Coronavirus

En Seine-Saint-Denis aussi, tout l’hôpital est mobilisé

Depuis deux semaines déjà, les hôpitaux publics reçoivent en Seine-Saint-Denis des malades du Covid-19. L’implication des personnels, médecins et soignants, est exemplaire. Des médecins témoignent de leur quotidien.

« Pour l’instant, notre réserve de lits est importante et nous ne sommes pas du tout à saturation. » En ce mercredi matin, Yacine Tandjaoui-Lambiotte, médecin au service réanimation de l’hôpital Avicenne à Bobigny, se veut rassurant. Son service accueille depuis « au moins deux semaines » des malades du Covid-19 présentant des complications (détresse respiratoire notamment) et nécessitant donc des soins prolongés.
« La majorité des patients que nous accueillons ici sont plutôt âgés, mais il y a aussi des patients plus jeunes. Ils restent environ deux semaines, dans la mesure où les soins en réanimation sont longs. Une chose très importante à dire est que dans le monde, il y a zéro décès chez les moins de 15 ans. », insiste ce pneumologue de formation. En France, le bilan de l’épidémie affichait au mardi 17 mars 175 morts et quelque 7730 cas déclarés, un chiffre sans doute en-deçà des réalités dans la mesure où la France a fait le choix de ne plus tester au Covid-19 que certains cas.

A Avicenne, qui fut le premier hôpital de référence en Seine-Saint-Denis à accueillir des malades du Covid-19, on se prépare surtout à tenir dans la durée. « On anticipe une nouvelle vague qui devrait arriver à partir de la semaine prochaine. Dans le fonctionnement de base de notre service, nous comptons 11 médecins et 100 personnels paramédicaux. Mais là, nous sommes allés chercher des forces supplémentaires dans des services annexes. Certains de nos anciens étudiants qui faisaient de la recherche ou étaient en année de césure se sont aussi proposés spontanément pour nous rejoindre. », explique Yacine Tandjaoui.
Et le docteur, en poste à Avicenne depuis 2014, de louer l’implication du personnel soignant autour de lui. « Infirmiers, aide-soignants, médecins, je n’ai jamais vu un engagement de la sorte. Personne ne se plaint, tout le monde a annulé ses projets de vacances, je connais même des soignants qui sont revenus de vacances pour prêter main forte... »

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C’est aussi le constat de Joëlle Laugier, responsable d’unité à l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis. Cette médecin qui partage ses activités entre un cabinet en ville et des consultations à l’hôpital, est toutefois un peu plus inquiète. « A Delafontaine, la situation est tendue. On n’est pas encore à saturation, mais on en est proche. Il faut évidemment maintenant que les gens observent le confinement et ne cèdent pas à la panique. » Et cette praticienne d’insister surtout sur l’état de fatigue des soignants. « Nous sommes épuisés. Il faut savoir qu’on est entrés dans cette crise sanitaire dans un état déjà proche de l’épuisement en raison du manque de moyens à l’hôpital. Tout le monde est très professionnel. On essaye de faire face, mais c’est très dur : toute notre organisation est déstructurée, nous travaillons 12 heures d’affilée, il est inenvisageable de poser le moindre jour de congé. »

Comme son confrère d’Avicenne, Joëlle Laugier se préparait surtout à l’arrivée d’une nouvelle vague de malades à Delafontaine dans les 8 prochains jours, le confinement ne portant ses fruits que plus tard du fait de la durée d’incubation de la maladie (5 jours en moyenne). « On y arrivera, mais il est très important que la population nous aide en respectant les consignes de base », soufflait cette professionnelle : « Respecter le confinement, appeler son médecin traitant si on ressent des symptômes légers et se laisser guider par ce qu’il vous dira. La médecine de ville doit actuellement délester l’hôpital des cas non sévères pour permettre à ce dernier de gérer les cas graves. En revanche évidemment, s’il y a des signes de gravité, il faut composer le 15. »

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