Au Stade de France, le match contre la Covid est lancé
Mardi 6 avril, le méga-centre de vaccination du Stade de France a ouvert ses portes. On y prévoit dans un premier temps 10 000 doses par semaine pour accélérer la campagne de vaccination. La moitié des créneaux ont été réservés aux habitant·e·s de la Seine-Saint-Denis, département durement touché par la pandémie et dont certain·e·s rencontraient jusqu’à récemment des difficultés d’inscription. Reportage.
Derrière son masque, Abder est visiblement plus détendu qu’avant la vaccination. « Enfin ! Ca fait un an que je nageais dans un stress énorme. Et là, sans vous mentir, quelques minutes après l’injection, j’ai déjà 50% de la tension en moins. Je sais qu’il faut continuer à faire attention, même avec le vaccin, mais franchement, quel soulagement ! »
Assis sur une des chaises de la « zone de surveillance » au sous-sol du stade de France – 15 minutes de contrôle après l’injection pour s’assurer que tout va bien - cet habitant de Drancy prend le temps de raconter un peu sa recherche de vaccin avant l’ouverture du méga-centre au Stade de France, ce mardi 6 avril. « Avant aujourd’hui, c’était franchement compliqué. J’ai tenté très souvent de m’inscrire via Doctolib près de chez moi, mais aussi plus loin en Ile-de-France et il n’y avait jamais de créneau. Là, c’est formidable, ça a marché en une seule fois. », raconte ce sexagénaire que son diabète rendait toutefois déjà éligible à la vaccination (pour rappel, sont éligibles pour le moment à la vaccination les personnes de plus de 70 ans ainsi que toutes les personnes ayant des pathologies graves).
Un peu plus loin, Isabelle, 57 ans, classée personnel prioritaire du fait de son travail dans une association de protection de l’enfance, dit elle aussi sa satisfaction : « Ce méga-centre, c’est une bonne initiative. C’aurait même déjà dû être fait avant, mais je sais bien qu’on est limité par l’arrivage des doses... », remarque cette habitante de Noisy-le-Sec, qui dit n’avoir rien ressenti de son vaccin Moderna.
Autour de tous ces candidats au vaccin - ils étaient estimés à 1 000 en ce mardi d’ouverture et devraient atteindre les 10 000 ce samedi – c’est toute une ruche qui s’active. Car ce méga-centre – le deuxième en Ile-de-France après le vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines - est le fruit d’une collaboration entre de nombreux acteurs : ARS Ile-de-France, préfecture, mairie de Saint-Denis, Département, brigade des Sapeurs-Pompiers et Croix-Rouge. Chacun intervenant à un stade différent du processus de vaccination.
Pfizer et Moderna
Après être descendu dans les entrailles du stade de France – oui, pour la pelouse qui a vu les exploits de Zidane and co en 1998, c’est raté - c’est l’accueil où l’on vérifie votre rendez-vous. Vous êtes ensuite contrôlé par un infirmier qui s’assure qu’il n’y a pas de contre-indications à la vaccination (antécédents d’allergie ou fièvre récente). Après quoi, la piqûre se fait sous un barnum – à gauche Moderna, à droite Pfizer (les deux vaccins proposés au Stade de France même si le Pfizer était déjà écoulé pour cette semaine)- vaccins effectués par les sapeurs pompiers de Paris ou des étudiants infirmiers de la Croix-Rouge. « Ca va, ça a bien démarré. Et pour nous, étudiants infirmiers, c’est une bonne expérience », expliquait Chloé, l’une des 50 étudiantes en 2e année mobilisés par la Croix-Rouge sur cette opération.
Et puis, il y a la partie non visible de l’iceberg, celle que les vaccinés n’auront pas vu, mais pour une partie d’entre eux entendu. Deux étages plus haut se trouve en effet la plateforme téléphonique du méga-centre, mise sur pied expressément par le Département. Pour compenser le déséquilibre observé depuis l’ouverture de la campagne de vaccination concernant les inscriptions d’habitants de Seine-Saint-Denis, la moitié des créneaux ont en effet été bloqués pour ces derniers via un numéro dédié (le 01 43 93 78 77, voir plus bas) « Nous avons constaté que quand il y avait exclusivement les plateformes type Doctolib pour s’inscrire, les habitants du département avaient parfois plus de difficultés, du fait notamment de la fracture numérique. Ce centre d’appels - qui emploie du reste 50 étudiant·e·s du Département - est là pour faciliter leur prise de rendez-vous. », détaillait le président du Département Stéphane Troussel qui se réjouissait globalement de l’ouverture de ce méga-centre : « C’est une bonne nouvelle. Certains ont pu craindre que des centres de proximité ferment au profit de ce stade. Il n’en est rien. Ce méga-centre vient s’ajouter aux 25 autres qui continuent d’exister sur le territoire. » Seule l’Auberge de Saint-Denis, centre de vaccination jusqu’ici, est transféré au Stade de France, mais les rendez-vous qui y avaient été pris sont maintenus dans le nouveau méga-centre. De son côté, le préfet de Seine-Saint-Denis annonçait lui l’ouverture de « deux autres centres dans le département dans les semaines qui viennent . »
Donner du sens
Deux volées de marche, et voici donc la plateforme téléphonique opérée par les 50 étudiants – et recrutés en CDD dans le cadre du Plan rebond 2 du Département qui entend lutter contre les conséquences sociales de la crise sanitaire. L’ambiance studieuse y contraste avec l’agitation de la zone vaccination. Emmanueline, 28 ans, vient d’aider un habitant de Villemomble à valider son enregistrement sur Doctolib pour le jour même. « C’est un job qui me plaît. Utile financièrement pour moi qui ne suis pas boursière, mais surtout qui a du sens. Face à cette pandémie, je voulais participer à quelque chose de grand, qui ait un véritable impact. Je l’ai trouvé je pense », dit cette étudiante en philosophie à Paris-8 qui a embauché à 10h et quittera le Stade de France à 18h, avec une heure de pause déjeuner. Dans un box à côté, Alpar, 25 ans, retient lui aussi avant tout la dimension d’engagement : « Si je peux aider les personnes en état de fragilité et participer à un geste de solidarité, c’est parfait. Et à moi aussi ça me fait du bien, au sens où je me sens utile ! Bien sûr, la situation a aussi été dure pour nous étudiants, mais je ne vais pas me plaindre. L’important est de s’en sortir collectivement », fait valoir cet étudiant en double licence éco-gestion et sociologie à Paris-8-Saint-Denis. Le collectif, une notion qui résonne forcément dans cette enceinte.
Pour s’inscrire :
– Numéro de la plateforme d’appel (dédié aux habitants de la Seine-Saint-Denis) : 01 43 93 78 77.
– Pour les habitants hors Seine-Saint-Denis, suivre la voie classique par doctolib.
Merci aux personnes ayant obtenu un rendez-vous de se présenter en porte G du stade.
Photos : ©Nicolas Moulard
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