Protection de l’enfance

10 engagements pour la protection de l’enfance

Le Conseil départemental a adopté jeudi 18 avril 10 engagements pour la protection de l’enfance dans le cadre d’un nouveau schéma sur cette mission essentielle de la collectivité. Retour en chiffres.

Voici les 10 engagements adoptés jeudi 18 avril par l’Assemblée départemental dans le cadre du nouveau schéma sur la protection de l’enfance, pour les 3 prochaines années :

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8700 enfants et adolescents suivis- 273 millions d’euros investis en 2019

Grandir avec l’Aide sociale à l’enfance

Etre un enfant suivi ou placé reste un sujet tabou. Mais une fois adultes, certains ont choisi d’en parler pour en plus être caricaturés. Vie de famille, études, autonomie : écoutons-les.

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« Aujourd’hui, je suis plutôt fière de la femme que je suis devenue. Je n’ai pas honte de mon parcours." Fendia, 30 ans, est cheffe de secteur à Disneyland Paris, dans les hôtels. Elle a fait des études supérieures, a son propre appartement, un compagnon, une petite fille. Et régulièrement, elle retourne chez sa « tata » passer le weekend : « J’y ai encore ma chambre... » Elle est très émue lorsqu’elle parle de sa vie en famille d’accueil : « Ce sont les meilleures années de ma vie ! » Fendia avait 14 ans quand elle s’est retrouvée à la rue. « C’est une chance d’avoir été placée, parce que je pense que j’aurai mal terminé. Ça m’a permis de me construire. » Elle ne tarit pas d’éloges : « Ils ne faisaient pas de différence entre leurs enfants et moi- même. Ils faisaient tout pour que je sois heureuse. Je me sentais aimée. J’avais trouvé une deuxième famille... avec plus de stabilité. Pour moi, c’est la famille idéale. » Encore aujourd’hui, quand elle a une décision à prendre, elle fait d’abord appel à son ancienne assistante familiale : « C’est vraiment fort ce qu’il y a entre nous... Quand j’ai su que j’allais avoir un bébé, c’est la première personne à qui je l’ai dit. »

La télé ne raconte que le négatif

Des histoires de bébés, d’ados, de jeunes suivis par l’Aide sociale à l’enfance qui ont un dénouement heureux sont nombreuses en Seine-Saint-Denis. Cloé, qui a grandi en famille d’accueil, regrette que les médias traitent si rarement de ces vies de famille normales. Elle vient de signer un bail pour un deux- pièces de 35 m2 idéalement situé « tout près de sa famille d’accueil et juste en face de celle de ses petits frères et sœurs ».

En Seine-Saint-Denis, tout est mis en œuvre pour ne pas séparer les fratries. Dans la famille de Cloé, les cinq enfants ont été placés. Cloé a vécu avec son grand frère dans sa première famille d’accueil puis avec sa petite sœur dans sa deuxième famille d’accueil : « On se voit souvent, on est très proches. Le dimanche, on se fait une sortie ensemble. Les éducateurs ont fait en sorte que nous gardions le contact. Quand nous étions petits, ils organisaient souvent des visites pour qu’on se voit. Et, au final, nous nous considérons vraiment comme des frères et sœurs alors que nous n’avons pas grandi ensemble. » Cloé voyait son éducatrice au moins tous les deux mois. Elle lui disait comment elle se sentait, com- ment ça se passait à l’école et dans sa famille d’accueil. « J’ai eu une très bonne éducatrice. Elle a fait en sorte que ça se passe au mieux pour moi. On ne s’en rend pas tout de suite compte quand on est jeune : elle restreignait beaucoup, elle encadrait beaucoup, elle refusait beau- coup de choses. J’étais parfois un peu en colère contre elle. Mais, au bout du compte, elle m’aidait beaucoup. Et au final, c’est tout aussi important que la famille d’accueil. »

La protection de l’enfance est l’une des principales missions confiées aux Départements. Ce sont des enfants de tous âges, abandonnés, maltraités, en danger dans leur propre famille que l’Aide sociale à l’enfance a l’obligation de protéger. Une des spécificités de la Seine Saint-Denis est de prolonger cette protection jusqu’aux 21 ans de l’enfant, en signant un contrat jeune majeur pour travailler à leur autonomie.

Quelqu’un pour me soutenir

Alexandra, 25 ans placée à la naissance en pouponnière et arrivée dans sa famille d’accueil, à Clichy-sous-Bois, à 4 ans, a bénéficié de ce dispositif : « Pour l’Ase, à 18 ans on est censé être indépendant, se débrouiller tout seul. C’est écrit dans les lois, dans les textes. Il y a des dérogations, on peut demander un contrat jeune majeur qui va jusqu’à 21 ans. Et à 21 ans, on est censé avoir un job, une maison. » Celle qui est aujourd’hui ingénieure spécialiste des systèmes embarqués se souvient de son envie de réussir et aussi de sa peur de l’échec : « Ma “tata” m’a soutenue dans mon projet, j’ai pu faire une prépa et me lancer dans de grandes études d’ingé parce que j’avais ce filet de secours, quelqu’un pour me soutenir, un soutien logistique et un soutien moral. Du haut de mes 25 ans, je m’en rends compte et je l’en remercie. »

Pour le Conseil départemental, qui emploie 542 assistant·e·s familiaux·ales en Seine-Saint- Denis et plus de 250 éducateur·rice·s, mais aussi des psychologues, médecins et plusieurs métiers administratifs, « la vocation de l’Ase est de protéger les enfants en danger. Et plus largement d’intervenir le plus en amont possible pour prévenir les maltraitances. »


C’est ainsi que, chaque année, près de 9 000 mesures sont confiés à l’Ase. « Plus de 80 % d’entre elles sont ordonnées par le parquet ou le juge des enfants. Mais toutes ne donnent pas lieu à des placements en famille ou en établissements d’accueil. » Aides éducatives à domicile (AED) et actions éducatives en milieu ouvert (AEMO) ainsi qu’accompagnement des familles par les services d’accueil de jour (SAJ) per- mettent aux enfants d’être protégés tout en restant chez leurs parents.

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Alexandra
25 ans, ancienne enfant de l’Ase
PEUR D’ÊTRE INCOMPRISE
« Quand j’étais petite, je n’en parlais pas beaucoup. C’était tabou. Je n’avais pas envie d’être différente des autres. Ce n’est pas forcément évident d’en parler à des jeunes qui ne l’ont pas vécu ou ne vivent pas la même chose. Au fil des ans, ça a changé. »

Cloé
21 ans, ancienne enfant de l’Ase
CHANGER DE FAMILLE D’ACCUEIL
« Ce sont ces coupures et ces changements qui sont compliqués à gérer quand on est jeune. Parce qu’on perd à chaque fois nos repères. C’est comme si je revivais une seconde fois ce que j’avais vécu chez ma mère. Ça a été assez difficile. »
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Fendia
30 ans, ancienne enfant de l’Ase
FIÈRE DE PAYER SES IMPÔTS
« On est dans un pays où on a de la chance d’avoir des services qui aident les enfants. Il y a des pays où les enfants sont délaissés. Il faut saisir cette chance. Payer les impôts, c’est une fierté pour moi. Ce sont les impôts qui m’aidaient à vivre, à manger. »

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