Court-métrage Cinéma Bobigny

Fragments balbyniens

A 24 ans, Brahim Bentahar vient de remporter le prix « nouvelles écritures » du concours « Filme ton quartier » organisé par France 3. Son court-métrage propose une visite du milieu artistique underground de sa ville natale, Bobigny. Un tremplin pour ce jeune passionné de théâtre ?

Un pic-nic sur la pelouse de la cité. Des enfants qui jouent dans l’eau jaillissant des bouches à incendies. Le palais de justice, et ses voitures de police. Des danseurs de hip-hop sur le bord de l’Ourcq. Des tags sur les murs des tunnels. Un bateau sur le canal. Des hommes en kamis, des femmes au marché. Les images sautent sur le rythme saccadé des morceaux de quatre rappeurs balbyniens. Leur auteur, Brahim Bentahar, 24 ans, a un rêve : faire découvrir au public les facettes de sa ville méconnues du grand public.

Lauréat du prix « nouvelles écritures » du concours « Filme ton quartier » organisé par France Télévision et parrainé par le slameur Abdel Malik, le jeune homme s’est saisi de son vieux Blackberry pour saisir des fragments de la vie quotidienne de sa ville. Epaulé par un ami graphiste pour le montage, il en sort une sorte de film de promotion touristique made in Bobigny, un puzzle dont les pièces restituent le visage contrasté de la ville : créativité et ennui, trash et solidarité, pauvreté et chaleur.

"Le théâtre n’était pas pour nous"

Ce visage, Brahim en connaît chaque aspérité : né à la cité de l’Abreuvoir, où il habite encore, il a fréquenté l’école et le collège Delaune avant de rejoindre le lycée Louise-Michel. En première, il erre dans les couloirs lorsqu’il entend des rires persistants. « C’était la salle de l’option théâtre. Ma professeur de français m’en a ouvert les portes. La même semaine, j’allais m’inscrire au conservatoire Jean Wiener », raconte Brahim. « A 16 ans, j’ai découvert un monde. J’avais des idées toutes faites : le théâtre n’était pas pour nous, ce n’étaient pas mes codes. C’est l’exercice d’improvisation qui m’a séduit. Ca a été catégorique », poursuit-il. Avec ses camarades, il monte sa propre pièce. L’option lui permettra d’engranger des points supplémentaires pour son bac comptabilité et finances des entreprises.

Le diplôme en poche, il choisit de se lancer dans une carrière de comédien et poursuit ses cours au conservatoire de Bobigny. A son actif, il a déjà participé à deux courts-métrages, dont « La virée à Paname » de Carine May et Hakim Zouhani. Il participe aussi aux productions de ses amis danseurs et graffeurs présents sur la vidéo. A côté de ces expériences artistiques, il enchaîne les petits boulots chez Décathlon, KFC, en tant qu’entraîneur de foot pour les petits de la ville.

"On avance ensemble"

« ArtCorps : Désolé pour la qualité », le court-métrage de Brahim Bentahar, montre surtout une très bonne connaissance du milieu artistique underground (au sens propre du terme) de Bobigny. Il lui tient à cœur de la jouer collectif, et de faire connaître ses « potes-artistes », qu’ils soient rappeurs (NOMVD, DaVinci Nero, Peezy Sv, Souli) comédiens (Selena Diouf) ou danseurs : à Bobigny, on avance ensemble, semble-t-il dire.

Il parvient à atteindre son objectif en montrant qu’à « Boboche », une ville très stigmatisée, les gens font des choses. Et grâce aux 3000 euros remportés grâce à sa place de lauréat, Brahim compte bien se montrer encore plus actif à l’avenir. Un documentaire est paraît-il déjà sur le feu...

Pour voir le court-métrage de Brahim Bentahar sur le site de France 3 "Filme ton quartier" : http://www.france3.fr/emissions/filme-ton-quartier/les-laureats_516367

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