Après Her, le chanteur Victor Solf se consacre à lui
L’ex-membre du groupe Her, dont le succès, en seulement un album, avait dépassé les frontières hexagonales, revient en solo avec l’EP (4 titres) Aftermath, sorti le 31 janvier. Un projet intimiste tout en piano-voix que le néo-Montreuillois a composé et enregistré en grande partie dans son appartement. L’album, lui, est prévu l’année prochaine.
Si Victor Solf vous donne rendez-vous dans le café-restaurant Les Pianos à Montreuil (26 rue Robespierre), ce n’est pas par hasard. Le piano occupe une place centrale dans le répertoire de ce musicien de 29 ans au physique de basketteur. « Tout part de cet instrument, il est la base de mon travail », précise-t-il. Avant d’entamer une carrière solo et de sortir "Aftermath" (Universal Music Division Neuve), son premier EP (4 titres), l’artiste originaire de Rennes – mais installé à Montreuil - a connu un succès fulgurant avec le duo Her (200 dates en France et 80 dans le monde en 2 ans), dont l’autre moitié, Simon Carpentier, est décédé des suites d’un cancer en août 2017. Malgré la disparition de son complice, Victor Solf avait tenu à sortir, quelques mois plus tard, l’album pour poursuivre l’œuvre commune jusqu’au bout. Le dernier concert du groupe a eu lieu il y a pile un an dans un Zénith de Paris plein comme un œuf. « L’heure était venue de passer à autre chose, j’avais besoin de connaître un nouveau défi, confie le chanteur à la voix suave. Aujourd’hui, je suis devant une page blanche. Mon nouveau projet va occuper toute ma vie durant ces prochaines années mais je ne suis pas stressé, je suis toujours parvenu à faire le vide autour de moi. »
Un appartement transformé en studio musical
Disponibles sur les plateformes musicales, comme Deezer ou Spotify, les titres de son EP - qui préfigure un album attendu en début d’année prochaine, sont teintés d’accents soul et gospel, à l’instar de ce que proposait Her en son temps. « Je qualifierais mon genre musical de New Soul dans la mesure où je ne me contente pas de restituer cette musique telle qu’elle était proposée dans les années 1960, je lui donne une touche moderne en intégrant des machines, je cherche à l’ancrer dans son époque. Et comme je ne veux pas qu’on m’enferme dans une case, je tente des combinaisons musicales. Mon but est de réussir à imposer ma patte, mon identité sonore pour me démarquer des autres. » Ses références vont de Ray Charles à Otis Redding en passant par Elton John, Aretha Franklin, Al Green ou encore Marvin Gaye.
Pour son nouveau projet, il s’est entouré, notamment, de deux surdoués du clavier, Guillaume Ferran et David Spinelli, anciens membres du groupe Griefjoy. Résultat : le style est épuré et les textes sont ciselés – tous d’ailleurs sont interprétés en anglais. « Il n’y a que cette langue qui est capable de magnifier la soul music, je ne me vois pour le moment pas du tout chanter en français », clame l’artiste. Pour donner plus de corps et d’émotion à l’œuvre, Victor Solf a enregistré les titres dans son appartement ou dans ceux des contributeurs. « Je n’ai pas mis une seule fois les pieds dans un studio, c’est un choix. Je cherche moins la perfection que l’émotion ou l’intimité, dit-il. Je voulais quelque chose de plus personnel, plus sobre et à la fois de plus direct. Chez moi, à Montreuil, je dispose de tout l’équipement nécessaire pour enregistrer un album. »
Un destin en Seine-Saint-Denis
Montreuil, c’est son nouveau « chez lui ». Il s’y est posé « sur les conseils d’amis musiciens » il y a un peu plus d’un an avec femme et enfant. « J’habite dans le quartier de la Croix-de-Chavaux et je m’y sens très bien. Avant d’aller vivre à Rennes, j’ai grandi dans le 20e à Paris. Ici, je retrouve l’ambiance du quartier de Belleville avec sa grande mixité sociale. » Quand il a un peu de temps libre, il arpente les nombreuses rues pavillonnaires, « calmes et sans voitures » de la ville, baguenaude au parc des Guilands, fait une pause chez le torréfacteur éthiopien du centre commercial de la Croix-de-Chavaux, achète sa baguette à la boulangerie bio autogérée La Conquête du Pain et se fait une toile au cinéma Le Méliès, « un vrai bonheur ». Mais de pointer : « Montreuil a un gros défaut : elle attire de plus en plus de Parisiens. »
De fait, tout portait à croire que le destin de Victor Solf s’écrirait un jour en Seine-Saint-Denis. Son premier groupe s’appelait The Popopopops, un nom qui fait référence au morceau Seine-Saint-Denis Style du groupe suprême NTM, dont il est ultra fan. Son style tranche en revanche de manière radicale avec les lyrics scandés par la bande à Joey Starr. Traffic Lights, le morceau phare de l’EP, parle d’évasion, avec un piano comme seul accompagnement musical. « J’essaye d’imaginer un monde loin de toute vie trépidante telles qu’on est amené à subir dans des capitales comme Paris ou New York. Cette chanson évoque le fait de ralentir. Chaque couplet est un tableau de moments très stressants, très durs de ma vie, que j’essaye d’oublier. En disant No More Traffic Lights, je ferme les yeux et je souffle un grand coup. »
Le chanteur confie n’avoir jamais eu peur du vide après Her. Et assure que ce succès survenu très (trop ?) rapidement ne lui est pas monté à la tête. « Je fais la part des choses entre mon métier et ma vie de famille, qui est tout aussi riche et remplie. Le risque de dérive intervient quand on ne parvient pas à dissocier ces deux mondes. Quand je rentre à la maison, je ne suis plus chanteur. Aujourd’hui, je me lance dans quelque chose de différent, et effectivement, c’est l’inconnu. Comment cet album va être accueilli ? C’est un mystère. Jamais on aurait imaginé que Her fasse un tel carton, ça a été une surprise énorme. Je me dois de rester le même que celui que j’étais à l’époque, faire profil bas. »
Grégoire Remund
Photos : ©Nicolas Moulard
Victor Solf se produira du 7 au 9 février au festival GeneriQ (le 7 à Mulhouse, le 8 à Dijon et le 9 à Belfort), le 28 mars au festival Chorus des Hauts-de-Seine et le 2 juin à la Gaîté Lyrique de Paris (le concert affiche déjà presque complet).
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