Création Clichy-sous-Bois

Écrire pour se (re)trouver

Les Ateliers Médicis* ont proposé le 18 novembre à Clichy-sous-Bois une soirée littéraire pour mettre en lumière les voix des habitant∙e∙s du département via l’écriture. Au programme de ces « Chroniques documentaires de Seine-Saint-Denis » : des lectures et performances sur la construction de soi, la question de la place, de l’identité... Reportage dans cet emblématique espace de création artistique.

L’après confinement ne doit être pour personne une période de repli sur soi et d’éloignement de la culture. Persuadé∙e∙s que la littérature permet aux citoyen∙ne∙s de « ne pas être réduits au silence » , les agent∙e∙s de la Direction départementale de la culture, du patrimoine, des sports et des loisirs (DCPSL) ont soutenu dans le cadre du Plan Rebond cette action associée à Typo, le festival des écritures de caractère. Pendant quelques heures, les écrivain∙e∙s séquano-dionysien∙ne∙s Olivier Marboeuf, Fatima Daas et Marin Fouqué ont ainsi présenté au public avec certains habitant∙e∙s des textes produits collectivement pendant leurs résidences.

Une première expérience de la scène et de la radio

« L’art va ouvrir l’autre à des horizons imaginaires qui permettent de questionner son propre univers » déclare le conteur et commissaire d’exposition Olivier Marboeuf. Cet artiste a débuté la soirée en dévoilant un récit sonore réalisé en juin avec des jeunes décrocheurs livryens. Lui et plusieurs amateur∙rice∙s de fantastique ont ensuite lu plusieurs passages d’un conte radiophonique** écrit à six mains, narrant les aventures de bûcherons confrontés aux forces obscures de la nature. « Nous nous sommes baladés de nuit à Montfermeil pour trouver l’inspiration » confie Maher, auteur à titre privé d’un roman de science-fiction.
Les autres auteur∙rice∙s, convaincu∙e∙s aussi que l’écriture permet de se réconcilier avec sa propre histoire, ont rencontré des publics très différents. Le slameur Marin Fouqué a initié les usagers d’un centre de soins en addictologie puis, à compter de fin septembre, les élèves d’un collège gabinien aux joies de l’autobiographie. « Je leur ai proposé d’écrire sur leur première fois, deuxième fois, troisième fois... et les ados ont dévoilé avec beaucoup de fraîcheur leurs voyages ou leur passion pour le rap, le basket ou la danse... » annonce-t-il. Les plus motivé∙e∙s ont partagé ce jeudi soir leur création avec le public et connu quelques instants la griserie de la scène.

Passer par la fiction pour raconter le monde

L’écrivaine Fatima Daas et le photographe Baptiste Lignel ont de leur côté fait se rencontrer l’écriture et le théâtre en faisant réagir plusieurs jeunes de l’école de cinéma Kourtrajmé sur la difficulté de trouver sa place. Les étudiant∙e∙s ont imaginé l’histoire de sept jeunes vivant dans différents étages d’un immeuble de banlieue, confrontés à des interrogations intimes sur le corps, la sexualité, le mensonge ou la volonté de se réinventer... « J’ai été bluffée par leur texte très visuel et leur liberté totale d’écriture » déclare la romancière, impressionnée par les talents d’acteurs des jeunes gens, qui ont fait bloc derrière le projet dans une ambiance de bienveillance réciproque.
Les organisateurs n’ont du reste pas oublié l’univers de l’illustration en proposant aux visiteur∙e∙s une exposition de la dessinatrice Juliette Mancini sur le thème du temps et de la nécessité de se reconnecter à l’autre malgré l’incertitude des temps.

Une partie des performances présentées dans le cadre des Chroniques documentaires de la Seine-Saint-Denis est écoutable en ligne sur le site de la web radio culturelle R22 basée aux Lilas. Ne ratez pas la partie 2 du conte sonore La forêt lue avec passion par Olivier Marboeuf et les très créatif∙ve∙s habitué∙e∙s des Ateliers Médicis.

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*Créés en 2018, les Ateliers Médicis accueillent en résidence des artistes de toutes les disciplines et proposent régulièrement au public séquano-dionysien des ateliers, spectacles ou expositions.

Crédit-photo : Bruno Lévy

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