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Passage(s), une porte d’entrée vers les Jeux

A l’horizon 2024, les portes parisiennes d’entrée (La Villette, La Chapelle, Aubervilliers) vers les Jeux et la Seine-Saint-Denis vont évoluer. Dans le cadre d’un projet culturel, des élèves séquano-dionysiens et parisiens ont déjà imaginé nouveaux desseins et dessins pour la première nommée.

« Les CM2 d’Auber’, vous êtes là, les 6e de Paris-19e aussi ? Oui, je vous vois tous ! Alors, on peut y aller… Parlez calmement et défendez ce que vous avez à défendre, vous pouvez être fiers de vous ! » Une dernière consigne et Stéphane Schoukroun, comédien, metteur en scène et fondateur de la Compagnie S-Vrai peut lancer les débats de cette « séance unique du Parlement des enfants » organisée dans l’hémicycle du Conseil départemental de Seine-Saint-Denis, le 4 mai dernier.
Au programme : la transformation de la Porte de la Villette par ses jeunes habitants. La première étape en fait sur le chemin de Passage(s), le projet éducatif débuté l’automne dernier avec six classes de CM2 et de 6e sélectionnées au sein de six établissements scolaires de Pantin, Aubervilliers et du 19e arrondissement de Paris. Conçu sur une durée de trois ans et co-construit par le Département de la Seine-Saint-Denis, la Maison du Geste et de l’Image à Paris et la compagnie (S)-vrai, Passage(s) a retenu un soutien financier du Conseil Départemental dans le cadre des « 24 actions pour les Jeux, le plan départemental d’accompagnement pour contribuer au succès du projet olympique et constituer un héritage pour le territoire et ses habitants. » 
Un projet également dans le droit fil de la convention établie en juin 2016 entre Paris et la Seine-Saint-Denis qui s’est donné l’objectif de faire des JOP 2024, des « accélérateurs du rapprochement » entre les deux collectivités locales. Laquelle convention porte entre autres l’ambition de « transformer les portes (La Villette, La Chapelle et Aubervilliers) des Jeux Olympiques et Paralympiques. » Mais aussi de tisser des liens d’échange entre jeunes parisiens et séquano-dionysiens. Dont acte, ce vendredi 4 mai à Bobigny ou écoliers et collégiens de Paris et de la Seine-Saint-Denis se prennent au jeu de redessiner la Porte de la Villette au bout d’un travail d’écriture et de recherche commencé en octobre dernier avec l’aide d’une urbaniste Solen Guedas, spécialiste des « implications citoyennes dans les projets urbains. »

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De la suite dans les idées…

De quoi étaler de nombreuses notes devant eux et pouvoir donner de la voix. Sans forcément prendre de gants comme le font les sixièmes de Jean-Moulin à Aubervilliers qui posent vite le débat en laissant leur porte-parole, Khadidja, monter au créneau : « La Porte de la Villette, c’est moche et ça sent mauvais, s’exclame-t-elle.
Une bonne manière de mettre les pieds dans le plat et de donner à Stéphane Schoukroun, qui joue un président de séance drapé dans sa sévérité, l’occasion de poser les objectifs de la séance du jour : « Certes, la Porte de la Villette est dans un état déplorable mais l’objet du projet Passage (s) est précisément de donner à entendre des propositions qui pourraient être mises en œuvre par la suite. »
Et à les écouter faire défiler leurs projets, c’est vrai que jeunes parisiens et séquano-dionysiens ne manquent pas de suite dans les idées pour « leur » Porte de la Villette. Les sixièmes d’Aubervilliers ont par exemple imaginé de faire des 145 000 mètres carrés et 35 étages de la Tour de la Villette, aujourd’hui quasiment inoccupés, un « centre de réconciliation » avec un accueil pour les migrants où un étage serait consacré aux rencontres avec le voisinage. Et parce que « l’utopie est la réalité de demain », clame Anaïs élève de CM2 de l’école Jean-Macé d’Aubervilliers en citant Hugo, d’autres propositions vont fuser comme la création d’une école du recyclage dans la même Tour de la Villette pour « la rendre la plus autonome possible. » Avec à la clé « la création de la voiture du futur XD 3000 qui aspirerait l’air pollué de la place et le transformerait en air pur. » Du côté du Collège Jean Moulin d’Aubervilliers, on pense aussi «  à repeindre les routes de La Villette en vert. »

Exposition et spectacle théâtral

Du vert au blanc, il n’y a qu’un pas que le président de séance Stéphane Schoukroun franchit en proposant de rassembler « les propositions faites dans cette assemblée dans un futur livre blanc constitué avec l’aide de vos enseignants et qui sera envoyé aux élus et à la presse. » Fin de séance sur cette promesse. Une collégienne de Jean-Lolive à Pantin est, elle, restée bien campée dans son rôle et ses projets d’avenir : « Ah, non, c’est pas fini ! On a encore pas mal de boulot ! »
Une fois quitté son siège de président d’un jour, Stéphane Schoukroun se projette, lui aussi, déjà vers la suite de Passage(s) : « Tout va continuer à la rentrée avec la mise en place d’une exposition au Pavillon de l’Arsenal à Paris qui donnera forme aux propositions des élèves avant la création d’un spectacle théâtral qui sera le dernier volet de ce Passage(s) construit sur trois ans. On devrait continuer d’y retrouver la même générosité, la même préoccupation de l’autre, mises dans les premières propositions formulées. Et c’est bien la force de ce que nous faisons, on part de l’expérience vécue des habitants, on donne la parole à la jeunesse pour avancer avec elle. »
Une manière de procéder en se coltinant au réel pas inutile en matière pédagogique, juge Floriane Czech, institutrice à l’école Jean-Macé d’Aubervilliers : « Un tel projet, c’est très constructif pour aider les élèves dans leur prise de parole, ça les aide énormément parce que ça les met aussi en valeur, ça porte toute une classe en fait. » La Villette qui bouge et se bouge à l’horizon des Jeux, c’est donc aussi une envie de dire « je »…

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