Économie & Emploi Aubervilliers

Ambassadrice du numérique

Françoise Farag dirige Salvia développement, éditeur de logiciels professionnels basé à Aubervilliers. Ambassadrice de la marque #InSeineSaintDenis, elle explique les raisons de la croissance de son entreprise, son implication dans le territoire et auprès des jeunes. Interview.

Votre entreprise connaît un développement important. Comment l’expliquez-vous ?

Notre métier est de créer des outils informatiques de gestion du patrimoine immobilier, privé ou public. Ce qui prime, c’est l’analyse des besoins avec nos clients. Nous les faisons participer à l’évolution de nos produits. Le métier d’éditeur de logiciels, à l’inverse de celui d’une société de services en ingénierie informatique, c’est de concevoir un outil qui puisse s’adapter à la totalité de nos clients. Un logiciel Salvia pour grande entreprise comme Crédit agricole immobilier est exactement le même que pour un petit promoteur de haut de gamme comme Espacity. Nous fournissons des produits qui répondent à 80 % des besoins communs à l’ensemble des clients. Pour les 20 % restants, soit on dit on fera demain, soit on ne fera pas. Le client sait qu’une part de ses besoins ne sera pas couvert, mais qu’il bénéficiera de toutes les évolutions qui seront faites pour l’ensemble des clients, grâce à son contrat de maintenance. Nous assurons toute la chaine. Nous concevons, faisons évoluer avec nos clients, le marketing conçoit la mise en valeur de nos produits, nous recueillons les témoignages de nos clients (un élément de persuasion efficace). Ensuite notre équipe commerciale va au contact des clients et de nouveaux prospects, puis une équipe de consultants se rend chez le client pour installer et paramétrer la solution, former les clients. Et l’équipe assistante assure la maintenance de nos outils.

Vous avez également procédé à des acquisitions…

Nous avons racheté un petit concurrent de Tours sur le marché des promoteurs et qui nous a apporté son parc clients. Cinq collaborateurs ont rejoint l’entreprise mais sont toujours basés à Tours, nous ne délocalisons personne. Nous avons également racheté une société à Montpellier qui avait des logiciels d’état des lieux sur tablette et des logiciels de maintenance du patrimoine. Nous avons un module dédié au suivi de la dépense énergétique.
Pour ces deux acquisitions, les chefs d’entreprise partaient en retraite et voulaient s’assurer que leur collaborateurs ne se retrouveraient pas au chômage. Nous n’offrions pas la meilleure proposition financière, mais notre projet industriel les a séduits.

Vous incitez les jeunes à se diriger vers le secteur numérique, même s’ils n’ont pas un haut niveau de diplôme. Parfois, il leur manque aussi l’estime d’eux-mêmes nécessaire pour postuler.

Ça, c’est du savoir être. Et nous y parvenons au travers d’une association qui s’appelle NQT, dont nous sommes membres. Des cadres volontaires sont parrains ou marraine d’un ou d’une jeune diplômée. Nous les aidons à rédiger leur CV, à se présenter. Et d’abord d’être fiers de l’endroit où ils viennent. Une de mes dernières filleules me donne un CV avec une adresse parisienne. En fait elle habitait Ecouen, mais elle n’osait pas le dire. Je lui ai répondu que le fait de mentir sur des choses basiques comme celle- là ne metterait pas en confiance un éventuel futur employeur. Et si cet employeur n’est pas capable d’accepter quelqu’un qui vient d’Ecouen ou d’ailleurs, et bien il ne faut pas le rejoindre ! Il y a des valeurs avec lesquelles il ne faut pas transiger. Il faut d’abord redonner confiance aux jeunes. Un élément fondamental, c’est accepter ce que l’on est, assumer d’où l’on vient. Nous accueillons beaucoup de jeunes, en alternance, en stage de troisième. Sur ce plateau, nous sommes 81 personnes et 16 % d’habitants de Seine-Saint-Denis. Et ce n’est pas par hasard.

Le Conseil du numérique 93 que vous présidez veut partager les informations sur ce secteur avec le plus grand nombre. Encore faut-il savoir s’orienter sur la toile…

Oui cela fait partie des éléments à apprendre aux jeunes et aux moins jeunes. Il ne suffit pas d’avoir Google, il faut d’abord savoir s’en servir et se méfier de l’information qui n’en n’est pas.

Vous insistez beaucoup sur la nécessité de se rassembler…

Je suis convaincue de la nécessité de travailler ensemble. Les grands sachant qui travaillent seuls, je n’y crois pas. Par contre fédérer les énergies et faire se rencontrer des personnes qui ne se rencontreraient jamais, c’est génial car on s’enrichit au contact d’individus qui viennent d’autres cultures, qui font d’autres choses… Un des enjeux du numérique pour la société en général, c’est de ne plus être en silo. C’est une des ambitions du Conseil du numérique. Il se passe tellement de choses dans les associations, chez les entreprises, les institutionnels... Il s’agit de fédérer tout cela, mutualiser et pourquoi pas, générer des économies d’échelle. C’est une chose que l’on fait tous les jours. Nous Salvia, avec deux autres entreprises, Akanea et I’Car system sommes partis en 2013 du grand groupe dont nous faisions partie. Nous avons racheté notre fonds de commerce en quelque sorte. Nous ne sommes pas concurrents. Il a fallu que nous recréions notre back office (ndlr. : les fonctions support : relations humaines, direction financière, direction juridique…). Donc, nous avons cherché à réaliser des économies. Nous avons créé des équipes mutualisées qui travaillent pour les trois sociétés. Nous avons ainsi embauché deux juristes. Même chose au niveau RH et finance. Parfois, c’est juste une question de bon sens.

Salvia est une entreprise particulièrement impliquée dans la vie du territoire. Qu’est-ce que cela lui apporte ?

Tout d’abord de la fierté aux collaborateurs. Quand un parrain reçoit un coup de fil de son filleul NQT lui annonçant qu’il a décroché un CDI, tous les parrains de la société le savent instantanément ! Quand, comme il y a quinze jours nous organisons la journée du sport en entreprise, et que nous collectons 3500 euros pour une association caritative (cette année les Petits princes), je pense que les gens qui ont fait du sport, ont, tout comme l’entreprise, donné du temps, sont fiers de l’avoir fait. Et certains ont repris le sport suite à cela. Très positif, je pense que le sport est nécessaire à l’équilibre, surtout pour des métiers stressants et sédentaires.
Lorsque nous accueillons une classe de troisième pour leur faire découvrir les métiers du numérique, cela prend certes du temps. Mais peut-être que dans huit à dix ans c’est l’un de ces élèves qui sera embauché et fera avancer l’entreprise !
S’impliquer dans la vie locale, cela apporte aussi une raison de se lever le matin, pas uniquement pour aller chercher son salaire. Il y a des valeurs à défendre. Chez Salvia, nous avons trois valeurs cardinales : responsabilité, confiance et solidarité. Depuis, j’ai ajouté autonomie et sens de l’initiative, pour que les dernier arrivés sachent que je ne les réprimanderais jamais s’ils prennent des initiatives.
Nous avons recruté des personnes qui sont venues attirées par ces valeurs. La jeune génération est certes attirée par le fait de bien gagner sa vie, mais aussi par le fait de travailler dans le respect de certaines valeurs. Je pense que c’est un vrai changement par rapport aux années fric que nous avons connues.

Qu’est-ce qui vous motive à venir travailler ici, à vous impliquer dans tant de choses ?

Ce qui me fait vibrer c’est de faire grandir ma société, d’avoir une équipe de personnes contentes de venir bosser, de savoir qu’ils sont heureux au travail, motivés par nos projets de développement, grandir en intégrant des sociétés dans le groupe… Je crois dans ce que je fais. Je crois beaucoup au fait que chacun est un petit peu responsable. Donc si on peut faire une petite chose qui peut faire avancer la société, il ne faut pas tout attendre des autres.

Le dernière fois où vous vous êtes sentie fière, quand était-ce ?

La semaine dernière quand deux de mes collaborateurs, lors de notre soirée annuelle, très festive, deux développeurs sont venus me voir en me disant : « Tu sais, je suis fier de travailler pour Salvia. » Ça, ce n’est pas de la fierté, c’est un grand bonheur !

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