Le food-truck de la PJJ 93, la jeunesse aux fourneaux
Depuis deux ans et demi, le service territorial éducatif et d’insertion de la Protection Judiciaire de la Jeunesse de Seine-Saint-Denis - administration qui s’occupe de mineurs sous main de justice- a lancé un food-truck animé par les jeunes de cette antenne. L’objectif : travailler avec eux un projet professionnel à partir d’un outil fédérateur.
Garé dans la cour de l’Unité éducative d’activités de jour de Villemomble, le « P’tit truck en plus » est déjà prêt à repartir. Sur sa belle devanture bleue et blanche, on lit encore le menu de la dernière sortie : beignets maïs-cheddar-mozza-ciboulette en entrée, Poke bowl en plat de résistance, compote pommes-fraises-amandes en dessert. Tout ça pour 8 euros avec boisson, et 100 % fait maison s’il vous plaît ! Difficile à battre...
« Le food-truck, j’aime vraiment. C’est un projet qui donne confiance. C’est du boulot, mais on a souvent des compliments des clients ! » Arrivé à l’Unité de Villemomble en mars, Evan, 16 ans, a tout de suite accroché avec ce concept de vente de plats ambulante, le seul actuellement mis en place dans toutes les antennes de la PJJ de France. Son acolyte Gabriel, 16 ans lui aussi, valide : « Ça apprend à travailler en équipe ! »
Dans ce service de la PJJ du 93- qui compte également une unité à Pantin et une autre à Saint-Denis – on accueille des mineurs en danger ou ayant eu maille à partir avec la justice. Objectif : travailler avec eux leur insertion sociale et leur projet professionnel. Une mission que le food-truck relève avec brio. « Quand le restaurant d’application aux côtés du lycée Paul-Eluard de Saint-Denis a fermé, on a réfléchi à un possible relais. Et c’est là que l’idée du foot-truck a surgi, notamment à l’initiative du directeur territorial de la PJJ 93, M.Brihat », se remémore Julien Angwe-Nze, directeur du Service Insertion de Villemomble.
Ce food-truck, qui stationne souvent devant les bâtiments de l’administration centrale du ministère de la Justice à Aubervilliers ou la préfecture de Bobigny, on le doit notamment à l’énergie déployée par Nicolas Mermet, professeur technique de cuisine qui a participé au lancement du dispositif il y a 2 ans et demi. « L’atout du food-truck, c’est qu’il attire les jeunes par son côté aventure. Il s’agit d’une cuisine ouverte, donc la valorisation est instantanée. Au départ, les jeunes sont intimidés par la relation avec le client, mais très vite, ils se prennent au jeu », explique ce cuisinier qui connaît son affaire puisqu’il aura auparavant lancé quatre camions pour le Crous de Paris.
Un quart des jeunes enchaînent en formation
Mais le food-truck, qui s’adresse avant tout à des jeunes entre 15 et 20 ans, ne se limite pas à la vente physique sur place. « La veille de la sortie, on prépare les plats à 5 ou 6. Parfois, le chef nous associe au menu quand on commence à prendre un peu d’expérience. Le lendemain, on sort pour vendre les plats préparés avec le food-truck. On peut parfois passer 2 heures à fond, sans lever la tête », abonde Evan tandis que Gabriel, plus discret, hoche la tête à ses côtés.
Le premier se prend à rêver d’inscription dans un CFA restauration, où ce grand amateur de gâteaux aimerait se spécialiser en pâtisserie. Le deuxième se laisse encore le temps de définir les contours de son projet. « Même s’il est parfois compliqué d’avoir un programme de formation sur 6 mois, en raison du turn-over assez fort des jeunes, les résultats sont assez bons : sur les 24 jeunes accueillis à l’année, un quart part en général sur de la formation et certains passent même des Certificats de Qualification Professionnelle en restaurant d’application », détaille Nicolas Mermet, 20 ans de cuisine derrière lui.
Au passage, les éducateurs en profitent aussi pour faire de la sensibilisation à la lutte contre la malbouffe. « On essaie de développer chez eux des réflexes de bien manger, de préservation de l’environnement », insiste Julien Angwe-Nze, qui rappelle ainsi que les 24 jeunes sont notamment allés visiter cette année le Potager du Roi à Versailles.
Depuis septembre, le « P’tit truck en plus » a repris du service. Avec très certainement de nouveaux lieux programmés sur son itinéraire : « On veut diversifier les endroits pour ne pas tomber dans la routine, pour continuer de maintenir à flot la motivation des gamins », précise Nicolas Mermet. Alors, ouvrez l’oeil : le Poke bowl made in PJJ, c’est un vrai truc en plus !
*Les prénoms des jeunes ont été changés
Christophe Lehousse
Photos : ©Nicolas Moulard
Dans l'actualité
La graffeuse Kashink s’empare de la Street Art Avenue
Reconnaissable à sa moustache, la graffeuse Kashink complète la liste des street artistes qui investissent la Street Art Avenue, ce « musée à (...)
Prix Natura 2000 : votez pour nous !
Les finalistes des Grands prix européens Natura 2000 viennent d’être annoncés. Parmi eux, figurent le Département.
Réaménagée, la RD 932 aux couleurs des Jeux
Au Bourget, le long de la route départementale 932 (RD 932), le Département adapte l’espace public aux attentes des habitant·e·s en faisant (...)
Recruter inclusif en Seine-Saint-Denis
Le Département a lancé le 21 mars à Rosny-sous-Bois le réseau "Employeur'Habilité" destiné à aider les entreprises à recruter autrement en (...)
La Tour Pleyel se mue en hôtel
Familière dans le paysage de Seine-Saint-Denis, la tour Pleyel fait peau neuve et devient le H4 Hotel Wyndham, Paris Pleyel Resort. Lars (...)
Sophye Soliveau : « La musique a toujours fait partie de ma vie »
Harpiste et chanteuse de choeur, l'artiste Sophye Soliveau était à l'affiche du festival Banlieues Bleues. Elle dévoile ce vendredi 22 mars son (...)