Avec Biicou, longue (seconde) vie aux poussettes
Proposer en ligne des produits de puériculture, en particulier des poussettes, moins chers et plus écologiques que le neuf car issus du reconditionnement : tel est le défi que se sont lancés les deux jeunes entrepreneurs Yann Spigolis et Harold Martin à travers leur start-up Biicou. Reportage dans leur atelier de Villetaneuse.
Système de direction, fiabilité du châssis, qualité de construction… Harold Martin est incollable et intarissable : la mécanique, c’est son dada, il pourrait en parler durant des heures. Mais contrairement aux apparences, il n’est point question ici de voitures ou de motos mais de… poussettes. Avec son associé Yann Spigolis, ce jeune entrepreneur a créé il y a un peu plus d’un an la start-up Biicou (dont le nom vient de « bicou », qui signifie « minot » en niçois), qui reconditionne des produits de puériculture, pour l’heure essentiellement des poussettes, et les remet en vente à l’état neuf sur son site internet (biicou.com). « Nous sommes en quelque sorte - toutes proportions gardées - le Back Market (spécialiste français de la revente de produits électroniques reconditionnés en ligne) du matériel pour bébé et jeunes enfants, résume Harold. Tous nos produits sont révisés, nettoyés, désinfectés, soumis à un contrôle qualité très strict et livrés dans toute la France dans des emballages en carton garnis de papier kraft pour caler les pièces plutôt que du film bulle qui, lui, n’est pas recyclable. A l’arrivée, nos clients achètent un produit quasi neuf au prix d’une seconde main. » Les tarifs sont conformes à la démarche, à mi-chemin entre un produit d’occasion vendu par exemple sur Leboncoin et un produit neuf en magasin.
L’idée de créer Biicou a germé à la fin de 2020 après qu’un couple d’amis qui attendaient un enfant eurent élaboré une liste de naissance sur laquelle figurait uniquement des cadeaux de seconde main dans le but de préserver la planète. « L’occasion, c’est bien mais quand il s’agit d’un cadeau, il faut que celui-ci soit emballé, bien présenté et puisse susciter si possible le même effet ‘’waouh’’ que s’il provenait d’un magasin, estime Harold. Avec Biicou, on veut que les consommateurs oublient qu’il s’agit d’un produit qui a déjà servi. » Pour leur petite affaire, les deux associés, anciens ingénieurs packaging chez L’Oréal, se sont très vite tournés vers l’univers de la puériculture dont les articles ont une durée de vie bien plus longue que leur durée d’utilisation. « La question de la consommation responsable était capitale dans notre démarche, poursuit le start-upper. Aujourd’hui, 99 % des poussettes, qui sont composées d’acier, d’aluminium, de plastique et de caoutchouc, sont fabriquées et assemblées en Chine, ce qui n’est pas terrible pour l’empreinte carbone. »
« Vérifier que la poussette n’a pas été volée »
L’atelier de cet acteur de l’économie circulaire est situé dans la zone industrielle de Villetaneuse. A l’intérieur, les étagères sont remplies de poussettes, certaines sont complètement désossées, d’autres paraissent flambant neuves. Sur une des deux plateformes élévatrices, Adil vient de nettoyer - à la vapeur, pour éviter de consommer trop d’eau – toute la partie textile d’une poussette Yoyo (modèle fétiche des citadins fabriqué par la marque Babyzen). Son attention se porte ensuite sur les roues, qui ont l’air de poser problème. « Comme les voitures ou les motos, les roulements des poussettes ont tendance à accumuler des saletés qui nuisent à leur bon fonctionnement, ce qui crée un grippage », explique doctement ce jeune en alternance, qui suit en parallèle une formation « assistance technique d’ingénieur ».
Avant de passer par la case atelier et d’être exposé sur le site en ligne, chaque modèle de poussette, racheté à des professionnels (modèles d’expo notamment) et des particuliers, est passé au peigne fin. « Si le produit est conforme à la description faite par le vendeur, qui a juste à remplir un formulaire, on lui fait une offre, détaille Harold. Mais au préalable, on demande une pièce d’identité pour vérifier dans notre registre de police que la marchandise n’a pas été volée. Le recel de vol représente pour nous un enjeu capital. » Si leur affaire marche - les deux fondateurs n’en vivent pas encore -, ils élargiront leur cercle à tous les produits de la puériculture : transat, lit parapluie, siège auto, chaise haute, table à langer, baignoire, porte bébé, draisienne et jouets. « On souhaiterait aussi disposer d’un kiosque en cœur de ville pour faire de la réparation ponctuelle », signale Harold. Poussettes et motos, même combat.
Grégoire Remund
Photos : ©Nicolas Moulard
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