Judo

Après le Covid, l’Etoile du Blanc-Mesnil veut à nouveau briller

Astride, Cyrille, Guillaume, Madeleine, Margaux et Romane, judokas de l’Etoile Sportive du Blanc-Mesnil, savourent actuellement aux Ménuires, dans les montagnes savoyardes, un stage d’oxygénation, première étape de leur déconfinement. A peine serrée la ceinture de leur kimono, ils avouent une vraie soif de combats et une irrépressible faim de compétitions. Leur prochain rendez-vous international pourrait être, en novembre, les championnats d’Europe à Prague, initialement prévus en mai…

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Astride Gneto (-52 kg) – 3ème aux championnats du monde junior en 2014 et 2015 :

« Ah quel bol d’air frais d’être à la montagne ! Quel plaisir de retrouver mes camarades de l’équipe de France au milieu du ciel bleu et des montagnes bien vertes ! Pendant mon confinement, je me suis bien reposée en Corse, par chance, chez mes parents où j’ai pu faire, disons, facilement, de la préparation physique via des randonnées. J’ai pu faire du renforcement musculaire notamment au niveau du dos, beaucoup d’étirements. Résultat ? J’ai gagné en mobilité, un vrai plus à venir, sans nul doute, dans mon judo. Maintenant, je dois un peu freiner mon envie d’engagements, de combats, afin d’éviter une blessure… ».

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Cyrille Maret (-100 kg) – 3ème aux Jeux olympiques en 2016 :

« Quelle délivrance, le 11 mai, marquant la fin du confinement ! Quel bonheur de se retrouver tous ensemble, à la montagne, avec une vue à 360 degrés sur les montagnes de Savoie avec pas un chat en station ! Quel plaisir de se voir en réel après avoir été si près les uns des autres sans pouvoir se voir ! Comme la plupart de mes camarades, j’ai profité de ce confinement pour me reposer. Et j’en avais besoin ! Ainsi, j’ai pu soigner des vieux bobos (dos et épaule gauche), j’ai pu bien me reposer et passer du temps avec ma petite famille. En fait, comme nous sommes tout le temps partis deux semaines sur trois, nous étions dans un tourbillon dont nous n’avions pas vraiment conscience. Cette pause a été intéressante pour le réaliser, en évaluer les bons et mauvais côtés. Bien sûr, j’étais déçu de l’annulation des Jeux de Tokyo mais elle était légitime. En même temps, j’ai réfléchi sur ma préparation y menant. Et sans doute, y avais-je quelques failles... Maintenant, plus que jamais, j’ai envie de finir ma carrière sur un beau truc. une médaille.
Durant le confinement, j’ai pris 7 à 8 kilos. Résultat ? Je vais sans doute, ramer un peu pour les perdre en vue des championnats d’Europe. Mais d’ores et déjà, je suis prêt à mener ce combat, à livrer un max d’efforts dans tous les domaines pour optimiser cette année de bonus. En fait, ce repos forcé me fait revenir, moi le trentenaire, avec l’impression d’un corps et d’une tête tous neufs ! Et me voilà, affamé et pressé de pouvoir reprendre les combats… ».

Guillaume Chaine (-73 kg) – vice-champion du monde par équipes en 2019 :

« Certes, l’annulation des Jeux a été une déception pour tout le monde. Mais quelque part, elle est tombée à point nommé pour se reposer. Personnellement, pendant trois semaines, je n’ai rien fait. Je me suis rechargé en énergie : Dieu que j’en avais besoin ! Nous menons des vies de dingue sans marquer assez de temps, au final, pour du repos et de la réflexion ! Là, nous avons été bien servis (rire) ! Ainsi, j’ai pu profiter de ma femme et mes enfants (4 ans et 9 mois). Et j’ai pu tranquillement mener à terme ma réflexion sur ma fin de carrière. Au début, m’entraîner seul à la maison n’était vraiment pas très motivant. Les contacts avec les camarades et l’ambiance de travail me manquaient. Après des mois à travailler relâchement et étirements, je me sens, aujourd’hui, plus tonique, plus explosif, plus souple et plus mobile : franchement, je ne m’attendais pas à un tel résultat... Aujourd’hui, surtout, je suis content d’avoir un an de plus pour préparer les Jeux. Et, un an de plus, c’est rien ! Il me reste douze mois pour optimiser chaque jour et, sans doute, mettre en place des choses, dans ma préparation, auxquelles j’étais réfractaire comme, par exemple, le yoga afin de mieux gérer le stress, être plus relâché. Eh oui, en vieillissant, je m’ouvre… ».

Madeleine Malonga (-78 kg) – championne du monde en 2019 :

« Remettre mon ‘kim’, retrouver les copains, l’ambiance d’une équipe de France, d’un entraînement, d’une journée bien organisée avec des repas ensemble : que ce fut agréable ! En plus, dans un cadre superbe, au milieu des montagnes, tellement à des années-lumière de notre confinement, entre quatre murs devant notre écran d’ordinateur ! Certes, il fallait en passer par ce confinement vital, il fallait appliquer les gestes barrières et il fallait prendre du recul pour relativiser les priorités de notre vie. Cette longue pause m’a notamment appris la patience, qui n’était pas mon fort (rire) ! Je suis impatiente de voir quels vont en être les effets dans mon judo en compétition… »

Margaux Pinot (-70 kg) – 3ème aux championnats du monde en 2019 :


« Pour l’instant, nous faisons juste des petits combats légers afin d’éviter les blessures. Après un si long arrêt, bénéfique pour nous reposer, la prudence s’impose. Comme mes camarades, je suis impatiente de refaire des compétitions, notre raison de vivre. Pendant cette longue pause, j’ai pris le temps de me reposer et, surtout, le temps de réfléchir sur ma carrière : je ne les avais jamais pris. Et ils sont vraiment importants pour se situer, pour faire un bilan et mieux se projeter. La frustration passée, aussi, je me suis appliquée à effectuer des exercices de relâchement, plus nombreux et fréquents que d’habitude. D’ores et déjà, je me suis plus souple, plus déliée, impatiente d’en voir les résultats à long terme… ».)]

 

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Romane Dicko (+78 kg) – championne d’Europe en 2018 :

« Serrer ma ceinture, monter sur un tapis, le caresser avec les pieds, attraper le "kim" d’untel ou untel furent des plaisirs incroyables ! Mes doigts étaient impatients d’en serrer un : j’en avais marre de travailler, à la maison, avec un kimono accroché à un élastique. J’étais certes prête et qualifiée pour les Jeux de Tokyo 2020 mais comme je revenais d’un an et demi de blessures j’aurais sans doute été dans le bas de tableau. Donc ce fut un sentiment mitigé d’apprendre leur annulation. D’abord, une grande déception en me disant qu’il fallait que je me remette autant au boulot encore pendant un an. Puis, de jour en jour, je me suis habituée à cette idée en me disant que j’y serai, sans doute, encore plus forte... Maintenant, je suis focalisée sur les championnats d’Europe, décalés de mai à juin puis de juin à novembre. En fait, seules les compétitions nous tiennent en haleine, nous permettent de nous entraîner très dur. Sans compétition à l’horizon, il est toujours difficile de réussir à se mettre dans le rouge… ». 

Texte et photos : Sophie Greuil

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