Aulnay vient fêter et consoler Moussa Sissoko
Lundi 11 juillet, un jour après une finale malheureusement perdue, Moussa Sissoko a été reçu à Aulnay, la ville qui l’a vu grandir. Le gamin de la Cité des 3000, auteur d’un très bel Euro, a été acclamé par environ 300 Aulnaysiens, fiers de partager ce moment avec lui.
Il fallait parfois se souvenir du score de la finale, lundi, devant l’Hôtel de ville d’Aulnay-sous-Bois. Car à voir le parterre d’habitants attendant patiemment l’arrivée de Moussa Sissoko, l’enfant du pays, on aurait aisément pu croire que les Bleus avaient gagné.
Quelque 300 habitants ont en effet fait un triomphe au joueur de l’équipe de France, natif du Blanc-Mesnil mais qui a grandi à Aulnay, dans la cité de la Rose des vents.
Le grand milieu de terrain de 27 ans, auteur d’une prestation des plus abouties lors de la finale au Stade de France, avait quoi qu’il arrive prévu de passer par sa ville de toujours après la traditionnelle réception à l’Elysée. Pour lui, l’Aulnaysien pur jus, biberonné au football de l’Espérance Aulnaysienne puis du Red Star de Saint-Ouen, il n’y avait visiblement rien de plus normal que de faire un crochet par la Seine-Saint-Denis.
Dans la foule composée de curieux, d’amoureux du foot et de beaucoup d’amis directs, on dresse le portrait d’un homme discret, généreux, resté proche des lieux de son enfance. « C’est super de la part de Moussa d’avoir pris le temps de passer aujourd’hui, mais ça ne m’étonne pas : c’est quelqu’un qui n’a pas oublié d’où il vient », témoigne ainsi Mohamed Bouachir, l’un des dirigeants de l’Espérance Aulnaysienne, club des débuts de Moussa Sissoko. Apparemment, le joueur de Newcastle (mais qui pourrait bien avoir des offres très alléchantes après son Euro de haute volée) avait déjà pour habitude de se ressourcer auprès de ses proches dès que sa carrière le lui permettait. « Il passe assez régulièrement à l’Espérance, continue Mohamed Bouachir. Je me souviens d’une fois où il devait rentrer en Angleterre pour rejoindre son club, il a quand même pris le temps de signer des autographes sur les crampons des gamins du club qui étaient aux anges. Et je pense d’ailleurs qu’une partie de sa force sur le terrain provient de son humilité et de sa fidélité à ses amis de toujours. »
Un peu plus loin, Adrien Gasmi et Djamel Dib, ami d’enfance du Franco-Malien pour l’un, connaissance de la famille pour l’autre, ne disent pas autre chose. « Etre resté proche de sa famille, de son enfance, ça lui donne de la stabilité, de la sérénité », remarquent-il. Pas surpris de la visite de leur pote de toujours, les deux compères ne le sont pas plus du niveau affiché par Sissoko durant cet Euro. « Je le connais depuis tout petit et je sais de quoi il est capable. C’est pour ça que je ne suis absolument pas étonné par sa finale. », estime Adrien Gasmi, devenu de son côté international de futsal et sacré champion de France cette année avec le Sporting Club de Paris. « Moussa, les médias l’ont souvent qualifié de pompier de service, de roue de secours, mais là il a clairement pris une autre dimension. Maintenant, tout ce qu’on lui souhaite, c’est de signer dans un grand club qui lui donne l’opportunité de jouer la Ligue des Champions », complète Djamel Dib.
Mohamed Bachir lui non plus n’est pas étonné de l’épaisseur prise par le grand Moussa au cours de cette compétition. « Moussa, c’est un bosseur, un peu à l’image de Didier Deschamps quand il était joueur, affirme-t-il. Déjà gamin, il faisait du rab. Après les entraînements en club, il enchaînait souvent par une partie dans les city-stades. C’est quelqu’un pour qui les valeurs travail et abnégation signifient quelque chose. »
Pour patienter, la jeune sœur de Moussa Sissoko, Nanou, s’empare du micro et surmonte sa propre timidité pour mettre l’ambiance. « Et un Soko, et deux Soko… et Sissoko » Les gamins attendant fébrilement les autographes reprennent en choeur, enchantés.
Finalement, le héros du jour arrive et se fend d’un discours, simple et sincère. « Je suis très touché que tant d’entre vous soient venus. J’aurais aimé venir avec le trophée mais ça n’a pas été possible. J’espère que l’on fera mieux dans deux ans, pour la Coupe du Monde », explique le local de l’étape avant de descendre les quelques marches de la mairie pour un véritable bain de foule. Fidèle à sa réputation, il a aussi prévu de passer plus tard à la Rose des Vents, pour y voir d’autres connaissances. On serait même tenté de parier qu’il ne dirait pas non à un petit défi en city-stade...
Cinq questions à Moussa Sissoko
Ca vous fait quoi d’être accueilli ainsi par votre ville ?
"Forcément, ça fait chaud au coeur. Je suis d’ici, j’ai grandi ici et c’est toujours une fierté de revenir à Aulnay. Pas mal des gens ici présents, je les vois assez régulièrement, dans la mesure où je viens souvent à Aulnay. Mais là c’est quand même spécial, c’est après un Euro réussi, même si j’aurais aimé revenir avec la coupe. Malheureusement, ça s’est passé autrement."
Revenir à Aulnay c’est apparemment important pour vous ?
"Oui, j’y ai encore énormément d’amis, de la famille. Aulnay, ça réprésente tout pour moi : ma ville, mon enfance, c’est là où j’ai fait mes premiers pas, où j’ai commencé à toucher le ballon (à l’Espérance Aulnaysienne, ndlr). Après, je suis parti à Toulouse puis à l’étranger (Newcastle), mais la base, c’est Aulnay. J’espère que dans les années à venir, d’autres jeunes connaîtront le même parcours, ou même en mieux."
Quel bilan faites-vous de l’Euro et de votre prestation individuelle ?
"Personnellement, je suis content de mon tournoi. Sur les premiers matches j’étais remplaçant et au fur et à mesure j’ai joué de plus en plus. J’ai fini fort sur les 3 derniers matches. Lire dans la presse que j’ai été le meilleur joueur de la finale, c’est flatteur, mais je ne vais pas non plus m’enflammer. Je sais comment sont les médias : un jour à vous porter aux nues, et le lendemain plus bas que terre. Maintenant j’aurais aimé finir avec ce titre..."
Qu’est-ce qui vous a manqué ?
"De mettre ce but clairement. Dimanche, on a eu pas mal d’occasions, mais on n’a pas su les concrétiser. On fait un bon match mais dans une finale, malheureusement, on ne retient que la victoire. J’espère que dans deux ans, je me représenterai ici à Aulnay, mais cette fois avec la Coupe du Monde."
Lors de la finale, il y avait aussi un Blanc-Mesnilois sur le terrain, mais il jouait pour le Portugal : c’est Raphaël Guerreiro. Cela prouve que la Seine-Saint-Denis possède de bons clubs formateurs ?
"Oui, ça prouve en effet que la Seine-Saint-Denis a de très bons joueurs. Et on espère qu’il y en aura d’autres. Il faut vraiment se donner à fond, mais pas que dans le football, dans les études aussi. Ici, on a des talents à tous les niveaux. Il faut que chacun travaille dur pour essayer d’arriver le plus haut possible."
Propos recueillis par CL
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