Pouchard ou un tube qui a fait du bruit à Pantin
Après la transformation des Grands Moulins en bureaux, d’un atelier de chaudronnerie en galerie d’art, et d’entrepôts en agence publicitaire, c’est au tour de l’usine Pouchard d’opérer sa mutation à Pantin. Si l’histoire de cet ancien industriel du tube vous intéresse, une visioconférence du spécialiste du patrimoine Antoine Furio, le 2 février, est dans les tuyaux !
Le Nord-Est parisien a constitué un territoire de prédilection pour le développement de l’industrie de l’acier, de la métallurgie de transformation et de la mécanique. Mais la désindustrialisation frappant de plein fouet, les sites ont commencé à fermer les uns après les autres. A Pantin, les reconversions industrielles sont allées bon train et ont participé à remodeler le paysage urbain. Si ailleurs, des anciens sites ont été rasés, certains ont eu la présence d’esprit d’épargner le patrimoine industriel en essayant d’articuler renouvellement urbain avec cette préservation du patrimoine. C’est le cas à Pantin. L’histoire de l’implantation de Pouchard dans cette commune est ancienne. Elle commence rue du Centre (aujourd’hui rue Jules-Auffret) en 1927. A l’étroit dans ses locaux historiques, - ils existent toujours et sont appelés le Petit Pouchard - l’usine s’installe en 1950 rue du Cheval-Blanc sur une parcelle entre les voies de chemin de fer et le canal.
Le tube, au hit-parade industriel

Les vastes nefs d’acier et de briques de l’usine Pouchard, typiques de l’architecture industrielle de la métallurgie des années 1950-1960, sont donc préservées. Son activité tourne essentiellement autour du tube. Antoine Furio, qui a participé à la rédaction d’un bel ouvrage (1) avec Thierry Renaux sur cet établissement, rappelle que « les établissements F. Pouchard se sont fait une renommée dans l’étirage de tubes d’acier. Ils ne les fabriquent pas. Ils les achètent, les transforment et les adaptent en leur donnant toutes sortes de formes sans utiliser la moindre soudure ». Pouchard va donc ainsi travailler pour l’automobile, la construction et les chaudières industrielles. On dit même que des éléments tubulaires présents dans la façade de l’opéra Bastille, à Paris, sont issus des ateliers Pouchard…
Une cathédrale industrielle

C’est sur le site du Cheval-Blanc, après la seconde Guerre mondiale, que va se concentrer la plus grande part de l’activité. « Il est intéressant de noter, souligne Antoine Furio, que la forme massive et monumentale de l’architecture, est complètement liée au process de fabrication. Pour étirer un tube sur un banc d’étirage, les machines peuvent mesurer 30 mètres de long. Les bâtiments ont donc été construits à l’échelle de la production. » Ces véritables cathédrales industrielles sont indispensables pour étirer les tubes sur plusieurs dizaines de mètres, et les stocker d’autre part, en hauteur, empilés les uns sur les autres. Il règne à l’intérieur du site, en temps de production un bruit d’enfer ! Si le voisinage direct est concerné, ce sont au premier chef les travailleurs sur site qui sont concernés. « Quand les tubes se cognent l’un sur l’autre, ce sont des tubes d’orgue qui résonnent. Et quand ça tombe, ça fait beaucoup de bruit », peut-on lire dans La Saga du tube à Pantin. « Et quand les mots manquent, les onomatopées sont un recours de choix : « Ah, oui, c’est dingue : Bang ! Bang ! Bang ! » ou « Vramabandanblambang ! »
En 2017, l’entreprise transfère son activité à Mitry-Mory. Le site est alors repris par le développeur Alios Développement qui souhaite créer un ensemble immobilier, les Grandes-Serres, en y installant des activités tertiaires, culturelles, des services et des commerces.
(1) Pouchard, la Saga du tube à Pantin. Histoires et mutations. Editions : Lieux Dits
Claude Bardavid
Crédits photo : Collection Pouchard, Laurent Kruszyk/Région Ile-de-France
« Les Grandes-Serres », seconde vie de Pouchard
L’opération engagée sur la parcelle des usines Pouchard, face au canal de l’Ourcq, entre les laboratoires Chanel, le siège de BETC et le futur éco-quartier de la Gare, s’inscrit dans le processus de renouvellement urbain.
Sur le site (4 ha), une grande halle sera préservée et réhabilitée par l’agence d’architecture Moatti-Rivière. Sur les 3 ha restants, un campus va être réalisé. On y trouvera sur 75 000 m2, des bureaux et de la restauration. Les rez-de-chaussée, ouverts sur la rue, abriteront des ateliers et des commerces.
La Grande Halle conservée (11 000 m2) abritera un programme mixte ouvert au public : espaces de coworking et de formation, restauration, ateliers d’artistes, lieu d’exposition, salles de sport… L’académie musicale Philippe Jaroussky, basée jusqu’alors à la Seine musicale sur l’île Seguin, à Boulogne Billancourt, y trouvera une nouvelle place pour mener à bien sa mission : permettre la découverte de la musique classique à un public éloigné et l’accès à la pratique instrumentale pour de jeunes enfants.
Quant à la nature, au végétal et à l’agriculture urbaine, ils occuperont une place centrale sur près de 2 ha.
Enfin, la création d’espaces publics et d’une passerelle au-dessus du canal, permettront de relier le site au quartier de l’Eglise de Pantin et à la station de métro.
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