Saint-Ouen Football

Le Red Star a 120 ans- Que sont-ils devenus ?

Tous, à un moment ou l’autre, ils ont marqué l’histoire du club à l’étoile rouge. Et puis, on les a perdus de vue. A l’occasion des 120 ans du Red Star dont les statuts ont été déposés le 12 mars 1897 par Jules Rimet, nous les avons retrouvés.

 Guy Garrigues, joueur de 67 à 75- capitaine

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@DR
Les neuf années qu’il a passées à Saint-Ouen n’ont pas gommé son accent du sud. En 1967, Guy Garrigues, jeune stagiaire du Toulouse FC, avait déboulé rue du docteur Bauer après une improbable fusion entre le Red Star et le club de la ville rose. A l’époque, le Red Star jouait encore en première division et Jacky Simon, Nestor Combin ou encore Roger Magnusson faisaient les belles heures du club du « milliardaire rouge » Jean-Baptiste Doumeng. Petit à petit, Garrigues, l’ailier reconverti arrière – « mais attention, pas un arrière frileux hein, moi j’aime le foot offensif » - s’était imposé à tout ce monde-là, au point d’être jugé digne de porter le brassard. « A cette époque, on a eu de grands joueurs, des Jacky Simon, des Fleury Di Nallo. Ils étaient certes un peu sur leur fin de carrière, mais ils nous amenaient leur expérience. Et je suis fier d’avoir été le capitaine de cette équipe, c’était une forme de reconnaissance de mes pairs », se souvient celui qui peut aussi se targuer d’être le joueur avec le plus de matches en première division avec les Vert et Blanc (198). « GG » vit désormais à Lyon, club où il a mis un terme à sa carrière en 1979.

Son meilleur souvenir au Red Star
« Je n’ai pas à proprement parler de meilleur souvenir. Finalement, ce qui me reste, c’est le sentiment d’une bande de copains. Et quelques anecdotes aussi. A mon arrivée, un joueur m’a marqué par sa classe. C’était Pierre Bernard, le gardien. A l’époque il était international. Moi, tout jeune, je n’avais pas forcément tout l’équipement adapté. Et quand il rentrait de sélection, il me donnait une paire de chaussures par ci, des bas par là. C’est des gestes qui comptent. »

 Jean-Claude Bras, joueur formé au Red Star en 65 puis de 75 à 78 - président de 78 à 2001

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@Gilles Saillant

« En 78, quand un supporter, M. Ricard, est venu me dire sa détresse quant à la disparition du Red Star, ça m’a donné un coup de fouet. Je me suis dit que ce club, on ne pouvait pas le laisser mourir. Et la remontée qui s’en est suivie, c’est l’histoire d’une bande de potes. » Jean-Claude Bras a le débit aussi véloce que ses jambes d’antan. Au téléphone, en fin homme d’affaires, il fait parfois les questions et les réponses. C’est que le Red Star représente 33 ans de sa vie. D’abord comme joueur, un ailier rapide, repéré en 1965 par Jean Avellaneda, l’entraîneur du Red de l’époque, à l’occasion des sélections de Paris. Puis comme président, comme homme du recours, qui entreprit de redonner de la couleur aux Vert et Blanc quand ils étaient bien pâles.
« Ce n’est pas compliqué, le Red Star, pour moi, c’est une religion », lâche cet homme de 71 ans qui aime pourtant rappeler ses convictions marxistes et ses combats au sein de l’UNFP pour une plus grande indépendance des joueurs vis-à-vis de leur club. Peut-être aussi parce que les Vert et Blanc lui rappellent un doux parfum d’enfance. « Quand j’étais môme, de mes HBM de la Porte-Pouchet, j’apercevais les pylônes du stade Bauer. Et notre rêve à tous, à cette époque, c’était d’aller jouer au Red Star. A cette époque, le PSG n’existait pas encore, alors que le Red Star, c’était un club historique de Paris ! » rappelle celui qui sera pourtant le premier joueur à marquer pour le PSG, né en 1970.
Ce passage par le nouveau club de Daniel Hechter avant de présider aux destinées de la formation de Saint-Ouen a d’ailleurs aidé le dirigeant à se forger quelques convictions. « Quand on me disait que le Red Star devait être le 2e club de Paris, je répondais toujours qu’il doit être l’autre club de Paris. Autre, parce qu’on ne jouera jamais sur le même registre. Le Red Star, c’est d’abord le club de la banlieue et de la formation. Donc j’espère qu’à terme, le club résoudra son problème de stade et se recentrera sur ses bases ». Saint-Ouen comme centre de gravité... Voilà une philosophie qui vaut aussi pour un Jean-Claude Bras qui, même s’il voyage encore beaucoup pour affaires dans l’ex-bloc de l’Est et au Maghreb, n’est jamais très loin de la rue du Landy quand il est en France.

Son meilleur souvenir au Red Star
« Sans doute 1980, l’année où on monte de DH en D4. Là, j’ai senti que c’était parti, que la fusée démarrait. Dans cette équipe, il n’y avait pas de pros et en même temps, il y avait des joueurs qui avaient une de ces classes ! Notre avant-centre Christian Massard par exemple. Lui, il aurait pu jouer en équipe de France un jour. »

 Georges Eo, joueur de 75 à 78 puis entraîneur-joueur de 80 à 85

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C’est l’entraîneur de la remontée fantastique du Red Star. En 1978, le club, à la suite d’une dette qu’il a laissée enfler, doit déposer le bilan. Sous l’impulsion de Jean-Claude Bras, ancien joueur des Vert et Blanc, il refuse toutefois de sombrer définitivement dans l’oubli. Et entreprend de repartir de la cave – la Division d’honneur - avec très vite un ancien joueur à la baguette : Georges Eo. A partir de 1980, le milieu de terrain n’a pas assez de ses 3 poumons pour ratisser les ballons et donner en même temps ses consignes. Des années qui restent gravées dans la mémoire de celui qui fut ensuite entraîneur et entraîneur adjoint du FC Nantes. « Le Red Star, c’est vraiment un club qui a une personnalité, une histoire, un style. C’était vrai à l’époque et ça le reste aujourd’hui. En tant qu’entraîneur, j’y ai vécu 5 années extraordinaires. Plus qu’un groupe de joueurs, on était un groupe d’amis. Il y avait Jean-Jacques Amorfini, Gilles Séguy, je ne veux pas commencer à les citer car alors il faudrait les citer tous. » La chaleur du souvenir point dans la voix de celui qui coule désormais des jours heureux sur les bords de l’Erdre.

Son meilleur souvenir au Red Star
« A l’heure du bilan, les résultats sont assez secondaires. Ce qui a été exceptionnel au Red Star, c’était cette amitié entre les gens, c’est ça dont on se souvient. Et pour le coup, notre aventure au Red Star a vraiment été hors du commun. »

 Patrice Lecornu, joueur de 76 à 78 puis de 84 à 85 puis directeur du centre de formation de 1992 à 2000

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On l’appelle un mercredi. « Rappelez-moi demain s’il vous plaît, car là, je suis sur un terrain ». Patrice Lecornu a beau avoir écumé les stades, à tous les postes imaginables - joueur, entraîneur, directeur de centre de formation – toujours il revient à ses vieilles amours. Voilà trois ans maintenant que l’ancien ailier supersonique du Red Star s’occupe en tant que manager du Cosmo de Taverny, dont les seniors évoluent en Promotion d’Honneur.
Le club du Val d’Oise peut s’estimer chanceux, car il peut ainsi profiter des services de celui qui fut directeur du centre de formation du Red Star de 1992 à 2000 avant d’être débauché par le PSG pour 5 autres années. Et des bons joueurs, Patrice Lecornu en a détecté un paquet avec son compère François Gil en 8 ans à la tête des équipes de jeunes du Red Star : Steve Marlet, Samuel Michel, Charles Itandje, Khalilou Fadiga, Meïté ou encore Sofiane Feghouli… Autant de joueurs formés chez les Vert et Blanc qui ont ensuite réalisé de bien belles carrières.
La recette de cette réussite ? « Si ça a marché à ce point, c’est parce que la banlieue est un fantastique réservoir de joueurs. Notre difficulté, c’était de pas trop se tromper sur ceux qui nous sollicitaient pour nous rejoindre », analyse celui qui avant cela a aussi goûté au poste d’entraîneur et d’entraîneur adjoint de Philippe Troussier. Et ce formateur, bien représentatif de la philosophie sociale du club de souligner : « Notre fierté, c’est de les avoir formés comme joueurs mais aussi comme personnes. D’ailleurs, tous les 3-4 ans, il y a un rendez-vous au stade Bauer où les anciens du centre de formation nous invitent pour des retrouvailles. »

Son meilleur souvenir au Red Star
« J’ai gardé en mémoire un tournoi international de jeunes qu’on avait fait à Rezé… et qu’on avait gagné à la surprise générale. C’était déjà l’époque de Marlet, au début des années 90 (en 1991, ndlr) Il y avait un paquet de grandes équipes. En finale, on avait même battu l’Ajax Amsterdam (2-0), devant 5000 personnes ! Je me souviens de notre retour à Paris. On était rentrés comme on était partis : en métro, tranquilles, avec la coupe... »

Par Christophe Lehousse

A 120 ans, toujours verts

Ils avaient fêté leurs 100 ans en organisant un grand tournoi international au Stade de France, invitant Saint-Etienne, l’Athletic Bilbao ou encore la sélection olympique de Côte d’Ivoire. Cette fois, c’est à l’occasion de Red Star - Gazélec Ajaccio, le 7 avril prochain, que les Vert et Blanc célébreront leurs 120 ans, en faisant notamment porter l’accent sur la jeunesse du club.

crédits photos : Gilles Saillant et DR

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