A Côté Court, tournez jeunesse !
Au festival Côté Court de Pantin, deux courts-métrages réalisés par des collégiens ont été projetés le 8 juin en présence des réalisatrices qui les ont accompagnés dans ce projet. Des œuvres créées dans le cadre de parcours éducatifs financés par le Département. DES PLACES pour Côté court sont à GAGNER : tentez votre chance !
« On a trop aimé ce projet. Franchement, nos images, avec la musique de Stromae, ça rend vraiment bien » Même avec un morceau de gâteau dans la bouche, Matyas et Farès sont intarissables sur « Vlog_5.4_2017 », le court-métrage créé par leur classe de 5e du collège Lucie-Aubrac de Livry-Gargan, en compagnie de la réalisatrice Leslie Lagier.
L’oeuvre, très clipée, a quelques ressemblances avec « Swagger », le long d’Olivier Babinet qui avait fait sensation au dernier festival de Cannes 2016 en donnant à voir l’intimité de collégiens d’Aulnay-sous-Bois. Sauf que là, dans un format plus resserré, Jean-Claude, Soraya and co ont tous mis la main à la pâte eux-mêmes, en filmant avec leurs tablettes ou téléphones portables un morceau de leur quotidien. Le résultat compose un portrait collectif joyeux et pétillant.
« Un Vlog quoi, un blog en vidéo, explique patiemment Jean-Claude, 13 ans, qui a contribué à l’oeuvre en se filmant en train de partir à son entraînement de foot à la JA Drancy. Soraya, elle, a apporté à cette auberge espagnole des plans de son chat et son trajet quotidien pour aller au collège. De plus en plus rythmé, terminant par une accélération d’images, le court-métrage dit les points communs, les différences et les rêves de toute une classe d’âge.
« J’ai voulu faire un film qui leur ressemble, témoigne Leslie Lagier, réalisatrice qui a mis toutes ces images en musique. Très tôt, ils m’ont parlé de leurs activités sur YouTube, de leur culture du net à laquelle je ne connaissais pas grand-chose. On est donc partis sur l’idée de ce journal de bord, qui avait l’avantage d’entrer en résonance avec certaines thématiques que je traite aussi dans mon travail » A savoir cette idée de collage, d’utilisation de plusieurs matériaux de films différents.
@Sylvain Hitau
Professeure référente sur ce projet, Samia Moussous est elle aussi séduite par le résultat final. Et par les retombées bénéfiques plus larges de ce parcours « Culture et Art au collège », un dispositif entièrement financé par le Conseil départemental de Seine-Saint-Denis. « C’était vraiment une belle initiative. D’abord parce que pour tous les élèves, ça a représenté une ouverture culturelle sur le monde, sur un cinéma dont ils ont peut-être moins l’habitude. Et puis, certains enfants plutôt introvertis ont pris confiance en eux durant ce projet. » estime cette enseignante d’espagnol.
Initier les élèves à un autre type de cinéma que les sempiternels block-busters, c’était aussi le souhait d’Astrid Adverbe, réalisatrice qui a mené l’autre initiative proposée dans le cadre de « Côté Court » à des collégiens d’Alfred-Sisley sur l’Ile-Saint-Denis.
A l’inverse de Leslie Lagier, cette cinéaste a elle choisi de ralentir le débit, de laisser le temps au temps, pour permettre aux 5e de dévoiler petit à petit une part de leur intimité. « Articuler la parole », tourné avec un groupe restreint d’élèves, a ainsi adopté un parti pris : à côté des temps de parole libre où on voit Adem, Killian ou encore Yohann dialoguer entre eux, chacun récite face caméra des phrases extraites de plusieurs films du réalisateur Eugène Green.
« Ce qui m’a frappée au début, c’était à quel point ils avaient peur du ridicule, se souvient Astrid Adverbe. Mais petit à petit, ils ont livré une part d’eux-mêmes. Je considère d’ailleurs que les phrases que je leur fais dire face caméra les y ont aidé : leur manière de les prononcer en dit autant sur leur personnalité que la parole libre qu’ils ont à d’autres moments du film »
Un procédé qui a quelque peu dérouté Adem qu’on a laissé à l’écran avec cette phrase : « A mon âge, tout souvenir est douloureux ». Mais le jeune garçon dit avoir apprécié l’expérience, notamment le tournage, effectué dans la verdure du parc de l’Ile-Saint-Denis, qui avait déjà inspiré les impressionnistes en leur temps.
« Avant, j’avais déjà fait du théâtre mais jamais de cinéma. Le tournage, ça m’a un peu surpris. Je ne pensais pas qu’il fallait autant de concentration. A l’occasion, j’aimerais bien recommencer », soufflait Adem. « Moi, je ne pensais pas que le cinéma, c’était autant de métiers différents, pas juste acteur », lâchait Farès, de Livry-Gargan, qui disait du coup s’être intéressé de plus près aux métiers de l’audiovisuel. Dans les yeux de tous ces collégiens, on lisait la fierté d’avoir signé un film projeté dans un vrai cinéma.
Christophe Lehousse
- Le festival Côté Court, avec une centaine de court-métrages au programme, se poursuit jusqu’au dimanche 17 juin au Ciné 104 à Pantin.
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