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A Noisy-le-Grand, une ferme pédagogique pour renouer avec la nature

Abritant une trentaine d’animaux, la ferme Rainbow accueille petits et grands pour les sensibiliser au bien-être animal et au consommer-mieux. Née d’un chantier participatif qui a impliqué 150 bénévoles, elle est aussi une manière de cultiver le lien social en ces temps de distanciation. Reportage.

Ezra et Leela, 3 et 2 ans, n’ont pas encore tous les mots pour le dire, mais on sent que les lapins leur plaisent bien. Voilà trois fois déjà qu’ils traînent leurs parents jusqu’à l’enclos en bois où nichent des lapereaux gris. « On a découvert la ferme il y a deux mois. Et là, c’est déjà la quatrième fois qu’on vient. On a même pris un pass annuel, tellement on trouve ce lieu reposant. », expliquent Virginie et Andy. Ces Noiséens depuis 2017, venus en région parisienne pour le travail, sont bien contents d’avoir trouvé pour leurs enfants un endroit qui maintienne le lien à la nature ou à la ruralité. « Ce qui nous a plu aussi, c’est qu’il recueillent des animaux en détresse, ce qui n’est pas le cas de toutes les fermes. », ajoute Virginie.
Impressions de nature en plein cœur de la ville, sensation que le temps s’est arrêté, célébration de l’attention à l’autre, quel qu’il soit, homme ou animal : bienvenue à la ferme Rainbow !

Lancé en octobre 2019, ce lieu faisant l’éloge du vivant et de la bienveillance a tout de suite rencontré son public. Et même en temps de Covid, il peut se targuer d’un beau bilan : 240 visiteurs par semaine ont franchi ses portes en moyenne sur l’année 2020, en dépit d’une fermeture totale de mars à mai lors du premier confinement… Bien organisées, les visites – 4 euros pour les Noiséens, 5 euros sinon - continuent à l’heure actuelle, par petits groupes de dix et avec les gestes barrières qui s’imposent.

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« Le but de cette ferme, c’est de faire de la pédagogie autour de la biodiversité, du bien-être animal, du consommer mieux et de la gestion des déchets. A côté de ça, il y a une forte dimension de lien social, présente dès les origines du projet, puisque je tenais à ce que tout soit construit en chantier participatif. », présente Lætitia Labé. A l’origine du projet, cette enfant de Noisy a été la première étonnée de l’engouement suscité par son appel.

Chantier participatif

De mars à octobre 2019, le sous-bois de cette zone des Richardets, propriété de la ville de Noisy-le-Grand, a en effet accueilli une colonie de castors bien étranges : 150 bénévoles ont répondu à l’appel de Lætitia Labé pour faire naître dans cet espace la ferme Rainbow, à base de matériaux de récupération – palettes et autres palissades – et de techniques écologiques.
Après quoi a commencé la période de recueil de ses locataires : de Piou le bouc à Virgile le dindon, la plupart sont des animaux ayant connu la maltraitance ou la surexploitation. Ils coulent ici une seconde vie heureuse, avec l’honneur de se faire aussi les ambassadeurs de la cause animale auprès des plus jeunes.

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Accueillant particuliers mais aussi scolaires, la ferme Rainbow est en effet l’endroit idéal pour reconnecter à la nature des petits citadins aux notions parfois floues sur la provenance de ce qui finit dans leur assiette. L’occasion pour Elsa, 5 ans, d’apprendre par exemple que le fromage de chèvre qu’elle aime tant se fait avec de la présure pour séparer le petit lait du lait caillé.
« Je trouve ça intéressant d’avoir de la nature ici. On reçoit parfois des enfants qui n’ont jamais vu de poule ou de chèvre. Globalement, leur entourage ne les éduque pas assez à l’environnement, alors que ce sont eux qui devront préserver le monde de demain », estime Alexis, animateur environnement sur la ferme et l’un des deux emplois aidés créés à Rainbow, à côté des trois services civiques. Proposant aux petits visiteurs un questionnaire avec des énigmes, ces cinq guides enrichiront aux beaux jours leur parcours d’un atelier traite/fabrication de fromage ainsi que d’une initiation au potager.

Toutes les couleurs de l’arc-en-ciel

Et même en ces temps d’hibernation et de Covid, le site, qui transmet une belle énergie, nourrit déjà des plans pour l’avenir : une nouvelle cabane permettra ainsi d’accueillir prochainement quelques poneys shetland et d’autres moutons, financée par le plan Rebond solidaire et écologique du Département.
Venant au soutien de quelque 256 projets qui sonnent le moment de la relance après la crise du Covid, ce plan de 55 millions d’euros ne s’est pas trompé en s’intéressant aussi à l’aventure Rainbow : axé sur la promotion d’une agriculture respectueuse de l’environnement, ce havre de paix est aussi un vibrant plaidoyer pour le lien social qui nous manque tant en ces temps de distanciation.
On laisse à Lætitia Labé le soin de conclure : « Ici, bénévole ou visiteur, chacun vient avec son vécu, ses différences et partage ses connaissances. Comme dans un arc-en-ciel, qui nous rappelle que la lumière est composée de toutes les couleurs… » C’est une ferme Rainbow, adossée à la colline…

Photos : ©Eric Garault

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