Le stade qui a changé la ville
La construction du Stade de France pour la Coupe du monde 1998 de football a complètement transformé la Plaine Saint-Denis et ses friches industrielles désertes. Retour sur un passé pas si lointain.
Dans les années 80 à 90, il n’y avait franchement pas de raison de s’aventurer dans la Plaine Saint-Denis. Entre une autoroute A1 à ciel ouvert et infranchissable et le canal Saint-Denis, le promeneur ne rencontrait qu’une succession d’usines abandonnées aux portails clos, et lorsque de loin en loin les murs gris laissaient apparaître un bout d’horizon, le ciel était barré par les squelettes métalliques des derniers gazomètres…
Comme elles étaient loin les années 50 où La Plaine était l’un des territoires européens comptant le plus d’emplois ! Des milliers d’ouvrier·e·s travaillaient alors dans des usines de métallurgie, de pétrochimie... La décentralisation industrielle (1950-1965), la crise économique (1970-1980) puis les effets de la mondialisation (1980-1990), ont eu raison de cette population venue de Bretagne, d’Italie, d’Espagne, du Maghreb…
La Plaine, stade deux
Tout change lorsqu’en 1992 la France obtient l’organisation de la Coupe du monde de football 1998. Il n’existe pas alors en France de stade de 80 000 places à la mesure de l’événement. En concurrence avec Melun-Senart, c’est finalement Saint-Denis qui l’emporte. Celui qu’on appelle encore le Grand stade sera construit à La Plaine-Saint-Denis, sur le lieu-dit Cornillon nord, à l’emplacement de l’ancienne usine de production de gaz qui chauffait la capitale avant l’avènement du gaz naturel. Propriété de la Ville de Paris qui l’a gracieusement cédé, ce terrain était le périmètre aménageable le plus proche de la capitale (1,5 km), le plus vaste (17 hectares) et idéalement placé au croisement des autoroutes A1 et A86, à proximité de deux lignes de RER et de la station de métro Porte de Paris sur la ligne 13.
Le projet des architectes Michel Macary, Aymeric Zublena, Michel Regembal et Claude Costantini a séduit le jury . Le nombre de places est de 75 000 pour l’athlétisme, 80 698 pour le football et le rugby tandis que les concerts peuvent y réunir jusqu’à plus de 96 000 spectateurs grâce à des tribunes basses rétractables.
Son coût total est de 2,7 milliards de francs, financé à 47% par l’Etat et 53% par le secteur privé.
Les travaux débutent le 3 mai 1995 et 1300 personnes travaillent sur le chantier, embauchées par 200 cents entreprises. Une année entière est nécessaire pour poser la seule toiture : 6 hectares, 18 poteaux de 60 m de haut en formes d’aiguille, 13 000 tonnes et 25 000 boulons ! !
Autour du stade, la vie reprend
Avec le Stade, Saint-Denis obtient que 3 milliards de francs (plus de 600 millions d’euros) soient investis dans l’aménagement local. L’autoroute A1 est couverte, deux nouvelles gares RER sont construites ainsi qu’une passerelle au-dessus du canal pour relier la cité du Franc-Moisin, plus la création de rues, de places… Tout est en place pour la construction de 200 000 m2 de bureaux et plusieurs centaines de logements. La Plaine Saint-Denis devient le deuxième pôle tertiaire d’Île-de-France après La Défense et accueille SFR, Orange, Générali, la Cité du cinéma, des plateaux de télévision…
Dans un froid polaire, le Stade de France a été inauguré le 28 janvier 1998 lors d’un match France-Espagne, remporté 1-0 par les Bleus grâce un but de Zidane, évidemment ! Depuis, il y a eu le fameux « 1, 2 et 3 zéros ! » du 12 juillet 1998, mais aussi un championnat du monde d’athlétisme en 2003, une Coupe du monde de rugby en 2007, l’Euro de football 2016, des dizaines de concerts… Autant d’événements qui ont permis au monde entier de situer Saint-Denis sur la carte, pour mieux s’y rendre lors des Jeux olympiques de Paris et de la Seine-Saint-Denis en 2024 !
JOP 2024, l’héritage à venir
Lors des JOP de 2024, le Stade de France recevra les épreuves d’athlétisme, de rugby à 7 et de para-athlétisme. Il a été un des éléments indispensables à l’attribution des Jeux à Paris et en Seine-Saint-Denis. L’arrivée de ces Jeux a donné l’impulsion pour réaliser des projets utile à la population qui auraient mis des années à se concrétiser. C’est ainsi qu’à proximité du stade, un terrain de 12 hectares dont l’aménagement piétinait recevra le Centre Aquatique Olympique, seul équipement sportif pérenne construit pour les Jeux de Paris 2024. Après les JOP, les habitant·e·s pourront y nager, jouer au football à 5, au paddle et y pratiquer le fitness. Une passerelle au-dessus de l’autoroute le reliera au Stade de France.
Photo : Stade de France® - Macary, Zublena et Regembal, Costantini - Architectes, ADAGP - Paris 2021 photographe F. Aguilhon,
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