Seine Saint-Denis
Ultimate Noisy-le-Sec

Les reines du frisbee

La meilleure équipe féminine d’Europe d’ultimate, c’est Yaka à Noisy-le-Sec ! A force de travail, de jeu collectif et de bonne humeur, le 3 octobre les Noiséennes ont détrôné les reines européennes du Shout de Bologne. Vidéo.

C’est juste une histoire de sport. Une histoire de femmes passionnées, déterminées à tout donner pour jouer ensemble. Car il en faut, de la passion pour braver les embouteillages et venir s’entraîner de nuit deux fois par semaine deux heures durant sur un terrain de foot synthétique de Noisy-le-Sec, quels que soient la température, le vent, la pluie… Pour s’infuser seule le programme de préparation physique, celui qui fait mal aux jambes en enchaînant les courses fractionnées. Pour consacrer ses week-ends à un déplacement à l’autre bout de la France, en Belgique, poser des jours congés pour une grande compétition et y partir entassées dans les voitures, un car c’est trop cher…. Tout cela pour pratiquer une discipline, l’ultimate, qui de ce côté de l’Atlantique, a peu de chance de faire l’ouverture du 20h…

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Tout est parti de l’envie de jouer ensemble, le plus possible, au meilleur niveau possible. En 2005, Géraldine Verzeaux et Raphaele Hurel, deux joueuses qui évoluaient dans l’équipe mixte du club Iznogood de Noisy-le-Sec (une des singularités de ce sport), proposent à d’autres filles rencontrées lors des matches de monter une équipe strictement féminine, pour disputer les plus grandes rencontres européennes. Le nom de l’équipe résume bien l’état d’esprit de ces femmes : Yaka ! On en a envie, on le fait ! Quitte à se déplacer régulièrement à l’étranger pour jouer, faute d’adversaires en France. En 2007, le championnat de France féminin est créé, et depuis à l’exception de 2008 (il neigeait…) les Yaka ont toujours été championnes de France !

Des copines à la conquête de l’Europe

Restait à conquérir la couronne européenne… Pas si simple, en Italie, en Allemagne, en Irlande, on lance beaucoup plus le frisbee que dans l’hexagone ! Mais année après année, Yaka progresse : médaille de bronze en 2017, en 2018 défaite en demi-finale contre les championnes d’Europe de Bologne… Puis l’interruption de la Covid. Alors cette année, les filles de Yaka avaient tout de même quelques doutes sur la route jusqu’aux championnats d’Europe à Bruges : est-ce qu’elles avaient gardé cette force du collectif indispensable à l’ultimate ? « Le porteur du frisbee ne peut pas se déplacer, explique Aline Mondiot, capitaine noiséenne. Et pour marquer, il faut recevoir le disque dans l’en-but adverse. Donc, le dernier geste est une passe, il ne peut pas y avoir d’exploit d’individuel en ultimate, obligé de jouer collectif ! » Et Aline Mondiot sait de quoi elle parle. Internationale française, régulièrement sélectionnée en équipe d’Europe, elle est l’une des meilleures joueuses au monde, une des très rares à être aidée par un équipementier.

A Bruges, Yaka enchaîne les victoires, jusqu’à retrouver leurs meilleures ennemies, les Shout de Bologne en finale. La première mi-temps est serrée et même remportée 7-8 par les Italiennes. Mais dans la deuxième période, les Bolognaises fatiguées ne parviennent plus à monter la sauce, tandis que Yaka multiplie les interceptions, que les lancers précis et la vision du jeu d’Aline Mondiot n’en finissent pas d’émerveiller les commentatrices anglaises de la finale sur ulti.tv Et les Noiséennes gagnent 15-9 ! Sourire en coin, Anne La Borgne, un pilier de Yaka, résume sobrement : « Dans la deuxième mi-temps, on leur a mis 8-1 dans la vue, aux championnes… »
Place alors à la deuxième spécialité des filles de Yaka… La fête entre copines ! Pas la peine de raconter, mais les plus raisonnables sont rentrées chez elles le lundi matin pour reprendre le travail tandis que d’autres ont préféré sortir le joker RTT…

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L’aventure des filles de Yaka n’est pas près de se terminer. Pour assurer la relève, Noisy-le-Sec compte désormais des équipes de jeunes filles, formées à l’art du lancer du disque, des courses successives, des réceptions acrobatiques, de l’auto-arbitrage et des rires entre copines. Quant aux joueuses les plus âgées, pas question d’arrêter : «  Chaque année au mois d’octobre, explique Géraldine Verzeaux, toutes les anciennes se retrouvent pour jouer ensemble à Barcelone. Il y a la plage, les bodegas… Le nom de l’équipe ? Les Cougars ! » Intenables…

Photos : Nicolas Moulard

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