Que fait le Département pour l’éducation aux médias dans les collèges ?

Grâce au dispositif Agora, 130 journalistes vont mener des ateliers auprès des collégien·ne·s de Seine-Saint-Denis. L’objectif : expliquer le rôle des médias en travaillant main dans la main avec les enseignant·e·s.

Des carrières impressionnantes, des curriculum vitae bien fournis, une motivation à toute épreuve, les journalistes qui se lancent dans l’aventure Agora débordent d’énergie et d’humilité.
Guillaume Lariche est de ceux-là : « J’aimerais faire passer un message aux collégiens », mais pour cela « le ton doit être sympathique, souriant », explique celui qui présente les infos dans le Morning de Virgin Radio aux côtés de Manu Payet.
Pour intervenir dans les collèges de Seine-Saint-Denis, ces journalistes veulent s’appuyer sur l’expérience des enseignants pour intéresser leur jeune auditoire : « Un travail de co-construction qui doit se faire avec les enseignants et les élèves », précise Richard Michel, grand reporter et membre du comité d’éthique de Canal + et de CNews.

La pratique pour comprendre les médias

Lucas Duvernet-Coppola raconte comment il a réalisé et même imprimé un journal, en 2018, avec des collégiens de Gustave-Courbet à Romainville. Journaliste pour le groupe So Presse (Society, So Foot), il pense qu’il est temps de décomplexer les élèves vis-à-vis de son métier : « Je leur ai dit qu’on pouvait très bien être un grand reporter en descendant en bas de chez soi. Il n’est pas nécessaire d’avoir fait une école de journalisme pour cela, ni d’être riche ou diplômé. C’est une démarche qui consiste à aller parler à l’autre. Les élèves avaient ramené des super trucs. »
Même son de cloche chez Lise Vogel, qui est journaliste à la rédaction de France Info : «  Je suis très heureuse de participer au projet Agora, car il fait sens pour moi. Je souhaiterais dire aux élèves qu’il n’y a pas le monde des journalistes d’un côté et eux de l’autre. Et que, parfois, tout va, il est vrai, un peu trop vite dans les chaînes d’info continue… et c’est critiquable en effet. » Cette professionnelle souhaiterait « participer à aiguiser l’esprit critique des collégiens ».

Les journalistes s’apprêtent à être soumis aux questions, voire aux critiques des élèves. Élise Bronsart, pigiste à Arte, avait choisi de capter l’attention avec un reportage sur les jeux vidéo. Au lieu de ça, ces lycéens se sont montrés plus intéressés par les questions d’éthique et de liberté de la presse : « Comment tu choisis tes sujets ? » ; « Est-ce qu’on te les impose ? ». «  J’ai expliqué alors comment fonctionnait un comité de rédaction. Comment on discutait des sujets ensemble. Comment on les choisissait. Pour Agora, on pourrait organiser la classe comme un pool de rédaction et nous comme rédacs chef. »

Découvrir le monde de la télévision

Un jeu de rôles que Marianne Tavennec souhaiterait transposer à la télé (si toutefois les mesures sanitaires le permettent) en montant un plateau avec un présentateur et quelques chroniqueurs, pour faire travailler les collégiens sur les sujets qu’ils affectionnent : « L’idée est de faire un travail concret avec eux, dont ils pourraient garder une trace. » Journaliste, documentariste et rédactrice en cheffe, elle aimerait aussi les emmener dans les coulisses d’une émission, en petits groupes, pour comprendre comment et par qui un programme télé est créé.
L’idée est que 100 % des collèges de Seine-Saint-Denis bénéficient d’interventions Agora, que ce soit des interventions ponctuelles, un parcours pour une classe ou une résidence de journalistes.

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