60 kilomètres de pistes cyclables aménagés par le Département
Pour faciliter le déconfinement et proposer des alternatives à la voiture, une dizaine d’itinéraires départementaux ont été adaptés pour l’usage du vélo, parmi lesquels l’ex RN3, qui relie la porte de Pantin à Bobigny. Reportage sur cette nouvelle « coronapiste » déjà adoptée par certains cyclistes… et quelques automobilistes, malheureusement.
Le défi était de taille. Aménager une piste cyclable de transition (nouvelle terminologie pour signifier que les itinéraires cyclables sont amenés à perdurer par-delà la crise sanitaire) sur l’ex Route Nationale 3, une 2x2 voies qui sépare la porte de Pantin de Bobigny et qui est très fréquentée par les véhicules motorisés. L’enjeu d’un tel projet est d’inciter la population à se déplacer en vélo pour soulager les transports en commun et limiter le report vers la voiture et, partant, le risque de paralysie du trafic routier pendant le déconfinement et même au-delà. Il entre dans le cadre d’un plan plus vaste mis en œuvre par le conseil départemental de Seine-Saint-Denis qui prévoit de créer dans les prochaines semaines 90 kilomètres de nouvelles pistes cyclables amenées à devenir pérennes sur les principaux axes du Département. « Cet aménagement, je l’attendais depuis longtemps, s’exclame Daniel, un Pantinois qui enfourche tous les jours un Velib’ pour se rendre sur son lieu de travail dans le 19e arrondissement. Mais il faut faire attention car les automobilistes ont tendance à ne pas trop se soucier des cyclistes, ici particulièrement. »
Marquage au sol et plots d’un jaune éclatant
L’avenue Jean-Lolive, portion pantinoise de cette ancienne RN3, est en effet une route réputée dangereuse, fortement accidentogène. Selon l’association Paris en Selle, qui promeut et développe l’usage du vélo sur le territoire de la Métropole du Grand Paris, cette avenue se hisse au hit-parade des axes les moins accueillants, et pourtant essentiels pour les déplacements quotidiens du Grand Paris, aux côtés notamment de la rue de Paris à Montreuil. Pour favoriser la pratique du vélo, le Département a neutralisé dans les deux sens de la circulation deux voies désormais réservées aux cyclistes et reconnaissables grâce à un marquage au sol et la pose de plots en plastique d’un jaune éclatant. « Ce nouveau tracé va peut-être permettre de changer les mentalités, espère Romain, un habitué des lieux. Entre les automobilistes garés en double file ou qui confondent pistes cyclables et places de stationnement, il y a encore du travail. Souvent je me retrouve sur la route aux côtés des voitures et des scooters parce que je dois contourner toute une série de voitures en enfilade. Mais ces pistes ont le mérite d’exister, j’espère qu’elles vont attirer davantage de cyclistes. Plus on sera nombreux, plus on sera visible. »
Plus de 500 verbalisations en une semaine
Le sous-préfet Fayçal Douhane, le maire de Pantin Bertrand Kern et le président de la Seine-Saint-Denis Stéphane Troussel
D’après Bertrand Kern, maire de Pantin, les verbalisations - plus de 500 lors de la dernière semaine – vont permettre d’éviter les récidives. « Depuis le début de la crise sanitaire et le retour du beau temps, un nombre croissant de Pantinoises et de Pantinois se déplacent à vélo. Il y a un fort besoin de sécurisation, c’est pourquoi la ville pénalisera systématiquement les mauvais comportements, assure l’édile. Et de préciser par ailleurs que l’objectif d’un tel aménagement est aussi de désengorger les pistes cyclables qui longent le canal de l’Ourcq et qui relient également Bobigny à Paris, en passant par le parc de la Villette. « Le jaune est un choix judicieux mais il faudrait plus de plots, on se sentirait davantage en sécurité, réclame Juliette, qui habite à Pantin et qui travaille à Paris. Une demande qui devrait être rapidement entendue, si l’on en croit Vincent Malard, chef du bureau de l’aménagement durable et responsable du plan vélo au Département. « A Pantin, cet aménagement a aujourd’hui valeur de test mais notre objectif étant d’inciter à l’usage du vélo, il est amené à s’inscrire dans le temps, précise Stéphane Troussel, président du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis. D’ici à 2024, 100 % de la voirie départementale sera cyclable. »
Photos :©Nicolas Moulard
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