Escrime J.O.P Tokyo Bondy

Ndeye Bineta Diongue, la médaille de la ténacité

A 33 ans, cette épéiste de l’AS Bondy est parmi les premières Sénégalaises à concourir à des Jeux. Sa participation est en soi déjà une victoire, elle qui avait déjà tenté de se qualifier pour Londres 2012 et Rio 2016. Une réussite à laquelle elle associe largement son club séquanodionysien.

« Ma présence ici, c’est déjà pour moi une médaille olympique » Dans sa chambre du village olympique de Tokyo, Ndeye Bineta Diongue doit encore se pincer pour y croire. Dans quelques heures, elle va disputer le tournoi d’escrime des Jeux, à l’épée. Et tant pis si elle a fait le choix de ne pas participer à la cérémonie d’ouverture, trop énergivore si proche de la compétition (elle matche dans la nuit du vendredi au samedi, heure française).
Pour en arriver là, la Sénégalaise de 33 ans aura littéralement dû ferrailler, dans tous les sens du terme. « J’ai tellement galéré pour réaliser mon rêve de participation olympique, vous ne pouvez pas savoir. Je n’avais pas de bourse de mon pays, où l’escrime n’est pas un sport populaire. J’ai dû me débrouiller avec les moyens du bord. », se souvient celle qui court après son rêve olympique depuis 2012.

3 saisons à Bondy

Dans les qualifications pour Londres 2012, pas de réussite. Trop tendre. Même issue pour Rio 2016, où la native de Dakar s’était « mis trop de pression ». La troisième sera la bonne : le 23 avril dernier, Ndeye Bineta remporte le tournoi de qualification de la zone Afrique au Caire, synonyme de billet pour Tokyo. « J’en ai encore les larmes aux yeux », souffle celle qui n’oublie pas d’associer à sa qualification les clubs de Saint-Maur des Fossés et de Bondy.
Saint-Maur des Fossés, pour son maître d’armes Daniel Levavasseur, auprès de qui la Sénégalaise est venue chercher conseil à partir de 2015 dans sa quête du Graal olympique. L’AS Bondy pour l’avoir intégrée dans son équipe et lui avoir ainsi permis d’enchaîner les compétitions.
« C’est Lauren Rembi, qui s’entraînait un moment donné avec Levavasseur, qui a fait le lien avec l’AS Bondy, explique Mélanie Verrier, la présidente de Bondy. A ce moment-là, Ndeye n’avait pas les moyens de se payer les déplacements pour tourner sur les circuits français. On lui a donc proposé de compléter notre équipe (constituée de Lauren Rembi, Joséphine Jacques-André Coquin et Mélanie Verrier). Ça fait maintenant 3 ans qu’elle est à nos côtés, et nous sommes bien plus que des coéquipières ! »

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Littéralement mordue d’escrime, Ndeye Bineta le rend bien à la Seine-Saint-Denis. Possédant ses diplômes de maître d’armes, elle a pris l’habitude d’écumer l’Ile-de-France pour dispenser des cours d’escrime et de baby-escrime, dès 5 ans. « La transmission, j’aime vraiment ça », confie l’épéiste, qui s’attache notamment à rappeler à tous les jeunes de ne pas se mettre de barrières. « J’aime répéter qu’il ne faut jamais écouter celui qui vous dit : « ça, vous ne pouvez pas ». Au contraire, il faut croire en ses rêves. », insiste celle dont l’histoire rappelle celle de la comédie « Goodluck Algeria », de Farid Bentoumi : l’histoire vraie d’un Algérien passionné de biathlon, qui remue ciel et terre pour vivre son rêve olympique.
Au Sénégal, l’escrime est peut-être un peu moins exotique que le biathlon en Algérie, mais tout de même… Chez les femmes, seules deux athlètes ont représenté le Sénégal à des JO avant Ndeye Bineta : Aminata Ndong, à l’épée et Nafi Touré, au sabre, les deux lors d’Athènes 2004. Alors, comment diable Ndeye Bineta est-elle tombée dans la marmite ? « C’est un collègue de mon père qui avait reçu une formation en escrime. Il cherchait du coup des jeunes à entraîner et avec des copains, on s’est pris au jeu. Moi j’ai choisi l’épée parce que les autres armes (fleuret, sabre) , je trouvais ça vraiment compliqué et mois intuitif… »
Et maintenant ? Attention, les rêves ne sont pas des miracles. En 32e de finale, la Sénégalaise sera opposée samedi à la vice championne du monde de la discipline, la Chinoise Lin Sheng… « Un gros os », rigole-t-elle. Pas grave : Bineta vit déjà un rêve éveillé. Goodluck Sénégal.

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