Exposition Saint-Denis

Une exposition vous fait voyager dans l’histoire de la Plaine

Jusqu’en janvier, une exposition accrochée sur les grilles du siège de la SNCF, à la Plaine Saint-Denis, donne à voir les mutations successives qu’a connues ce quartier autour du Stade de France. Un tour d’horizon passionnant, piloté par le Département en partenariat avec d’autres acteurs.

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S’ils disposaient d’une machine à remonter le temps, les passants qui musardent ces jours-ci rue Cherubini devant l’exposition « Le sport en héritage » regarderaient ces 15 panneaux... entre les tours d’un gazomètre. Car oui, il y a seulement 40 ans, les squelettes sphériques de ces usines à gaz s’élevaient encore sur le site du Landy où la SNCF a aujourd’hui élu domicile. Difficile à croire aujourd’hui, tant ce quartier de la Plaine-Saint-Denis s’est transformé, sous l’impulsion notamment de la construction du stade de France à partir de 1993.

A l’heure où ce quartier s’apprête à vivre une nouvelle accélération de son histoire avec la construction de la piscine et du village olympiques en vue des Jeux de 2024, plusieurs acteurs des lieux ont donc mis leur forces en commun pour rappeler les nombreuses mutations de la zone.
Réalisée par les archives départementales en partenariat avec les archives nationales, de Plaine Commune, de Saint-Denis et l’association « Mémoire vivante de la Plaine , « Le sport en héritage » donne un bon aperçu de l’histoire des lieux, du percement de la voie royale sur d’anciennes terres maraîchères aux transformations olympiques à venir, en passant par la couverture de l’autoroute A1.
« Si nous nous sommes engagés dans ce projet d’exposition, c’est pour faire vivre la mémoire du quartier. Un quartier dont les habitants ne soupçonnent souvent pas l’histoire ou alors qu’ils n’ont pas forcément choisi. Or, faire apparaître l’histoire de ce territoire, c’est aussi leur rendre une part de fierté », expliquait ainsi Jacques Grossard, président de l’association « Mémoire vivante de la Plaine ».

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Lors de l’inauguration de l’exposition, effectuée mardi 24 octobre, cet ancien ingénieur des télécoms originaire de Colombes mais passionné par l’histoire de la Plaine, a ainsi remonté le temps pour brosser le portrait d’un quartier « à la croisée des grands bouleversements de l’histoire de France ».

Déjà traversée par les convois funéraires des Rois de France rejoignant leur dernière demeure, cette terre du Nord-est de Paris a un premier rendez-vous avec l’histoire lors de la révolution industrielle. Pleyel, Cristofle, Cazeneuve : il n’y a alors pas une grande industrie française qui n’ait une fabrique ou des bureaux à la Plaine. Les usines qui marqueront le plus le paysage étant toutefois les célèbres gazomètres, répartis sur deux grandes zones : le Cornillon et le Landy. A l’image de la France, la Plaine est alors plus que jamais terre d’immigration : Espagnols, Portugais, Algériens enfileront le bleu de chauffe pour devenir « gaziers ». « A noter qu’il s’agissait de gaz fait à partir de la distillation du charbon, ce qui supposait d’être à proximité de voies ferrées, le charbon étant ensuite stocké dans les cockeries », ponctue Jacques Grossard.

Après la crise pétrolière de 1973 et la désindustrialisation allant de pair, ces aires accoucheront de deux immenses friches. Il faudra ensuite attendre 1993 et la décision d’ériger le Stade de France sur le domaine de 25 hectares du Cornillon pour que le quartier reparte de l’avant et connaisse une deuxième transformation majeure.
« C’était une période assez folle. On allait faire des barbecues sur la friche du Cornillon et puis, on voyait passer devant chez nous les énormes escaliers du Stade de France sur des camions en se demandant ce que ça pouvait bien être », se souvient avec nostalgie Valérie, une habitante des lieux depuis 1991. En déambulant devant les panneaux de l’exposition, cette économiste tient aussi à évoquer un autre combat majeur de cette période : la couverture de l’autoroute A1. « J’ai fait partie des collectifs de lutte pour la couverture de l’A1 : pour nous, c’était vital. Par exemple, on avait organisé une journée où tout le monde devait mettre du plastique vert à ses fenêtres. Au final, après plusieurs décennies (l’A1 a été construite en 1963, ndlr), on a été entendus : la couverture a été réalisée à l’occasion du chantier du Stade de France ».

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Aujourd’hui, ce quartier devenu une zone d’activité économique avec quelque 21000 salariés pourrait voir le sport lui servir une nouvelle fois d’allié : les Jeux olympiques 2024 se dérouleront en effet en grande partie dans ce périmètre. « Nous avons encore l’occasion de franchir une nouvelle étape avec ces 200 km de Grand Paris Express qui vont innerver la Seine-Saint-Denis et le Grand Paris, et aussi les Jeux qui doivent laisser un héritage durable », soulignait d’ailleurs le président du Conseil départemental Stéphane Troussel, présent lors de l’inauguration de l’exposition aux côtés du conseiller départemental délégué au sport Mathieu Hanotin et de Bally Bagayoko, adjoint aux sports de Saint-Denis. Et de fait, avec la future gare Pleyel du Grand Paris Express, un village olympique devant déboucher sur 3100 logements et une piscine olympique de 2500 places ouverte par la suite aux habitants et aux scolaires, le quartier devrait connaître une nouvelle métamorphose.
En attendant, le spectateur peut déjà prendre le train dans l’autre sens et remonter le fil du temps, le long des grilles de la SNCF. Il y verra défiler non pas les vaches, mais une bonne partie de l’histoire du pays.

Le quartier de la Plaine en 7 dates

1720-30 - Pavage de la voie royale menant à la basilique de Saint-Denis
1882 - Création de l’usine à gaz de Saint-Denis
1963 - Construction de l’autoroute A1
années 1970 - Fermeture des derniers gazomètres
Octobre 1993-1998 - Construction du Stade de France à Saint-Denis
2024 - Jeux olympiques d’été avec la piscine olympique à Saint-Denis et le village olympique à Pleyel-Ile Saint-Denis

Pour aller voir l’exposition, empruntez la rue Luigi Cherubini, à Saint-Denis : elle est accrochée aux grilles du siège de la SNCF jusqu’en janvier 2018.

Photos : Franck Rondot

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