jazz en Aulnoye, mais cette année-là, 10 villes de Seine-Saint-Denis se mettent d’accord pour mutualiser le financement et créer le premier festival de jazz sur plusieurs communes. Rapidement, le Conseil général de la Seine-Saint-Denis est de l’aventure.
L’objectif : faire découvrir aux habitant·e·s de Seine-Saint-Denis les grands noms du jazz comme les talents émergents, chez eux·elles, dans leur ville et à prix réduit ! Dans la foulée, on trouve le nom : Banlieues Bleues. Un territoire revendiqué, une référence à la note bleue, ce léger abaissement de moins d’un demi ton qui donne sa couleur si particulière au jazz, et un clin d’œil à la Banlieue rouge, celle des villes communistes de l’Est parisien.
Photo : Dizzy Gillespie et Max Roach, deux légendes sur la scène de la MC 93
Concerts de légende
Dès la première année, de grands noms sont à l’affiche et tous les grands viendront jouer à Banlieues Bleues : Miles Davies, Stan Getz, Wayne Shorter, Ray Charles, Chick Corea, Ornette Coleman, Sonny Rollins, Toots Thielmans, Sun Ra, Abbey Lincoln etc. La liste est trop longue ! Dans la salle, le public est mélangé. Des amateurs de jazz venus de Paris profiter de l’aubaine bien sûr, mais aussi des habitant·e·s venu·e·s en voisin·e·s, tout simplement parce qu’il y a un concert à côté de chez eux. C’est comme cela qu’un soir de mars 1989 j’ai suivi mon frère à la MC 93 de Bobigny sans trop savoir ce que j’allais écouter mais parce qu’il m’avait dit :
« Dizzie Gillespie et Max Roach, deux géants du bebop. Fais-moi confiance, ce concert, tu t’en souviendras... » Comme il avait raison ! Un concert si exceptionnel qu’il a été publié en album ! (« Max + Dizzie » label A&M CD 6404).
Photo : Fela Kuti porte-drapeau de l’Afro Beat : petit résumé du dynamisme de Banlieues Bleues
Vers d’autres musiques
Xavier Lemettre, actuel directeur du festival précise : « Banlieues Bleues était aussi un tremplin pour les musiciens français et européens, Jean-Marc Padovani, Aldo Romano, Louis Sclavis... Avec une large part laissée à la création, avec des jours de répétition avant concert. Et toujours un désir d’ouverture vers les musiques proches du jazz. On a pu y entendre le rock de Chuck Berry, le blues de BB King... Tout en étant ouvert aux musiques d’Afrique. La première fois que Johnny Clegg est venu jouer en France, c’était en 1984 à Banlieues Bleues ! Sans compter les percussions de Doudou N’dyae Rose, l’afro beat de Fela Kuti... » Le festival n’hésite pas à innover, en osant en 1991 à Saint-Denis une soirée rap alors qu’il sentait encore le souffre : à l’affiche IAM, le Jamaïcain Shinehead et le Suprême NTM, quelques mois avant la sortie de leur premier album. Chaude soirée...
Actions musicales
Mais Banlieues Bleues, ce sont aussi les Actions musicales, où de grands musiciens font faire de la musique à des amateurs, des collégien·ne·s qui n’ont jamais touché un instrument ! Manu Dibango a ainsi joué sur scène avec des enfants, Art Blackey a mené des master-class à Sevran... Des collégien·ne·s de La Courneuve sont même parti·e·s à New York pour un échange et jouer sur scène avec de jeunes Américain·e·s le spectacle Subway Moon créé pour eux par Roy Nathanson !
Depuis 2006, Banlieues Bleues a son lieu, la Dynamo à Pantin, première salle en France construite spécialement pour le jazz et les musiques improvisées.
Un espace de diffusion mais aussi de création avec 3 studios de qualité. Xavier Lemettre affirme : « En 40 ans, la musique a changé. Elle ne rentre plus dans les cases jazz, blues etc. Les musicien·ne·s revendiquent de multiples influences, expérimentent sans cesse. Et c’est toujours à Banlieues Bleues ! »
En 1983, à Saint-Denis lors de la première édition de Banlieues Bleues, Nina Simone sort de scène et est félicitée par Miriam Makeba qui va donner le deuxième concert de la soirée. Guy Le Querrec, grand photographe de l’agence Magnum était là pour saisir l’instant...
Première photo : Manu Dibango qui communique son enthousiasme aux enfants lors d’Action musicales

Libres comme le jazz
Jusqu’au 21 avril, le festival Banlieues Bleues fête ses 40 ans. Si l’affiche rend hommage aux anciennes stars du jazz qui sont y sont passées, la programmation présente un foisonnement de styles, de tendances, de croisements de genres, les musiques d’aujourd’hui et même de demain.

50 ans de magie et d’exigence au Conservatoire d’Aubervilliers-La Courneuve
Le « Conservatoire à Rayonnement Régional 93 » qui propose des formations en instrument, danse et théâtre, fête cette année un demi-siècle. Renommé « CRR 93 - Jack Ralite » en mémoire de l’ancien maire d’Aubervilliers, ce lieu démontre une fois de plus que la banlieue regorge de talents.

CAP 2030 : 50 millions d’euros pour la culture, l’art, le patrimoine
La culture était à l’ordre du jour de la séance du Conseil départemental vendredi 10 mars avec le vote de "CAP 2030", le Plan Culture, Art et Patrimoine 2030. Un plan d’investissement de 50 millions d’euros sur sept ans.

Suzanne Citron, l’historienne qui donne son nom aux Archives départementales
Le 8 mars, à l’occasion de la Journée des droits des femmes, le nom de cette historienne a été donné au bâtiment des Archives départementales de Bobigny. Enseignante à Paris XIII-Villetaneuse à la fin des années 70, elle fut l’une des premières à questionner la construction de faux mythes nationaux type « Nos ancêtres les Gaulois ».