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Maily Nicar vice-championne d’Europe

Mercredi 23 novembre, Maily Nicar est devenue vice-championne d’Europe chez les moins de 75 kg. Une performance pour la puncheuse d’Aubervilliers, qui a commencé la boxe il y a seulement deux ans. Nous avons suivi le combat depuis la salle du Boxing Beats, son club.

Les mercredis après-midi au Boxing Beats d’Aubervilliers, les sacs de frappe goûtent un repos de courte durée. Les enfants sont bien là, mais les gants sont encore dans le sac et les cahiers sont de sortie pour du soutien scolaire. Mathilde et Tony, les deux bénévoles ont un peu de mal à les garder concentrés sur le français, les mathématiques… Les apprentis boxeurs trépignent en attendant de regarder en direct la finale européenne de Maily Nicar, comme eux licenciée au club de Saïd Bennajem. « Elle a commencé la boxe il y a deux ans seulement, raconte l’entraîneur, et au bout de vingt combats, elle est en finale européenne ! » Maily Nicar a pour elle un physique forgé au cours d’année d’athlétisme et une force de travail impressionnante. « Elle est venue pour un essai. Dès qu’elle est sortie du vestiaire, avec un top façon « Marcel », j’étais ok pour l’entraîner. Un physique pareil, il ne faut pas passer à côté. » Le patrimoine génétique ne fait pas tout et Saïd Bennajem a passé avec de longues heures d’entraînement, deux fois par jour, pour peaufiner la technique. « Ce n’était pas simple pour elle. Elle arrivait de Belgique, il fallait qu’elle déménage, poursuive ses études de kiné, trouve un logement… Je l’ai mise en contact avec une kiné que je connaissais, ça l’a aidée et maintenant elle est diplômée et habite à Rosny-sous-Bois. »

Mais pour l’heure, pas question de massage, la finale commence ! Devant l’écran de l’ordinateur, garçons et filles ont les yeux fixés sur la boxeuse en bleu, en face de l’Anglaise Natasha Gale en rouge. Première reprise, Saïd est encore calme, les enfants se renseignent :
« C’est où ?
- En Bulgarie
- Où c’est ça ? Près de Rio ? »
Mathilde la bénévole reprend : « Bon, il va falloir se remettre à la géo... »

Après deux reprises, Saïd s’impatiente. « Maily est trop attentiste, elle recule, ne travaille que sur un coup. Son adversaire n’est pas très active non plus, mais elle tente un peu plus. C’est serré... »
Troisième reprise, Maily Nicar est plus sur l’avant, prend l’initiative et après un enchaînement de crochets corps-face, Saïd Bennajem s’écrie : « Oui, comme ça ! Allez Maily, envoie plus ! Va la chercher ! » Les enfants reprennent : « Ouais ! Vas-y Maily ! »

Quatrième et dernière reprise, le combat s’équilibre, pas une des deux finalistes ne se détache franchement jusqu’au dix dernières secondes. Natasha Gale, plus expérimentée, accélère sans véritablement toucher mais donne une meilleure dernière impression aux juges. Saïd doute : « Ce sera serré, la troisième est pour elle, mais les autres... » Sans surprise, l’arbitre lève la main de la boxeuse en rouge. « Elle a perdu alors ? Vraiment ? » demande Aïssa, incrédule. « Et oui, répond Saïd Bennajem. La boxe c’est ça aussi, il faut savoir perdre et revenir. »

Après quelques minutes, l’entraîneur relativise sa déception : «  Elle est tout de même vice-championne d’Europe, ce n’est pas rien. » Il regrette cependant de ne pas avoir été dans le coin de sa boxeuse durant cette finale. « Les entraineurs nationaux sont excellents en technique, mais ils ne connaissent pas les boxeurs comme les entraîneurs de club. Eux les ont durant des stages, des sessions de quelques jours. Nous, c’est toute l’année, matin et soir. Nos boxeurs, nous les connaissons par cœur ! Et pendant une finale, il n’est plus question de technique, mais de trouver les mots justes pour chaque boxeur. Ça peut être un souvenir, un rêve, une image… Maily, il faut la mettre en colère. Là, elle se donne ! C’est peut-être ce qui lui a manqué aujourd’hui. On va travailler ça... »

Vice-championne d’Europe, «  quand même pas si mal... »

Le lendemain, nous avons joint Maily Nicar au téléphone pour lui demander ses impressions :

« Aujourd’hui, ce qui prédomine, c’est quand même la satisfaction. Je me dis que je termine vice-championne d’Europe après deux ans de boxe, et que c’est quand même pas si mal. Après, c’est vrai que j’ai mis du temps à me libérer dans ce combat, et ça m’a porté préjudice. Je ne sais pas trop pourquoi j’ai eu du mal à rentrer dans cette finale. Je ne me suis pas laissée aller comme d’habitude. C’était plus un état de stress lié à la compétition qu’à l’adversaire. Je n’arrivais pas à dédramatiser et à me dire que c’était une compétition comme une autre. »
« Après ce premier titre international, je vais me reconcentrer sur les deux autres objectifs de cette saison : les France en février 2017 puis les championnats d’Europe par équipes. Tokyo 2020, j’y pense bien évidemment, mais il peut se passer tant de choses d’ici là ! »
« Pour m’accompagner sur ce chemin, je suis bien entourée. Au Boxing Beats, il y a Saïd, il y a Sarah (Ourahmoune, médaillée d’argent aux Jeux de Rio), que je vois de temps à autre. Avec elle, on peut beaucoup échanger. Elle vous rappelle toujours la persévérance, de ne pas céder aux pensées négatives, de ne jamais vous décourager. Pour moi, c’est un modèle à suivre, et pas que sur un ring : ce qui me plaît, c’est qu’elle est complète, elle a su monter un projet de vie qui dépasse le cadre de la boxe. Je m’y retrouve bien. »

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