Anthony Mahoungou, du Flash de la Courneuve au rêve américain
Même s’il n’a finalement pas été conservé par les Philadelphia Eagles pour jouer en NFL, la meilleure ligue au monde, Anthony Mahoungou peut être fier du chemin parcouru. Ce joueur de football américain de 24 ans, formé au Flash de La Courneuve, est un exemple pour tous les jeunes de son club formateur.
(article écrit avant la décision finale des Philadelphia Eagles prise mardi 28 août de ne pas intégrer Anthony Mahoungou à son effectif de la saison régulière. A noter qu’un autre club de NFL peut encore se manifester d’ici dimanche pur faire signer le joueur. )
Saison faste pour le Flash de La Courneuve. Couronné champion de France en juillet dernier pour la 11e fois de son histoire, le club de foot américain a une autre raison de se réjouir en cette avant-saison : Anthony Mahoungou, une de ses anciennes pépites, formé au club, a la possibilité de devenir titulaire des Philadelphia Eagles, le champion en titre de la NFL (National Football League). La crème de la crème, pour n’importe quel joueur de foot américain au monde.
La décision doit tomber en fin de semaine, avant la reprise de la saison régulière, le 6 septembre. Pour l’instant, Anthony Mahoungou fait partie d’un effectif large de 90 joueurs qui intéressent la franchise de « Philly ». A la fin, il n’en restera que 53, et Anthony Mahoungou compte bien être de ceux-là. Celui qui joue au poste de receveur – un ailier chargé de capter le ballon sur passe du quarterback - ne compte pas ses heures pour réaliser son rêve ultime : entraînements spécifiques, séances tactiques et vidéo ultra poussées, le moindre détail compte. Lui qui a pour l’instant eu peu d’occasions de s’illustrer avec les Eagles en match de préparation pourrait avoir sa chance lors de la dernière rencontre de pré-saison, jeudi 30 août, face aux New York Jets.
Anthony Mahoungou en cadets, deuxième en haut à gauche
Au Flash, on ne tarit en tout cas pas d’éloges sur le chemin parcouru par le gamin de La Courneuve et on croise les doigts pour lui. « J’ai eu l’occasion de coacher Anthony quand j’étais coach de position en équipe de France et qu’il y était joueur. Et je peux vous dire que c’est un bonheur, se souvient Paul Durand, directeur sportif au Flash et ancien quarterback. Il donne toujours le maximum, il est intelligent dans ses déplacements, c’est un leader dans la parole et dans les actes ». « Ce serait tellement mérité qu’il rentre dans l’effectif de NFL, abonde Bruno Lacam-Caron, manager général des Jaune et Noir. « C’est un véritable athlète, doublé d’un super mec. Il est évidemment très pris, donc il ne rentre pas souvent. Mais quand il est là, il ne manque jamais de passer au club. L’année dernière, il a par exemple dirigé un entraînement. Pour les gamins, c’est un vrai exemple ». A fortiori s’il rentrait dans l’effectif définitif des Philadelphia Eagles... Anthony intégrerait alors un cercle très fermé : il ne serait que le 2e Français à accomplir cet exploit, derrière Richard Tardits (ex-joueur des New England Patriots). Car si Philippe Gardent ou Marc-Angelo Soumah, d’ailleurs passés eux aussi par le Flash, ont également signé dans des clubs de la NFL, ils n’ont en revanche jamais joué de saison régulière.
Si Mahoungou, grand gaillard d’1m90 pour 95kg, n’est pas franchement du genre à donner dans l’auto-satisfaction, il doit tout de même avoir un peu le vertige lorsqu’il se retourne sur son parcours : débuts au Flash à l’âge de 13 ans dans la section flag (jeu de touche avec un foulard à attraper), après avoir tâté du foot classique à l’AS Courneuvienne, et entrée dans le sport universitaire US à peine 6 ans plus tard. Comment le destin américain d’Anthony Mahoungou s’est-il forgé ? « Je pense qu’il s’est mis à y croire petit à petit. Le fait de voir que des membres du Flash évoluaient aussi à un moment donné en NFL Europe a dû y contribuer. Et comme c’est un bosseur, il n’a jamais lâché », se remémore Bruno Lacam-Caron. A 19 ans, ce jeune homme curieux du monde et organisé décide en tout cas de tenter le grand saut et passe l’Atlantique pour rejoindre une junior school à West Hills, en Californie. A peine 6 mois plus tard, il est repéré par la high school de Purdue dans l’Indiana où il connaîtra la voie royale américaine : le sport universitaire.
Et maintenant ? « Je ne me hasarderai pas à faire de pronostics sur ses chances de passer le cut. Ce qui est sûr, c’est qu’il n’y a que 1 % des joueurs universitaires américains qui atteignent la NFL, donc la concurrence est plus que rude. Mais c’est déjà exceptionnel d’en être arrivé là, et pour moi, il est capable d’aller plus loin », insiste Paul Durand. On peut certainement faire confiance à l’intéressé. « Mes chances sont infimes. Il y a beaucoup de concurrence à mon poste, car ils ont signé pas mal de vétérans. Mais bon, j’ai toujours réussi à battre les pronostics, donc ça ne me fait pas peur. », déclarait-il récemment à l’AFP. Toute une équipe de football américain poussera en tout cas derrière lui, du côté de La Courneuve.
Christophe Lehousse
Photos : Claude Colmar
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