A Saint-Ouen, une expo retrace les 125 ans d’histoire du Red Star

A Saint-Ouen, une expo retrace les 125 ans d’histoire du Red Star
Football

A travers une exposition réalisée en partenariat avec la Ville de Saint-Ouen et l’Etablissement public territorial Plaine Commune, le Red Star FC fait découvrir ses 125 ans d’histoire. Ce parcours jalonné de vicissitudes, et dont la légende reste encore à écrire, est visible à l’office de tourisme de Saint-Ouen du 13 janvier au 22 septembre.

Un jour de mars 1897. Dans un petit café de la rue de Grenelle, à Paris, les frères Jules et Modeste Rimet, entourés de leurs amis Ernest Weber et Charles de Saint-Cyr, décident de fonder un club. Son nom : le Red Star. Un club omnisports qui comprend des sections athlétisme, lutte, escrime, cyclisme et football et qui s’est donné pour mission de rassembler toutes les couches sociales de la société. Le 12 mars, les statuts sont déposés, le Red Star est né et devient à jamais le deuxième plus ancien club français, derrière le Havre Athletic Club (1894). Jules Rimet, à qui l’on doit également la Coupe du monde, en sera, jusqu’en 1909, le premier président.

Dans une exposition* visible du 13 janvier au 22 septembre à l’office de tourisme de Saint-Ouen et conçue par le Red Star FC, la Ville de Saint-Ouen et l’Etablissement public territorial (EPT) Plaine Commune, sont compilées 125 années d’histoire du Red Star. Une expo qui intervient dans le cadre de la mise en œuvre du label « Villes et Pays d’art et d’histoire » que s’est vu remettre l’EPT il y a quelques années dans le but de donner une plus grande visibilité à son patrimoine et, ainsi, permettre aux habitants, en particulier les plus jeunes, de se l’approprier.

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Entre les maillots, les écharpes, les fanions et le nom des joueurs qui ont laissé leur empreinte au panthéon du club, les murs de la salle d’exposition sont constellés de panneaux et de coupures de presse retraçant aussi bien les années glorieuses de l’entre-deux-guerres que les années 1960-1970 marquées par les affaires et un dépôt de bilan. Un voyage dans le temps enrichissant et didactique tant les anecdotes et les morceaux d’histoire sont nombreux. Ainsi, peut-on découvrir (ou se remémorer) que le club – dont le logo est une étoile rouge à cinq branches – ne doit aucunement son nom au Parti Communiste Français mais à la Red Star Line, une compagnie maritime transatlantique dont les paquebots faisaient la jonction entre la France et l’Angleterre. Son symbole était un drapeau blanc surmonté d’une étoile rouge. L’idée est venue d’une certaine miss Jenny, jeune gouvernante anglaise qui travaillait pour Jules Rimet, après avoir sorti de sa poche un billet de ladite compagnie.

Joueurs et résistants durant la guerre

Avant de faire de Saint-Ouen son antre historique et d’opter pour le vert comme couleur de maillot, le Red Star écume plusieurs terrains en région parisienne et évolue avec une tunique rayé bleu marine et blanc. A sa fondation, le club s’installe le long du Champ-de-Mars, au pied de la Tour Eiffel. Mais la spéculation immobilière dans ce quartier déjà très prisé le contraint de partir. Il trouve refuge à Meudon (Hauts-de-Seine). Dès 1903, le Red Star revient à Paris, au cœur du Bois de Boulogne, au parc de Bagatelle, puis dans le quartier Grenelle (15e arrondissement) où il occupe un lopin situé près du métro Bir-Hakeim. L’expérience tourne court. En 1909, la Ville de Paris ayant décidé de remplacer le terrain de Grenelle par son – tristement célèbre – Vélodrome d’Hiver, un stade d’une capacité de 17 000 places, le club parisien doit trouver une nouvelle solution de repli. Il finit par s’implanter à Saint-Ouen où une parcelle est trouvée dans l’ancienne rue de la Chapelle (rebaptisée depuis rue du Docteur Bauer), à quelques dizaines de mètres de l’emplacement du stade actuel. Le 22 octobre 1909, le Red Star Amical Club (dénomination adoptée deux ans plus tôt suite à la fusion avec l’Amicale Football Club) inaugure son nouvel écrin face aux Anglais de Old Westminster devant mille spectateurs conquis après la victoire des leurs 3 buts à 1.

En 1926, les dirigeants du RSAC et de l’Olympique de Paris, le grand rival voisin exproprié de son terrain des Buttes-Chaumont, annoncent la fusion des deux entités au sein du Red Star Olympique. Le maillot rayé marine et blanc disparaît au profit d’une chemisette blanche, plus neutre, qui deviendra verte, une couleur porteuse de chance, de croissance et d’équilibre. Les années 1920 représentent d’ailleurs une période faste pour le club audonien, qui s’adjuge quatre coupes de France (1921, 1922, 1923 et 1928). Le RSO compte alors dans ses rangs Pierre Chayriguès, considéré comme le premier grand gardien de but français. Sollicité par les plus grands clubs européens, Chayriguès, qui quelques années plus tôt avait combattu pendant la Première Guerre mondiale, a toujours été fidèle au Red Star.

De fait, dans l’histoire du club résonne l’histoire de la France du 20e siècle. En 1940, tandis que l’Europe est touchée de plein fouet par la guerre et que la moitié nord de la France est occupée par l’Allemagne nazie, les compétitions nationales se poursuivent vaille que vaille. C’est ainsi qu’en 1941, le Red Star est sacré champion de la « Zone occupée » dans une compétition composée de sept équipes et atteint la finale de la coupe de France, où il est battu par les Girondins de Bordeaux (3-1). Un trophée que les Audoniens remporteront pour la cinquième – et dernière fois à ce jour – l’année suivante en venant à bout de Sète (2-0) à Colombes devant près de 45 000 spectateurs. Pourtant, quelques mois plus tôt, le club avait eu à surmonter un drame directement provoqué par la guerre. Le 21 février, Rino Della Negra, membre du Red Star et entré dans la Résistance par le biais du réseau Manouchian, est arrêté et fusillé au Mont Valérien par l’envahisseur nazi. Il avait 20 ans. Devenu une figure emblématique du club, une tribune du stade Bauer porte aujourd’hui son nom.

Un centre de formation dans les cartons

Le Red Star traverse ensuite les années 1950 comme une ombre. Il faut attendre 1965 et dix-sept années de disette pour que les Vert et Blanc retrouvent l’élite. La montée en première division est dignement fêtée dans la ville. Malheureusement, le bonheur sera de courte durée puisque le club redescendra à l’issue de la saison. Durant les années suivantes, le Red Star fera l’ascenseur entre les deux premiers étages. Avant de rester bloqué au rez-de-chaussée (2e division) puis au sous-sol. Les Audoniens n’ont plus goûté aux joies de la première division depuis l’exercice 1974-1975.

Au Red Star, l’histoire s’écrit aussi au futur, comme en témoigne l’actuelle rénovation du stade Bauer, un dossier débloqué par la Ville de Saint-Ouen et le club en 2021. Confié au promoteur immobilier Réalités, la nouvelle enceinte accueillera d’ici à 2026 quelque 10 000 personnes et s’inscrit dans un projet de développement dont le premier objectif est un retour rapide en Ligue 2, conformément au souhait de 777 Partners, le fonds d’investissement américain qui a racheté le club en mai dernier. Outre le futur stade, l’actualité de l’Etoile Rouge, c’est également un centre d’entraînement mis à sa disposition depuis l’été 2021 dans le parc départemental des sports de Marville, situé sur les territoires de La Courneuve et de Saint-Denis. A terme, une fois l’accession en Ligue 2 obtenue, le site de 4 hectares, qui comprend deux terrains, une salle de musculation et cinq vestiaires, abritera également le futur centre de formation du club.

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« C’est une fierté de compter un club aussi prestigieux dans une ville comme Saint-Ouen », témoigne Dina. Pour cette membre du collectif Red Star Bauer, qui arbore l’attirail du parfait supporter (blouson, écharpe et t-shirt aux couleurs du club), « le stade Bauer est l’antre du football populaire, une enceinte à l’anglaise où le spectacle est davantage dans les tribunes que sur le terrain. » La jeune femme fait évidemment référence au kop dont l’engouement et la réputation ne sont plus à faire. Pour elle, tous les ingrédients sont réunis pour que le Red Star soit considéré comme un club de légende : « Les 5 coupes de France – même si elles sont datées -, Jules Rimet, père fondateur du club et de la Coupe du monde, les grands joueurs qui ont porté ce maillot et la ferveur populaire qui n’a pas d’équivalent dans la région », n’en déplaise au PSG…

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Avant de briller sous les maillots d’Auxerre, Lyon ou Marseille, et de l’équipe de France, c’est à Saint-Ouen que tout a commencé pour Steve Marlet. A l’occasion de l’expo, l’actuel conseiller du président du Red Star accepte bien volontiers de se replonger dans les années 1990, qui l’ont vu éclore. « Revoir tous ces anciens maillots, cela ravive plein de souvenirs, confie l’ancien attaquant. Ici, j’ai vécu des moments inoubliables, comme mes premiers pas chez les pros. Le Red Star m’a mis le pied à l’étrier, je lui en serai à jamais reconnaissant. » Et le dirigeant de partager cette anecdote : « L’autre jour, en farfouillant dans les archives du club, je suis tombé sur une brochure de présentation de l’effectif datant de 1994. Sur les 18 joueurs du groupe pro, près de la moitié était originaire de Seine-Saint-Denis. Cela rappelle que dans ce département, il y a un incroyable vivier de talents. » Patrice Haddad, le président des Vert et Blanc, en est persuadé : ces prochaines années pourraient être décisives pour le Red Star. « La reconstruction de notre stade et le rachat du club constituent un nouveau départ, affirme-t-il. En matière d’infrastructures, nous allons bientôt être à la hauteur de nos ambitions, il reste désormais le volet sportif à régler. La Ligue 2 reste notre objectif ultime à court terme. Pour l’heure, on peut s’enorgueillir d’être le premier club du département (sourire) ». Avant, qui sait, de devenir un jour le deuxième plus grand club d’Ile-de-France.

Grégoire Remund
Photos : ©Sylvain Hitau

L’exposition « Red Star FC : un club historique » est visible les vendredis, samedis, dimanches et lundis de 9h30 à 13 heures et de 14 heures à 18 heures à l’office de tourisme de Saint-Ouen (124, rue des Rosiers).

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