Au cœur du troupeau de Bisons de Neuilly-sur-Marne
Mercredi 28 mars, face à Brest, l’équipe première de hockey sur glace de Neuilly-sur-Marne s’est replacée dans la course vers la finale des play-offs de D1, le 2e meilleur niveau national. L’occasion de faire un focus sur ce club à l’ambiance familiale, qui mêle accents d’ici et d’ailleurs.
« Si on pensait pas être capable d’aller en finale, on serait pas sur le glaçon » L’accent québécois du capitaine Maxime Dubuc, natif de Montréal mais 7 ans de Bisons derrière lui, se détache sur le fond de musique techno qui passe dans le vestiaire des locaux. Dans la patinoire municipale de Neuilly où évoluent les Rouge et Noir, les sourires sont de sortie : les Bisons viennent d’étourdir les Albatros de Brest 5-3, se relançant ainsi dans la série au meilleur des 5 matches qui doit décider du sort de cette demi-finale de D1. Entre temps, également victorieux jeudi soir (3-1), les Nocéens sont même revenus à égalité 2-2 dans la série et défieront une Brest une dernière fois dans un match qualificatif pour la finale, dimanche sur la rade.
Même analyse et mêmes sonorités canadiennes chez Franck Spinozzi, l’entraîneur charismatique de cette équipe rugueuse mais joviale : « Depuis le début des play-offs, on a un proverbe qui est « vivre une autre journée ». Je suis content de mes joueurs parce qu’ils l’ont appliqué. Ce soir, je retiens avant tout nos qualités en désavantage numérique. On a des joueurs frais qui sont capables de mettre beaucoup de pression dans notre petite patinoire. Autant s’en servir. » Le « coach » canadien ne perd évidemment pas de vue l’objectif final – à court terme, ce club de quelque 320 licenciés, qui a connu le plus haut niveau pour la dernière fois en 2011-2012, espère bien retrouver la Ligue Magnus – mais ce soir, il fait dans le « carpe diem ».
Ce mercredi soir, la petite patinoire de Neuilly aura donc vécu une rencontre comme elle les aime : un match qui a alterné présence physique et prouesses techniques, une poignée de soufre et une pincée de sel. Après un premier tiers-temps maîtrisé, bouclé sur le score de 1-0, on avait vu les regards des spectateurs nocéens se troubler légèrement à l’égalisation des visiteurs brestois. Avant de s’illuminer comme un été indien sur une réalisation d’un autre « Canadian boy » de l’équipe, le virevoltant Massimo Lamacchia.
2-1 à la fin du deuxième tiers-temps. Le regard de Christophe Devèze est lui des plus sereins. « On va le faire. On va aller chercher ce quatrième match. » Le président des Bisons affûtés, le club de supporters créé en 2010 qui réunit une trentaine d’adhérents, a toute confiance dans la grinta de son équipe. « Cette année, on sent l’envie, ils nous l’ont déjà montré à Briançon (club que les Bisons ont éliminé en quarts de finale des play-offs alors qu’ils étaient menés 2-0 dans la série de 5 matches) », explique ce passionné qui effectue même la majorité des déplacements. « Ceux jusqu’à quatre heures de route, même s’il nous arrive de faire plus ». Le hockey, cet habitant de Montfermeil est tombé dedans un peu par hasard, quand un de ses amis l’a emmené en vacances voir un Gap-Briançon à l’occasion du Tournoi des Alpes. « L’impact, la rapidité du jeu, tout m’a plu », souffle ce supporter dans l’âme qui sait pourtant tout juste patiner. L’ambiance à Neuilly a achevé d’en faire un mordu : « Ici, c’est un club pro, mais familial. Ca reste une patinoire municipale, on a vite fait de connaître tout le monde, ce qui est super sympa. »
Le buzzer sonne la fin des confidences. Reprise des débats pour l’emballage final : Neuilly place un magnifique contre conclu par Guillaume McSween, qui finit dans les cages bretonnes. 3-1. Problème : dans un match musclé, marqué par les contacts, les Bisons n’arrivent pas complètement à faire le break. A 2 minutes de la fin, Brest revient même à 4-3 à la faveur d’une de ses rares supériorités numériques bien exploitées. « Là, ça va être chaud », réagit à côté de nous Cindy Imbert. Cette joueuse de Neuilly-sur-Marne et ancienne de l’équipe de France craint un money-time compliqué. Car oui, les Bisons ont aussi des équipes féminines : les femmes seniors évoluent en Elite. Cindy, elle, a même poussé plus loin puisqu’elle joue carrément avec les garçons en Excellence, où le contact est autorisé à la différence du hockey féminin. Sa clavicule gauche vient d’ailleurs d’en faire les frais : son bras en écharpe l’empêche d’applaudir à tout rompre derrière ses chers Bisons. « Bon, c’est la loi du genre. Jouer avec les garçons ne m’a jamais fait peur. Forcément, pour une fille, il faut évoluer sur un autre registre que la force physique, mais ça me plaît. Et puis, ça en fait taire certains », témoigne cette prof d’EPS au civil.
Et puis tout à coup, les visages à l’affût des Bisons affûtés se détendent : sur l’action qui suit la réduction du score des visiteurs, Andrew Wigginton met les locaux définitivement à l’abri (5-3). Les Brestois, qui avaient tenté un coup en remplaçant leur gardien par un 6e joueur de champ, ont joué et ont perdu : les voilà bons pour un 4e match. De l’autre côté de la patinoire, on voit Franck Spinozzi taper dans les mains de ses joueurs. Comme on dit du côté du Saint-Laurent ou de la Marne : « tout donner pour vivre une autre journée »…
Christophe Lehousse
Photos : @Sylvain Hitau
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