Collèges Saint-Denis

Eloquentia, porte-voix des collégiens

L’association Eloquentia forme à la prise de parole en public et intervient auprès des collégiens du Département. En amont du Conseil départemental des collégiens du 17 mai, les élèves ont débattu et discuté de la réussite et de l’échec scolaire au collège Elsa Triolet, à Saint-Denis.

Ceux qui ont vu le documentaire « À voix haute » se souviennent forcément de lui. Eddy Moniot est le vainqueur de l’édition 2015 du concours d’éloquence organisé à l’Université Paris-8 de Saint-Denis. La formation qu’il a suivie avec l’association Eloquentia a changé pour toujours son rapport aux mots et aux autres. Convaincu de l’effet positif d’Eloquentia sur les jeunes, Eddy s’investit aujourd’hui dans l’association en intervenant auprès des collégiens, notamment en amont des Conseil départementaux des collégiens (CDC). Le prochain CDC, consacré à la réussite scolaire, aura lieu le 17 mai. Qui dit réussite scolaire dit aussi échec scolaire...

Ce jour-là, Eddy intervient auprès de tous les délégués de classe de la 6e à la 3e du collège Elsa-Triolet de Saint-Denis.

" C’est quoi l’échec scolaire ? lance Eddy aux collégiens.
- Quand tu redoubles !
- Quand tu n’as pas un bon niveau !
- Quand tu ne réussis pas ta vie, répondent les élèves.

« Beaucoup de mes potes ne réussissent pas dans la vie car ils ont été en échec scolaire, explique Eddy. Pour que vous réussissiez votre vie, je viens vous aider à trouver des solutions ». Commence alors un débat sur l’importance (ou pas) de l’école.
- Oui c’est important, pour bien réussir dans la vie !
- Pour avoir son bac !
- Pour avoir le choix de son métier !
- Pour avoir un métier et ne pas dormir dehors…

Le jeune homme les amène à faire le lien entre la réussite scolaire actuelle et leur métier futur et donc leur bonheur. « Si plus tard, t’as une famille, un travail, ça te rend heureux. Si mes enfants sont heureux, moi je suis heureux », conclut un élève, convaincu que son futur dépend de ce qu’il apprend aujourd’hui. Alors pourquoi c’est si dur de suivre à l’école, d’écouter en classe, d’avoir de l’ambition ?

- Je commence tous les jours à 8h, c’est trop tôt, dit l’un.
- On se couche tard à cause de la télé, du téléphone, de la play, reconnaît une élève de 3e.
- Les maths ça me sert à rien, je veux être footballeur, souligne un élève de 6e.
- Les profs nous écoutent pas…

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Les élèves s’agitent, bavardent et ne s’écoutent plus. Alors Eddy leur demande de se mettre à la place des enseignants. « Un prof qui donne de sa personne et qui voit des élèves qui ne l’écoutent pas, qu’est-ce qu’il peut ressentir, le prof ? Au début il va être sympa, mais après il va vous sanctionner et vous mettre des étiquettes : lui c’est le perturbateur. Et vous, vous faites pareil, vous mettez des étiquettes aux profs, lui il est méchant. L’écoute, le respect, ça marche dans les deux sens. Si on veut être écouté, il faut commencer par écouter les autres ».

Ne pas accumuler de lacunes

Certains élèves acquiescent et semblent intégrer peu à peu que cela dépend d’eux, qu’en n’écoutant pas, c’est eux les perdants. « Quand vous quittez le collège, vous êtes capables de faire plein de choses, l’école vous donne la base des connaissances, poursuit Eddy. Chaque matière est utile. L’école, c’est comme un arbre, chaque matière, c’est une branche. Là où vous n’arrivez pas à quelque chose aujourd’hui, ce sera des lacunes plus tard et cela vous manquera ».

Bien parler pour être pris au sérieux

Enfin, Eddy Moniot termine sur l’importance du langage. « L’association Eloquentia dont je fais partie montre qu’on peut tous prendre la parole en public. Celui qui a créé l’association ne parlait pas bien, un peu racaille. Il a fait une bonne école et a emménagé dans les beaux quartiers à Paris. À cause de sa façon de parler, il n’était pas pris au sérieux. Il a compris qu’on mettait des étiquettes sur les gens qui ne savaient pas bien parler ». Eddy invite les 3e qui le questionnent à aller au cinéma voir le documentaire "À voix haute" pour mieux comprendre le pouvoir des mots et la force de la parole.

La sonnerie de midi retentit. La salle de classe se vide en un clin d’œil, mais on entend des « Merci, m’sieur » qui montrent qu’Eddy, ce matin, n’est sûrement pas venu pour rien.

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