Histoire Hommage Saint-Ouen

Entre ici, collège Joséphine-Baker !

Une trentaine d’élèves du collège Joséphine-Baker de Saint-Ouen ont assisté mardi 30 novembre à la panthéonisation de l’artiste et militante qui a donné son nom à leur établissement. De nombreux collégiens se sont montrés sensibles à la facette antiraciste du personnage, ainsi qu’au fait qu’elle devenait seulement la 6e femme à entrer au Panthéon.

« J’ai deux amours : mon pays et Pariiiis » Autour de la rue Soufflot, des hauts parleurs diffusent les plus grands airs de Joséphine Baker. Nina, Farahane et Kornelia ont beau avoir déjà visité le Panthéon il y a un mois, ils ouvrent de grands yeux. Youna s’arrête à chaque coin de rue pour immortaliser l’instant. Jade donne une interview pour un direct à France 3. Les 33 élèves du collège Joséphine-Baker de Saint-Ouen ont vécu mardi 30 novembre une après-midi peu commune : ils ont été invités à l’entrée au Panthéon de l’artiste et militante qui a donné son nom à leur établissement.
« On n’est que deux collèges à s’appeler Joséphine Baker : nous et un collège au Mans ! », lance fièrement Benchaher, qui a sorti le costard noeud pap pour l’occasion. « J’ai été touché par sa lutte contre le racisme et aussi par le fait qu’elle ait adopté 12 enfants, de couleur de peau et de religion différentes », a retenu le jeune élève. S’il n’est jamais venu au Panthéon, le chanceux a en revanche pu visiter l’année dernière avec son collège le domaine des Milandes, cette grande propriété dans le Périgord où la chanteuse avait réuni sa « tribu arc-en-ciel ». Chahinez, elle, veut retenir Joséphine la résistante « alors même qu’elle était américaine ! » : au-delà de ses talents de danseuse et chanteuse, la native de Saint-Louis s’était en effet engagée pour la libération de la France du joug nazi, faisant passer des messages à la Résistance.

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Comme on le voit, l’établissement n’avait pas préparé ce grand jour à moitié : dans un beau projet transdisciplinaire, les élèves ont appris des chansons en français et en anglais, modélisé le Panthéon en cours de techno et même préparé une exposition, comme Youna, Sofia, Luna et Chahinez. Militantes comme Joséphine, ce quatuor de suffragettes retient avant tout le fait que Baker n’est « que la 6e femme et la première femme noire » à entrer au Panthéon, « dans une histoire écrite par les hommes », lance Sofia. Et Youna d’enfoncer le clou : « D’un point de vue symbolique, c’est super de la faire entrer au Panthéon. Après, il ne faut pas en rester là. Il faut aussi que la cause des femmes progresse dans les faits : dans l’égalité salariale, dans l’accessibilité à tous les métiers ! », rappelle cette 3e qui rêve elle de devenir astrophysicienne ou pilote.
Leur intervention est raccord avec la visite du Panthéon qu’une partie des élèves a effectuée il y a un mois, sur le thème des « Femmes au Panthéon ». Mais même si une partie d’entre eux connaissaient déjà les lieux, c’était tout de même encore un cran au-dessus en ce jour de cérémonie. « C’est grand ! Et y a des colonnes partout », s’étonne Maliki, membre d’une classe pour élèves récemment arrivés en France. « Avant, c’était une église. C’est devenu ensuite un lieu où on rend hommage aux grands hommes et femmes ! », explique doctement Killian, membre de la commission « Panthéon » qui a préparé l’expo au collège.
« Beaucoup d’élèves ont conscience du moment exceptionnel qu’ils vivent. Beaucoup m’ont dit : « Monsieur ça n’arrive pas deux fois dans une vie », se félicitait M.Cera, leur professeur d’histoire-géographie. « C’est dans la boîte ! », jubilait après coup Youna qui aura retenu sur pellicule l’instant solennel. Aux grandes femmes la patrie reconnaissante.

Christophe Lehousse
Photos : ©Bruno Lévy

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