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Dimitri Bascou, un Aiglon aux ailes de bronze !

Âme de Noisy-le-Grand, le hurdler (29 ans) tient sa médaille mondiale sur 110 m haies ! Après avoir débuté au club martiniquais de l’Aiglon du Lamentin, le champion d’Europe en titre se sent –enfin !- pousser des ailes…

« Garde l’envie…garde l’envie… », se martèle Dimitri Bascou après avoir heurté la cinquième haie de la première finale olympique de sa seconde participation aux Jeux. A 29 ans, il sait cette seconde fatidique. Comme souvent, sur les haies, discipline à hauts risques, « ça passe ou ça casse… ».

Expérimenté, échaudé par des finales mondiales ratées ou malheureuses comme aux championnats du monde avec une cinquième place en 2015, le Noiséen résiste, ne s’affaisse pas, reste le haut du corps le plus haut possible et efface les dernières pour fondre sa persévérance dans le bronze : « Et si je n’avais pas tapé cette cinquième haie, j’aurais même pu, sans doute, prétendre à mieux que le bronze. A ce moment-là, je vois tout le monde passer devant moi. Ça secoue entre les haies, ça soulève de l’air et du bruit, et, surtout, ça chahute dans ma tête. Alors, en une fraction de seconde, je me fais des scenarii, à la limite d’avoir le temps d’écrire une histoire !!! ».

En 13s24, le quadruple champion de France, licencié à Créteil, entre dans l’histoire du sport français, quarante ans après la médaille d’or de Guy Drut à Montréal en 1976 ! Depuis, cette spécialité dite « française » enfantait des as comme Stéphane Caristan, Philippe Tourret ou Ladji Doucouré. Mais, aucun n’était parvenu à atterrir sur un podium olympique.

Mardi soir, soutenu par toute sa famille venue spécialement de Martinique, le hurdler s’y est posé en 13s24 : « Pour être sur le podium, je devais m’occuper de mon premier et unique adversaire, moi-même ! Quatre à cinq fois, j’étais passé à côté d’un grand rendez-vous mondial (19ème aux Jeux de Londres en 2012 puis 5ème aux championnats du monde en 2015). Alors, j’ai mentalement travaillé pour chasser mes doutes, pour apprendre à me faire confiance. A l’arrivée, mon bronze n’a pas de prix ! Maintenant, soulagé de l’obtenir, je vais essayer de dérouler une belle fin de carrière… ».

Dans un stade d’athlétisme sans flamme olympique « ça fait un peu bizarre ?! », glisse-t-il), restée au stade Maracana, le Noiséen a retrouvé celle de ses haies. Enfin, l’Aiglon s’est envolé.

Ce soir, seulement (« ça fait bizarre aussi, d’avoir sa médaille 24 heures après ?! »), en fin de programme, son bronze qui n’a pas de prix lui sautera au cou…

De notre correspondante spéciale à Rio, Sophie Greuil

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