Biodiversité Sevran

“Mieux on connaît la biodiversité, mieux on peut la protéger”

Lucille Bourgeais, responsable pédagogique de la Ligue de Protection des Oiseaux, a son bureau dans le magnifique parc de la Poudrerie à Sevran. Rencontre.

Imaginez votre bureau dans un parc, tel celui de la Poudrerie, où pour vous y rendre tous les matins, il vous faut cheminer dans un espace qui constitue un véritable poumon vert pour le département. Là, entre chênes, charmes et châtaigniers, guidée par le gazouillis matinal des oiseaux, Lucille Bourgeais, responsable pédagogique de la LPO, rejoint à pied son lieu de travail, le pavillon Gustave-Maurouard. « Je dois l’avouer, mais c’est en toute sérénité, après cette petite marche, que je rejoins ma table de travail », annonce en souriant la jeune femme. Son bureau, installé face à la fenêtre, lui permet d’avoir une vue imprenable sur le parc et de pouvoir observer les oiseaux qui s’approchent de cette fenêtre. Les jours de beau temps, l’équipe à l’heure du repas s’installe dehors dans un cadre enchanteur. Lucille est d’autant plus sensible à ce lieu qu’elle y a développé, avec le soutien de l’Agence régionale de la biodiversité et de l’Observatoire départemental de biodiversité urbaine, un programme de formation ornithologique. « Nous l’avons entrepris car nous souhaitions mettre à la disposition du grand public mais aussi de nos bénévoles et de nos adhérents une formation accessible et gratuite. Grâce à celle-ci, ils possèdent les bases pour pouvoir reconnaître les oiseaux et participer aux différents protocoles. Mieux on connaît la biodiversité, mieux on peut la protéger. »

Respect de la nature

Était-ce de fouler pieds nus du haut de ses 4 ans l’herbe fraîche de la campagne nantaise lors de ses balades en famille et de côtoyer de petites bestioles, toujours est-il que Lucille Bourgeais (29 ans) a acquis très tôt le goût et le respect de la nature. « Moi ce qui me passionne vraiment, c’est la transmission ! » lâche-t-elle. Installée en Seine-Saint-Denis, elle est responsable pédagogique pour toute l’Ile-de-France de la Ligue de protection des oiseaux. « Le champ d’action et d’intervention de la LPO s’est élargi en devenant une association naturaliste. Nous nous intéressons aussi bien aux chauves-souris, qu’aux oiseaux, aux plantes, aux criquets, aux sauterelles qu’aux mammifères… À la biodiversité dans sa globalité. »

« Label Biodiversité »

Parmi les projets développés avec la Direction de la nature, des paysages et de la biodiversité du Département en direction des collèges, figure un programme dénommé « Label Biodiversité ». « Il s’agit pour les collèges de s’engager à mettre en place des aménagements en faveur de la biodiversité dans leur établissement. » Un partenariat s’est ainsi noué avec le Département et le collège Honoré-de-Balzac, à Neuilly-sur-Marne depuis plusieurs années. « Petit à petit des nichoirs ont été installés, des mangeoires pour oiseaux et des gîtes à insectes ont vu le jour. Puis une mare a été aménagée afin d’accueillir des amphibiens et des plantes. Ce projet a été complété avec des petites prairies à insectes, des gîtes à chauve-souris et pour finir un petit potager. » Tous les collèges participant à ce projet sont reliés en un réseau et chaque année, au mois de juin, une journée de restitution du Label Biodiversité est organisée au parc du Sausset.

« Natura 2000 »

En Seine-Saint-Denis, quinze parcs et forêts sont classés en site Natura 2000, pour préserver douze espèces d’oiseaux rares. Un cas unique en Europe ! « Dans le parc de la Poudrerie, il existe des espèces d’oiseaux que je rencontre tous les jours, qui aident au classement d’un site. Pouvoir entendre crier tous les matins le pic noir et suivre sa nidification, c’est magique, alors que nous sommes dans un parc très fréquenté en pleine zone urbaine ! »s’exclame Lucille. Chaque hiver, au parc du Sausset, dans la zone des marais, on peut découvrir des regroupements de bécassines. « Ce sont des espèces pas toujours faciles à observer et qui ne nichent plus en Ile-de-France. Et là, elles se posent au milieu de l’aire de jeux et des promeneurs car elles ont trouvé une zone favorable, au milieu de tous ces habitants qui ne soupçonnent pas cette biodiversité ! » Quant au butor, si difficile à apercevoir en Brière, qui niche discrètement dans les roselières, au Sausset, il se montre à tous sans crainte. « C’est tout à fait paradoxal et étonnant de pouvoir observer ces espèces timides et fragiles dans ces parcs très fréquentés », souligne-t-elle.

Dans son jardin…

Installée en Seine-Saint-Denis depuis près de 7 ans, Lucille Bourgeais est du genre à mettre en pratique elle-même ce qu’elle prêche pour les autres. Question d’éthique et de valeurs. Alors, dans son jardin, elle a installé des nichoirs à oiseaux, un hôtel à insectes afin de favoriser les pollinisateurs, notamment les abeilles sauvages, un gîte à chauves-souris, mis en place le compostage, planté des arbres fruitiers, organisé un potager et accueilli…quelques poules. « Je mets en pratique au quotidien, dit-elle, les valeurs que je véhicule à travers mon métier. »

Photographie Bruno Lévy

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