Agent·e·s du Département le matin, athlètes olympiques l’après-midi
Tous trois athlètes de haut niveau, Anita Blaze (escrime), Bopha Kong (para-taekwondo) et Mamadassa Sylla (lutte gréco-romaine) sont également, depuis octobre dernier, agent·e·s du Département. Ils ont en effet signé avec la collectivité une convention d’insertion professionnelle d’un an qui leur permet de mener de front, et en toute sérénité, préparation en vue des Jeux olympiques et paralympiques Tokyo 2021 et reconversion. Un combo forcément gagnant. Portraits.
Anita Blaze, à fleurets non mouchetés
Anita Blaze a commencé à battre le fer à l’âge de 7 ans. Depuis, vingt-deux ans ont passé et la Guadeloupéenne affiche un CV aussi long qu’un fleuret, son arme de prédilection. Parmi ses faits d’arme : trois titres de vice championne d’Europe par équipe et deux médailles d’argent obtenues aux championnats du monde par équipe et aux championnats du monde junior. Que de chemin parcouru, donc, depuis ses premiers pas dans ce sport dans sa commune de Baie-Mahault où elle revient dès qu’elle en a la possibilité pour se ressourcer. « L’escrime a tout de suite été pour moi une passion, c’est un sport dans lequel je me libère complètement », confie la fleurettiste, licenciée à l’Aubervilliers Escrime Club et qui, comme tout athlète français de haut niveau qui se respecte, s’entraîne à l’Insep (Institut national du sport, de l’expertise et de la performance). Cette saison, elle n’a qu’un objectif : les Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo 2021. Un événement qu’elle ne veut manquer sous aucun prétexte après y avoir goûté une première fois en 2012 (Londres) puis dû y renoncer quatre ans plus tard à Rio en raison d’une double hernie discale. « Je vise clairement un podium, dit-elle bille en tête. J’ai l’envie et l’expérience. » Depuis octobre, Anita Blaze ne foule pas seulement les pistes d’escrime, elle travaille également au sein de la Direction de l’éducation et de la jeunesse du conseil départemental où elle est agent de gestion financière budget comptabilité. « Pour moi, c’est une situation idéale puisque je peux concilier vie professionnelle et carrière sportive, autrement dit, me préparer pour les JOP dans les meilleures conditions tout en entamant une reconversion. »
Bopha Kong, une grande première à Tokyo
Pensionnaire du CKF (cercle de karaté français) de Bondy et multiple champion du monde et d’Europe de para-taekwondo, Bopha Kong est une des grandes chances de médaille de la France et de la Seine-Saint-Denis aux Jeux paralympiques de Tokyo en 2021. En 1999, ce néo-Pantinois féru de sport de combat perd ses deux mains dans un accident. Il n’a que 18 ans. Et se tourne alors vers le taekwondo, un art-martial coréen qui privilégie l’usage des jambes. Devenu athlète handisport, il fait partie en France des pionniers du para-taekwondo, discipline dans laquelle il ne tarde pas à s’épanouir et briller au plus haut niveau. « Quand ce sport a officiellement vu le jour, cela a été un grand soulagement, glisse celui qui préside par ailleurs aux destinées du Taekwondo Warriors Pantin, un club qu’il a créé l’an passé avec une bande de potes. Dès lors, j’ai pu prendre part à des compétitions nationales et internationales, comme les valides. » Après avoir été longtemps une chimère, les Jeux paralympiques sont aujourd’hui pour lui une réalité. « A Tokyo, le para-taekwondo sera pour la première fois représenté aux Jeux paralympiques. C’est une chance que je ne veux pas manquer ! Du fait de mon classement dans la liste des meilleurs mondiaux, je suis déjà qualifié. » Depuis quelques mois, sa vie a changé. Si le matin il s’entraîne à l’Insep, comme à son habitude, l’après-midi, il enfile désormais le costume d’agent du Département où, au pôle ressources humaines, il officie comme ambassadeur du sport santé. « Ma mission consiste à animer des séances de sport pour les agents et à leur faire découvrir ma discipline, dévoile Bopha Kong. Une expérience qui me permet de découvrir le monde de l’entreprise, de côtoyer différents collègues et de ne plus me soucier de ma situation financière. Le département de la Seine-Saint-Denis représente beaucoup pour moi. Aux Jeux de Tokyo, je défendrai les couleurs de la France mais aussi celles du 93. »
Mamadassa Sylla, dans le grand bain des JO
Natif de Bagnolet, Mamadassa Sylla a découvert la lutte gréco-romaine par hasard, « au centre de loisirs de mon école, grâce à un animateur qui était aussi lutteur en équipe de France et qui a senti que ce sport m’aiderait à canaliser toute l’énergie que j’avais en moi », détaille le jeune homme de 27 ans, habitué des podiums des championnats de France depuis quelques années et 5e lors des championnats du monde en 2018. En bon compétiteur qu’il est, le licencié du Club Bagnolet Lutte 93 vise en 2021 une qualification pour les Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo. Mais pour ce faire, il devra glaner quelques points lors d’une rencontre internationale prévue en janvier et faire un résultat lors des championnats d’Europe programmés un mois plus tard, si la situation sanitaire le permet. « Je suis conscient que ce sera dur car j’ai été éloigné des tapis durant un an en raison d’une vilaine blessure mais je suis en train de revenir fort et je suis motivé comme jamais. Les JO, c’est ce qu’il y a de plus beau pour un sportif, je ne veux pas laisser passer cette occasion. » Lui aussi a été recruté par le Département dans le cadre d’une convention d’insertion professionnelle (CIP). Actuellement, il suit une formation à la piscine interdépartementale de Marville à Saint-Denis pour devenir maître-nageur. Un programme qui lui sied à merveille. « J’apprécie la démarche, souligne-t-il. L’intention est sincère, constructive et je suis accompagné dans ce que je fais. En plus, je suis très bien entouré. »
Grégoire Remund
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