Entreprendre Cyclisme Pantin

Avec Mandarine, un zeste de Seine-Saint-Denis sur le Tour de France

C’est à Pantin que sont fabriqués une grande partie des drôles de chars de la caravane qui précèdera, chaque jour jusqu’au 24 juillet, le peloton des 176 partants de la Grande Boucle. Des véhicules hors-normes mais aussi très sécurisés pour préserver la santé des hôtes et des hôtesses juchés sur ces drôles de char. Presque cinq mois d’un patient travail réalisé dans le 93.

« Quand on sort notre caravane pour rejoindre la route du Tour, c’est toujours l’effet « whaouh » assuré auprès des enfants des écoles alentour ! » Dans le quartier très paisible du quartier du Petit-Pantin-Les Limites, les chars de la caravane du Tour de France ne passent, en effet, pas inaperçus lorsqu’ils sortent de l’Atelier Mandarine. Un peu plus de 700 mètres carrés où on invente les véhicules les plus fous de la caravane de la Grande Boucle dont l’édition 2022 s’élance depuis Copenhague au Danemark. Cette année encore et depuis 2011, c’est dans ce coin de la Seine-Saint-Denis que durant tout l’hiver, on dessine, scie, soude, visse, peint, décore les drôles de chars aux couleurs de différents sponsors qui vont au cœur de l’été faire la promotion de nombreux produits sur les routes de l’Hexagone, précédant le peloton des coureurs.

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Si bien que la cour de l’Atelier Mandarine est l’hôte de toutes les audaces publicitaires. Le jour de la visite de Seine-Saint-Denis le Magazine, les équipes de Benoît Maugrion, le fondateur de l’atelier en 2009, dévoilent ainsi deux verres de plus de deux mètres de hauteur qui trinquent à la santé d’une célèbre marque de bière sans alcool qui distribuera chaque jour sur les routes du Tour, 10 000 échantillons de son breuvage au citron ou à la framboise.

Un vrai travail d’artisan réalisé dans le 93

Venu observer le lancement de son « bébé roulant » composé d’une caravane de six véhicules représentant presque 200 mètres d’envergure au total, Philippe Collinet, le directeur de la communication du brasseur se réjouit de l’œuvre très colorée qui lui est présentée : « Pour notre marque, participer à la caravane du Tour de France correspond à notre idée de monter en puissance sur notre nouvelle gamme de produits. Alors, on s’est entourés des meilleurs en travaillant avec l’Atelier Mandarine. Ce qu’ils réalisent à Pantin est à la fois très sérieux en termes de sécurité, mais aussi de créativité. C’est l’assurance d’une caravane qui va vraiment rester dans le souvenir des spectateurs du Tour... »
Et pour un sponsor, il y a de quoi se frotter les mains puisque chaque année, l’organisateur du Tour de France chiffre à environ 12 millions, le nombre de personnes amassées sur les bords des routes avant le passage du peloton. « D’ailleurs, presque un spectateur du Tour sur deux vient avant tout voir la caravane, davantage que les coureurs, assure Benoit Maugrion, le patron de l’atelier pantinois. Lequel construit grosso modo un tiers des véhicules de la caravane du Tour cette année. "Un vrai travail d’artisan, détaille-t-il. A partir de dessins en 3D, on va découper la cabine d’un camion, retirer le toit. Et adapter ensuite notre création aux désirs du client. »

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De quoi concocter des chars évènementiels de six mètres de long, deux mètres de large, trois mètres de hauteur, les côtes standard pour bien attirer le chaland.
Pas n’importe comment cependant. Une trentaine de personnes s’activent à Pantin durant l’hiver et au printemps pour faire en sorte que les véhicules qui rouleront à allure modérée sur le parcours du Tour répondent à toutes les contraintes de sécurité établies par le cahier des charges de l’organisateur du Tour, la société ASO. Benoit Maugrion toujours : « Il faut parer, par exemple, à tout freinage un peu brusque en disposant de la mousse un peu partout sur la plateforme de nos véhicules pour que nos hôtesses ne finissent pas avec des bleus partout, même si elles sont évidemment harnachées. »

Le Petit-Pantin, un bon terrain d’entraînement

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Et pour le confort de Capucine, l’hôtesse qui distribuera à tour de bras des échantillons de bière sans alcool, l’accès à la gigantesque glacière réfrigérée a également été étudié avec des ergonomes afin d’éviter tout risque de troubles musculo-squelettiques. Car, devant les coureurs du Tour, il faut que l’intendance suive pour éviter de bouchonner le peloton. Pendant le Tour, une équipe de Mandarine suit ainsi la caravane, prête à bichonner, réparer la quarantaine de véhicules de sponsors préparés à Pantin. « En fait, il y a toujours quelque chose à faire après l’étape parce qu’un chauffeur, même excellent, peut avec la fatigue accumulée finir par accrocher un char dans un virage ou rayer la peinture sur une route un peu étroite, raconte le fondateur de Mandarine. D’ailleurs, ça nous est arrivé une fois : un de nos chauffeurs s’était engouffré dans un tunnel d’une hauteur de 2 mètres. Mais, ça ne passait pas et il avait décapité toute la décoration. Un vrai carnage ! »
Plus de peur que de mal cependant et puis les équipes de Mandarine ont l’avantage au Petit-Pantin de disposer d’un bon terrain d’entraînement avec quelques rues à l’image de la dénomination du quartier...

Frédéric Haxo
photos : ©Franck Rondot

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