Jusqu’où montera Allan Morante ?

Jusqu’où montera Allan Morante ?
Trampoline

A 28 ans, le membre de l’Association Saint-Denis Trampoline 93, vit sa plus belle année d’athlète, avec une place de vice champion du monde décrochée le 19 novembre en Bulgarie. Elle fait suite à un titre de champion d’Europe déjà glané cet été. Portrait.

Dimanche 20 novembre, les Morante et les Jamar ont tous sauté dans une voiture pour aller à Roissy fêter leur nouveau vice champion du monde : Allan, de retour de Bulgarie, qui tenait enfin là sa toute première médaille mondiale, 20 ans après ses débuts au club de Saint-Denis.

« C’est clairement ma plus belle année : mon titre de champion d’Europe cet été et maintenant la confirmation avec cet argent mondial. Ca fait plaisir. Je fais une erreur en fin de programme, alors que le Néo-Zélandais (Dylan Schmidt, ndlr) qui me bat était prenable, mais je ne regrette rien », savourait celui qui, la veille, avait aussi enlevé une médaille du même métal en par équipes avec les Bleus.

Saint-Denis, centre de gravité

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Des médailles de l’abnégation, évidemment, mais aussi d’une certaine stabilité. Car Allan, c’est l’histoire d’une fidélité au long cours à Saint-Denis, son club de toujours.

« Dimanche, on lui a rappelé sa première fois au Palais des Sports d’Auguste Delaune, à 8 ans : on était parti pour l’inscrire à la gym, ça ne lui avait que moyennement plu. Et au retour, en traversant la salle, il aperçoit à travers des hublots la salle de trampo, il voit d’autres jeunes qui sautent et nous dit, les yeux brillants : « c’est ça que je veux faire ! », se souviennent ses parents Sophie et Xavier, aide-soignante et chargé d’études en réseaux électriques au « civil ». Un an plus tard, son petit frère Brian l’y rejoindra, lui aussi un fidèle puisqu’il est désormais entraîneur au club.

« Je pense que si Allan est encore chez nous aujourd’hui, c’est parce que le club lui correspond et qu’il aime les structures à taille humaine », explique de son côté Christian Jamar, entraîneur depuis 1991 à La Dionysienne, devenu cette année l’Association Saint-Denis trampoline pour quitter la structure omnisports de La Dionysienne.

Saint-Denis, voilà donc le centre autour duquel revient toujours graviter notre trampoliniste globe-trotter. Encore aujourd’hui, il n’est pas rare qu’Allan passe une tête dans le cocon d’Auguste-Delaune, même si ses entraînements s’effectuent à l’INSEP auprès de ses coaches Sébastien Martiny et Franck Bardy. Dans trois semaines, le crack français, qui a d’ailleurs bénéficié du soutien départemental dans le cadre de sa préparation à Tokyo 2021, va d’ailleurs disputer une nouvelle fois les championnats de France par équipes avec son club.

« Dès le départ, on sentait qu’il avait un gros potentiel, se remémore Christian Jamar, qui avait pris en charge son entraînement après Vincent Mainfray, son tout premier coach. J’ai insisté pour qu’il aille ensuite au Pôle espoirs de Bois-Colombes à l’âge de 13 ans parce que je sentais qu’au club on n’avait pas les capacités matérielles pour l’emmener plus loin… Ca n’a pas été si facile pour que Bois-Colombes le prenne parce qu’il n’avait pas encore le statut de haut niveau. », poursuit le coach.

Un énergique, doublé d’un bûcheur, voilà Allan : « Ses journées étaient longues quand je l’emmenais tous les soirs à Bois-Colombes après son collège à Stains ou son lycée à Saint-Denis, car pendant très longtemps, il n’a eu aucun aménagement horaire », se souvient Sophie à propos de son fils, désormais titulaire d’un BTS en informatique.

Gamin hyperactif

Aujourd’hui, il faut pourtant chercher le gamin hyperactif quand on parle à Allan, dont la capacité d’analyse et le calme sautent aux yeux. « Ce qui me frappe chez lui, c’est son intelligence sur sa pratique : il décrypte ses mouvements, il est sans cesse à la recherche de là où il peut gagner des points. Par exemple, alors qu’il fait une faute sur la fin de son exercice aux Mondiaux, il a la lucidité de modifier en une fraction de seconde son programme pour ne pas aller complètement à la faute et sauver l’essentiel », souligne encore Christian Jamar.

Pas de pression pour Paris 2024

Et maintenant ? Dans la tête d’Allan, le compte à rebours des Jeux 2024 à domicile a bien sûr déjà commencé. La grosse déception qu’avait représentée son élimination en qualifications à Tokyo 2021, ses premiers Jeux, est maintenant effacée et le diable est prêt à ressortir de la boîte. Une place d’office attend déjà les trampolinistes français en tant que pays organisateur, mais Allan aimerait en gratter plus. « On peut aller chercher jusqu’à 2 places pour les hommes et 2 pour les femmes via les résultats aux prochains Mondiaux ou via les manches de Coupe du monde. On ne l’a encore jamais fait dans l’histoire, mais on va tout essayer », explique celui qui ne se dit pas davantage sous pression du fait de Jeux à la maison. « Encore plus motivé, ça oui », lâche cette force tranquille dont les proches, le jour J, transformeront très certainement l’Arena de Paris-Bercy en Palais des Sports Auguste-Delaune.

Retrouvez l’interview vidéo d’Allan Morante réalisée en septembre pour notre rendez-vous vidéo hebdo consacré à Paris 2024 , Les Jeux dans les yeux

Photos : ©FF GYM-Thomas Schreyer

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