Safiatou Faty planche déjà sur 2024
A 18 ans, cette athlète du CA Montreuil, championne de France cadette du triple saut, rêve de Jeux à domicile sans en faire une obsession. Depuis janvier, elle fait partie du dispositif Génération 2024, qui soutient 20 espoirs sportif·ve·s du département.
De Montreuil à Saint-Denis, c’est un saut de puce, que Safiatou Faty aurait vite fait d’effectuer avec ses longues jambes de triple sauteuse. La jeune sociétaire du CA Montreuil, son club de toujours, se prend parfois à rêver de Jeux à la maison, en 2024, qui se dérouleraient à un souffle du domicile parental, de cette ville aux murs à pêches où elle a grandi et commencé l’athlétisme. « C’est sûr que parfois, je me vois sur le sautoir du Stade de France, avec la famille autour, les amis… Mais bon, j’essaie de pas en faire une fixation non plus parce qu’il reste beaucoup de chemin jusque là. », confie cette pragmatique qui dit les choses comme elle les pense.
Pour cette année 2018, la jeune femme s’est fixé de grands objectifs : les championnats de France juniors, les Mondiaux juniors en Finlande en août aussi. Histoire de relancer la machine et ne pas se reposer sur les lauriers d’une 4e place aux championnats d’Europe et surtout d’un titre de championne de France cadettes acquis en 2016. « C’était magique, mais maintenant, il faut que je m’y remette », estime la jeune femme dont le record à 13 m 03 date de cette compétition exceptionnelle vécue à Châteauroux au coeur de l’été 2016.
« Je pense avoir tous les éléments pour battre mon record cette année, mais il faut encore que ça se mette en place », dit celle qui pratique un franc-parler assez rafraîchissant : « ma saison hivernale, franchement, c’était pas ça. J’étais en dessous de ce que j’attendais », constate-t-elle sans langue de bois. Avant d’analyser : « Il faut dire que je suis en pleine année de transition. Là, je suis en train de basculer exclusivement vers le saut alors que jusqu’à présent, je faisais du saut et du sprint », souligne celle qui s’entraîne désormais uniquement avec son entraîneur Eddy Fixy.
Parmi ses objectifs, Safiatou cite aussi les Interclubs, dont le CA Montreuil est d’ailleurs tenant du titre. Révélateur pour une jeune femme qui s’identifie pleinement à son maillot bleu et jaune, frappé de la panthère noire. « Le CAM, j’y ai commencé l’athlé, j’avais 11 ans. Au départ, je ne connaissais pas du tout ce sport, j’ai juste suivi ma meilleure amie parce que ses grands-parents l’avaient inscrite », se souvient-elle. Résultat ? « Mon amie a arrêté, mais moi j’ai continué. J’ai adoré ce sport, en particulier le sprint et le saut », sourit celle qui dit rechercher avant tout « les sensations », plus que la performance en elle-même.
« En saut, la performance n’est souvent que la conséquence du bon geste », renchérit Safiatou, qui cite Rouguy Diallo, Teddy Tamgho ou encore le Cubain Pichardo parmi ses références. Forcément, le nom de Heather Arneton, la jeune prodige du saut tricolore, recordwoman du monde minime en longueur mais qui pratique aussi le triple, ne tarde pas à surgir. « Oui, tout ce monde là m’inspire. Il m’arrive de regarder certaines de leurs vidéos sur internet pour copier leurs gestes ou débloquer certains problèmes que je rencontre. »
Forcément, faire partie du collectif « Génération 2024 » la remplit de fierté. Ce dispositif départemental, qui soutient financièrement depuis janvier 20 espoirs du territoire susceptibles de participer aux Jeux olympiques de 2024, comprend aussi deux athlètes du CAM : Safiatou donc et son amie, la lanceuse de marteau Juliette Ciofani. « C’est une forme de reconnaissance, et puis ça nous aide aussi dans notre double projet (sportif et étudiant) », affirme celle qui est inscrite depuis septembre dernier en sciences de l’éducation et sciences sociales à l’université de Créteil mais qui vit encore chez ses parents.
« Voir la famille, c’est important pour moi. Je suis bien contente de pouvoir les voir plus qu’une fois par semaine », souligne cette troisième au sein d’une fratrie de cinq. Raison pour laquelle la jeune femme ne regrette pas plus que ça de ne pas être à l’INSEP (Institut national du Sport, de l’Expertise et de la Performance), dont elle estime que cela l’éloignerait pour l’instant trop de chez elle. Elle, la Montreuilloise pur jus, espère bien sûr que les Jeux 2024 seront synonymes de développement pour sa chère Seine-Saint-Denis. « Les Jeux, ça peut clairement booster le territoire au niveau logements et transports. Et confirmer qu’ici, on sait accueillir », insiste-t-elle. Un grand bond en avant en quelque sorte.
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