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Au Joli Mai, fais ce qu’il te plaît

Soutien scolaire, ateliers scientifiques et artistiques, cours d’alphabétisation, aide administrative, écrivain public, ciné-rencontres, soirées jeux, concerts, débats… Ouvert il y a cinq ans tout juste sur la place du 8-Mai-1945 à Saint-Ouen et animé par une armée de bénévoles, le café associatif Le Joli Mai propose aux habitants de la ville un large éventail d’actions ludiques et solidaires dont le but est de favoriser le vivre-ensemble. Reportage.

Maxime, élève de CM1, est un peu stressé. Dans deux jours, il a un contrôle d’histoire sur les peuples de l’Antiquité. « Il faut que je révise car je ne suis pas tout à fait prêt. Mais je sais qu’ici, je vais apprendre vite », confie le garçonnet. « Ici », c’est Le Joli Mai, un café associatif situé sur la place du 8-Mai-1945 à Saint-Ouen qui dispense quatre fois par semaine (les lundi, mardi, jeudi et vendredi) des ateliers d’aide aux devoirs aux enfants de l’école élémentaire Alexandre Bachelet, moyennant une cotisation annuelle de 15 euros. « On va les chercher à l’école qui est à deux pas, on les fait goûter et on leur apporte du soutien scolaire durant une heure », explique Odile, coordinatrice et unique salariée du lieu. Dans la salle, qui jouxte le bar, neuf enfants sont inscrits cet après-midi là. Deux bénévoles animent la session. « Nous ne sommes peut-être pas des professionnels de l’enseignement ou de la pédagogie mais les intervenants sont toujours disponibles et ont une grande capacité d’écoute, poursuit Odile. Le cadre est différent de celui de l’école ou de la maison, nous apportons un regard extérieur et faisons d’autres propositions. Le temps n’étant pas le même qu’en classe, nous pouvons nous permettre de passer du temps sur chaque enfant. Il nous est parfois arrivé de déceler des talents cachés chez des élèves rencontrant des difficultés scolaires. »

« Cantoche » les vendredi et samedi

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Au Joli Mai, qui fête en ce mois de décembre ses cinq ans d’existence - et qui vient d’être désigné lauréat de l’appel à projets d’économie sociale et solidaire de Plaine Commune -, l’aide aux devoirs reste une activité parmi beaucoup d’autres.
Le café associatif propose aussi, pêle-mêle, une assistance juridique et administrative, des ateliers artistiques et scientifiques, un café parents-enfants, un atelier de réparation vélo, des soirées jeux, des concerts, des débats, de grands événements festifs, etc. Lesquels sont animés par une flopée de bénévoles (environ 80) et des associations audoniennes partenaires. « On peut venir aussi tout simplement pour discuter, lire et travailler autour d’un café ou d’un déjeuner », précise Pauline, secrétaire générale de l’association Les Heureux, qui gère le lieu.
La restauration y est un volet important. Deux midis par semaine, le Joli Mai dégaine son dispositif « cantoche », des plats à prix bien placés mitonnés par la cheffe cuisinière Yanet (le vendredi) et des bénévoles (le samedi), « gastronomes éclairés ou simples amateurs d’expériences culinaires », indique le site web du café. « L’objectif d’un tel endroit est de créer du lien, des échanges, de l’entraide entre habitants du quartier qui s’ignorent parce que, issus de catégories socioprofessionnelles et de milieux différents, ils n’ont jamais eu l’occasion de faire connaissance », souligne Pauline. Il n’y a d’ailleurs qu’à consulter la liste des membres du conseil d’administration de l’association pour s’apercevoir que la mixité sociale n’est pas une chimère ou une utopie au Joli Mai. Un chef d’entreprise, une caissière, un fromager, une architecte, entre autres, s’y côtoient.

« Réoccuper l’espace »

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Pour Odile, le rôle d’une telle structure est aussi de redonner vie à une place gangrénée par le deal de stupéfiants depuis plusieurs années. « Au départ, ce café a été créé pour réoccuper l’espace à travers des projets citoyens, culturels et éducatifs », témoigne Pauline. Sortir de sa torpeur, en finir avec l’impuissance et la résignation afin de se réapproprier un quartier composé principalement de petites copropriétés et de maisons de ville, et déserté par les commerçants malgré la proximité de la mairie. « Le Joli Mai remplace un ancien bar laissé à l’abandon qui a été racheté par la municipalité », dévoile Odile. Convaincue par le projet de l’association, dont les membres fondateurs sont des parents d’élèves de l’école Bachelet, la Ville signe avec elle un contrat de bail. « En cinq ans, le projet a beaucoup mûri, on propose une belle palette d’activités, résume la coordinatrice. En 2022, on souhaite se rapprocher davantage du tissu associatif local car sans lui, on avancera difficilement. » La philosophie, elle, ne variera pas d’un iota : au Joli Mai, le consommateur peut facilement devenir acteur car toute idée sera toujours la bienvenue.

Photos : ©Sophie Loubaton

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