Bel été solidaire

Reprendre goût à apprendre

Durant les vacances et dans le cadre du Bel été solidaire, le Département a mis en place avec ses partenaires un dispositif pour aider les collégiens à apprendre en s’amusant, garder le contact avec l’école, prendre confiance en eux. Une action qui continuera jusqu’en décembre dans les villes participantes. Reportage à Saint-Ouen.

« Durant le confinement, on avait du mal à suivre. On était chez nous et on avait trop de devoir, c’était dur » explique Mazin, élève de 5ème. Ils sont une demie douzaine assis et masqués autour la table, à jouer-réviser leur français avec le jeu Bescherelle. « Là c’est bien, on s’amuse, et en fait on apprend !  » Une aide que le Département a mis en place début juillet, en lançant un appel à projet auprès de ses partenaires du dispositif ACTE (Accompagnement des Collégiens Temporairement Exclus) : villes associations…
Julien Tocque, responsable des actions scolarité au sein du service jeunesse de la ville de Saint-Ouen, explique « L’action fonctionne depuis le début juillet et plusieurs familles nous ont contactés pour nous dire qu’ils étaient satisfaits que leur enfant ait pu participer à cette action, qu’ils aimeraient bien que cela continue après la rentrée. On se doutait que cela répondait à un besoin, lorsqu’on a lancé l’action début juillet la réponse des parents nous l’a confirmé. Le fait que cela soit organisé par la ville leur donne confiance, ils nous connaissent. Beaucoup de familles sont venues pour cette action et ont ainsi pu découvrir l’ensemble de nos propositions. Certaines familles sont en fragilité et ne se sentent pas capables d’(accompagner les enfants lorsqu’ils arrivent à un certain niveau, à partir du collège pour certains c’est plus difficile. »

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Jouer et gagner en confiance

Christelle Yah Mani, étudiante en master II d’économie, anime les séances de jeu apprentissage, et même un peu plus : « J’avais peur que les enfants soient dégoutés d’être là, mais non ! Ils sont réveillés, motivés, contents d’être là. On se sent comme des grandes sœurs, on donne des conseils. L’un d’eux me disait « Plus tard je veux être vendeur de chaussures » Ok, très bien, pas de soucis. Mais tu peux faire tellement d’autres choses ! Et à force de lui parler, de le soutenir il a fini par me demander : « Les études d’avocat ça se passe comment ? » Yes ! Peut-être qu’il ne le fera pas, mais il y a pensé, il ne s’est pas auto-limité. Ce ne sont pas des élèves nuls, ils ont simplement besoin d’un peu de soutien, d’encouragements, d’être valorisés. Nous sommes Audoniennes, nous avons été dans les mêmes collèges, les mêmes lycées, ils voient que c’est possible ! »

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Stéphane Troussel, président de Seine-Saint-Denis
« Ce dispositif est une démarche volontariste du Département, qui n’est pas totalement dans le champ de nos compétences puisqu’elle s’inscrit dans le cadre d’accompagnement à la scolarité et que les départements n’ont en charge que le bâti des collèges. Je souhaitais cependant que l’on prenne cette initiative de remédiation durant le temps des vacances, elle est indispensable. Mais très clairement face aux conséquences de ce confinement et au décrochage d’un certain nombre d’élèves, des difficultés inéluctables que ce confinement aura créé en dépit des efforts des équipes pédagogiques, les initiatives que le Département, les villes, les associations auront pu mener ne suffiront pas à elles seules. Lorsque j’entendais le ministre de l’Education nationale évoquer le chiffre de 500 000 décrocheurs, je suis surpris qu’il n’y ait pas de modifications de la carte scolaire ! La carte scolaire ou les dotations horaires globales des établissements n’ont pas été modifiés depuis les débuts de cette période de crise. Or, qui peut imaginer que ces trois mois d’interruption de la scolarité, même s’il y a eu de la continuité pédagogique à distance, n’aient pas renforcé les difficultés de certains élèves. Ces initiatives à elles seules ne suffiront pas ! J’interroge l’Education nationale pour savoir ce qui est prévu pour renforcer les moyens horaires dans les collèges, renforcer la carte scolaire en Seine-Saint-Denis pour prendre en charge, sur le temps scolaire et hors scolaire, les élèves dont les difficultés scolaires auraient été accrues ».

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