Avec The Dry Piece | XL Edition, Keren Levi offre une pièce qui place le corps nu de la femme au centre de son dispositif. Une nudité qui opère de façon particulière : après s’être déshabillées, les interprètes disparaissent derrière un rideau de tulle. Nous ne les verrons plus que voilées et filmées de haut, en plongée. Sur l’écran et sur le plateau, les figures se recomposent constamment, livrant un kaléidoscope fascinant. Le corps devient un matériau tour à tour abstrait : des fesses deviennent des pétales de fleur, les corps forment des cercles - ou plus concret - certains fragments évoquent tour à tour l’imagerie pornographique, la sensualité d’un geste, la possibilité de la blessure.

Cette tension entre abstraction et incarnation, entre esthétisme et voyeurisme, entre corps réel et corps représenté est au cœur de la pièce qui puise à deux sources : celle de Busby Berkeley et ses « water ballet », et celle du livre de la post-féministe Naomi Wolf « The Beauty Myth ». Dans les comédies musicales du premier, datant des années 1930, la précision géométrique, le parfait synchronisme des corps - et notamment celui des nageuses - produit un effet esthétique puissant et envoûtant, tandis que le livre de la seconde dénonce la domination masculine qui se joue dans la représentation des corps, la nudité de la femme étant livrée aux regards.

C’est de la tension entre ces deux pôles que naît la force de The Dry Piece | XL Edition, jouant de la frontière entre le corps réel présent sur scène et l’image du corps, manipulée par la vidéo.

Keren Levi interroge ainsi la puissance des images de la « société du Photoshop » contre laquelle les corps réels viennent buter.

 Quand : Le Vendredi 12 mai et Samedi 13 mai à 19h 30
  : Nouveau théâtre - Salle Maria Casarès : 63, rue Victor Hugo, 93100 Montreuil
 Tél : 01 48 70 48 90
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