Et si on mettait de l’art dans les anneaux ?
Mardi 13 mars, à Mains d’Œuvres à Saint-Ouen, s’est tenue une rencontre-conférence sur le thème Art et aménagements des Jeux Olympiques et paralympiques : des liens à concevoir.
L’impact d’événements de l’ampleur des Jeux olympiques dépasse le strict cadre du sport. La Seine-Saint-Denis se souvient qu’en 1998, lorsqu’elle a accueilli la Coupe du monde de football, des dizaines d’événements culturels se sont tenus, rassemblant les habitants et visiteurs du monde entier. Et la destination première des équipements à venir pour accueillir les Jeux sera certes sportive, mais par leur dimension, ils pourront également accueillir des manifestations culturelles. C’est d’ailleurs le cas de tous les nouveaux grands équipements sportifs, conçus désormais pour accueillir tant des matches que des concerts… L’héritage des J.O.P. de Paris 2024 pour la Seine-Saint-Denis aura donc également un volet culturel.
Six étudiants de l’Ecole d’urbanisme de Paris ont ouvert cette rencontre du mardi 13 mars par une conférence débat « Les J.O.P. Paris 2024 : un événement international au service du local ? »
L’art peut être un élément structurant de l’urbanisme. Clotilde Kullmann, chargée d’animation scientifique de la Chaire « Aménager le Grand Paris », a ensuite présenté sa thèse en géographie « La valorisation du projet urbain par la dimension artistique. Quelles perspectives ? »
Et si les aménagements urbains prévus pour les J.O.P., les espaces publics, les gares, les places, les passerelles… devenaient des scènes, des lieux de répétition ? Peuvent-ils favoriser les pratiques artistiques locales ? Christophe Evette, marionnettiste et plasticien, a témoigné des apports artistiques des espaces publics lors de grands événements. Juliette Bompoint, directrice de Mains d’Œuvres, a rappelé que ce lieu a depuis plusieurs années transformé en espace dédié à l’art le gymnase de l’ancien siège du comité d’entreprise de Valéo.
L’art peut aussi être un moyen d’ancrer pleinement l’esprit olympique dans le territoire, de le faire partager par les habitants. "Plaine Commune" est à ce titre un territoire d’expérimentation, utilisant l’art urbain comme vecteur de lien social.
Si on voit bien les bénéfices mutuels que peuvent tirer les différents partenaires d’une collaboration mutuelle, celle-ci reste encore à définir et à établir. Comment faire converger les points de vue d’aménageurs d’équipements urbains pour les Jeux, de sportifs, d’artistes, de créateurs d’événements, de pouvoirs publics ? De nouveaux mécanismes de coopération sont à inventer, une hybridation pour créer un espace urbain où circulation, bien-être, activités sportives et expression artistique auront toute leur place.
La Seine-Saint-Denis déjà à l’essai sur le sujet de l’art et l’aménagement
Le Département s’inscrit déjà largement dans ce mouvement de fond avec la commande d’un programme d’accompagnement artistique dans le cadre de l’extension du tramway T1 (de Bobigny à Val de Fontenay) et l’application de la procédure du 1% artistique dans la construction des collèges (18 commandes artistiques entre 2012 et 2016).
Par ailleurs, dans le cadre du Plan piscines 2016-2021, le Conseil départemental a validé la mise en œuvre d’une action d’accompagnement artistique et sportif de la construction de la piscine de Pierrefitte-sur-Seine (début des travaux en 2019). Cette proposition reflète la volonté de promouvoir et de développer sur le territoire des actions innovantes, favorisant l’engagement des habitants autour de projets liant culture et sport pour une meilleure appropriation de leur territoire.
L’expérience conduite autour de la construction de cette piscine s’inscrit dans le calendrier des JOP 2024 qui ouvrent des perspectives de développement du soutien à la création urbaine contemporaine. Cette expérimentation pourrait poser les bases d’une olympiade culturelle ambitieuse et novatrice, qui se fixerait dans le même temps pour objectifs de renouveler les formes de soutien à la création en les ancrant dans un territoire, et d’inclure fortement et durablement les habitants de ce territoire dans le projet olympique.
N.B : La photo illustrant cet article est aussi une bonne illustration de la volonté du Département de lier culture et sport autour de ces Jeux. Elle montre la pièce de Mickaël Phelippeau, "Juste Eddy", autour d’un jeune boxeur marseillais, qui s’était déroulée à l’été 2017 au festival d’Avignon dans le cadre de La Belle Scène Saint-Denis. Cet événement, mené de concert par le Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis et le Théâtre Louis-Aragon de Tremblay, sert à exposer le dynamisme de la création culturelle dans le département.
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