Water-polo Noisy-le-Sec

Première réussie en Ligue des Champions pour le Cercle 93

Vendredi 8 octobre, l’entente des trois principaux clubs du département – Noisy-le-Sec, Saint-Denis et Livry - a joué le premier match de Ligue des Champions de son histoire. Avec succès, puisque les Séquanodionysiens l’ont emporté avec la manière 13-6 contre les Espagnols de Terrassa. Une belle fête du water-polo, qui se poursuivra samedi et dimanche par deux chocs contre des cadors de la discipline : Brescia et Budapest.

« Si on m’avait dit que je jouerais la Ligue des Champions avec Noisy-le-Sec il y a 15 ans, je n’y aurais pas cru. » Mehdi Marzouki, joueur formé au club et international français, avait le smile, en ce vendredi ensoleillé. Lui qui a connu les honneurs de la Ligue des Champions avec ses précédents clubs – Kazan ou le Spandau Berlin – avait pourtant l’air d’un jeune découvrant la compétition. Et pour cause : cet enfant de Noisy-le-Sec, qui a fait toutes ses gammes à la piscine Edouard-Herriot avant de partir à l’assaut du grand monde en 2008, ressentait une joie de junior à l’idée de disputer la plus prestigieuse des compétitions avec son club formateur.
De vendredi à dimanche, dans le beau bassin extérieur de Nogent-sur-Marne, le Cercle 93, vice champion de France en 2021, récolte en effet les fruits de ses efforts en matière de formation et de quête du haut niveau : un tour préliminaire de Ligue des Champions, avec trois matches contre certains des meilleurs clubs européens - Terrassa donc, mais aussi Brescia, médaille de bronze de la dernière édition, et l’OSC Budapest, finaliste de la dernière Euro Cup, la petite Coupe d’Europe.
Florian Bruzzo, le sélectionneur de l’équipe de France et ancien du club, présent en tribunes, abondait : « Il y a eu un sacré chemin de fait depuis 2000, année où le club finissait champion de 4e division. On ne les attendait pas là si tôt, mais voilà, ils ont bien bossé, avec des dirigeants qui ont su fédérer autour d’eux, à travers des projets de haut niveau mais aussi à travers des projets éducatifs. Chapeau à eux. »

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Et l’histoire est encore plus belle dans la mesure où le premier match en Ligue des Champions du club séquanodionysien s’est soldé par une victoire : 13-6 face à Terrassa. Le club espagnol, pourtant pas un novice dans une compétition qu’il a déjà disputée il y a 2 ans, n’aura jamais été en mesure de répondre au rouleau compresseur de Noisy. Dans les deux premiers quart-temps, les locaux ont littéralement assommé les Catalans, leur infligeant un 4-1 puis un 5-1. Avec un grand Mehdi Marzouki à la manœuvre et un Antonio Petkovic inspiré (meilleur buteur avec 5 réalisations), le rythme imposé par les locaux était tout simplement trop fort. Les jeunes du club, tout de rouge vêtus, ne s’y trompaient pas en scandant : « Petko, Petko », à grand renfort de grosse caisse.

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Le vice champion olympique de Rio Antonio Petkovic dans ses oeuvres

Et si après la mi-temps, les Rouge et Noir levaient le pied, se contentant de gérer leur avance avec deux quart-temps à 2-2, l’essentiel était là : leur premier succès au plus haut niveau. Dans le dernier quart-temps, Stefan Ciric, le coach serbe champion olympique, se payait même le luxe de finir avec 4 jeunes formés au club : Denis Guérin, Yanis Aït Dahmane, Léandre Ondo Methogo et le gardien Aman Babouloul.

4 jeunes formés au club

« C’était nickel. J’espérais bien jouer un jour la Ligue des Champions, mais pas à 19 ans ! Maintenant, il faut continuer à progresser. Et si on peut se qualifier pour le tour principal, on ne se privera pas », se réjouissait après coup Yanis Aït Dahmane, tout jeune ailier arrivé au club à ses 8 ans et plongé vendredi dans le grand bain international.

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Seul petit nuage dans cette journée ensoleillée : le regret de ne pas avoir pu organiser cette fête du water-polo en Seine-Saint-Denis, faute de bassin aux normes ou disponible. La piscine de Marville, portée par le Département et annoncée juste avant le début des Jeux de 2024 devrait résoudre ce problème, mais d’ici là, le Cercle 93 se voit contraint à recourir à de solutions de fortunes, comme cet exil dans le Val-de-Marne. « Dans un département où un enfant sur deux ne sait pas nager à son entrée en 6e, on arrive à former des gamins qui jouent la Ligue des champions. Et il n’y en a pas que pour le haut niveau : nous attirons des enfants qui grâce à ce sport apprennent enfin à nager ou ont une pratique aquatique même s’ils ne peuvent pas partir en vacances », insistait Jonathan Moriamé, directeur sportif du club. Avant d’enfoncer le clou : « On doit utiliser cet atout pour qu’après les Jeux, il nous reste quelque chose. »
En attendant, le Cercle 93 ne fera pas de complexe, sûr de sa force. Le match nul des deux mastodontes de la poule, Brescia et l’OSC Budapest (10-10) vendredi, les amène à croire encore davantage en leur bonne étoile. « On va tout donner, on est outsiders dans cette compétition, ce sont les autres qui ont la pression », concluait Mehdi Marzouki, en vieux briscard. Le Cercle 93 est entré dans la danse.

Christophe Lehousse
Photos : ©Sylvain Hitau

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