Chez AGDS à Sevran, un parfum d’Afrique

Chez AGDS à Sevran, un parfum d’Afrique
Insertion

Plats du Sénégal, du Mali, d’Afrique du Nord : c’est ce que produisent chaque jour les 19 salariés de ce restaurant d’insertion basé à Sevran. Cet atelier aide non seulement des personnes éloignées de l’emploi à se remettre en selle, mais propose aussi de délicieux plats pour pas cher. Une bonne adresse.

Mafe, saka saka, pastels : rien que les noms des plats préparés chez AGDS (Association gestion et développement social) vous font déjà voyager. Bienvenue dans ce restaurant d’insertion de Sevran, spécialisé dans les plats africains, confectionnés avec professionnalisme par ses 19 salariés en insertion.


Avec fierté, Olga, entrée comme salariée en insertion chez AGDS il y a 7 ans et désormais encadrante technique, nous montre les spécialités de la maison : « ça ce sont des alocos, des bananes plantains. Là, vous avez du tilapia, un poisson de mer. Et ça, c’est du thieb rouge, du riz fin parfumé à la tomate, à la poudre de gombo et… je vais m’arrêter là, car nous aussi, nous avons nos recettes secrètes ! »

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Ouvert tous les jours à partir de 11 heures, ce restaurant-traiteur propose toute une gamme de plats africains, à des tarifs très abordables : aucun plat ne dépasse les 6 euros, auxquels il faut juste ajouter une boisson.
Idéal donc pour faire plaisir à ses papilles tout en soutenant une action qui a du sens. Car ici, à la « Cantine de Kayes », l’autre nom de ce restaurant, tout est produit par des salariés en insertion. Soit des personnes éloignées de l’emploi depuis un certain temps, adressées là par Pôle emploi, la Mission locale ou encore la nouvelle Agence Locale d’Insertion de Sevran.


« En général, les salariés passent un an et demi chez nous. Cette durée relativement longue s’explique par le fait qu’il faut souvent un certain temps pour rebondir. Revenir à l’emploi ne se fait pas comme ça : il peut y avoir des freins linguistiques, des problèmes d’hébergement. Nous essayons d’avancer sur toutes ces thématiques avec eux », détaille Sandrine Tchatchouang, directrice de l’atelier chantier d’insertion. Créé en 2014 pour servir des plats aux résidents du foyer de travailleurs Coallia, situé juste à côté, cette cantine s’est depuis ouverte au tout public.

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Les fourneaux, c’est parfois la passion première des salariés d’AGDS, ce qu’ils envisagent pour leur futur métier. Comme Souad, arrivée il y a 3 ans et demi, qui rêve de travailler un jour dans un grand restaurant ou, pourquoi pas, d’ouvrir le sien. Cette femme souriante, originaire du Maroc, a déjà passé deux formations qualifiantes au Relais de Pantin et n’a besoin que de parfaire son français pour bientôt décrocher un emploi.


Rudy, lui, semble moins passionné de cuisine. Adressé chez AGDS par la Mission locale, ce jeune de 25 ans veut en profiter pour travailler sur son projet professionnel : devenir électricien ou travailler dans la fibre optique.


« Avec chacun des salariés, on travaille à la fois le volet professionnel et le volet social. Quand il y a des problèmes de langue ou de logement, nous essayons de nous appuyer sur différents partenariats. On a par exemple un accord avec la maison de quartier de Rougemont où ceux qui l’ont demandé reçoivent des cours de français deux fois par semaine », explique Saliou, le conseiller insertion.

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Souvent, le passage par AGDS se solde par des succès : une jeune femme a ainsi décroché un CDD dans une grande chaîne de restauration, une autre travaille pour un traiteur de luxe. « Avec ce petit bémol que le débouché le plus évident qu’on a, la restauration collective, n’offre souvent pas assez d’heures pour nos salariés. Souvent ce sont des contrats de 26h semaine là où certains cherchent davantage », concède Sandrine Tchatchouang qui est toutefois plutôt du genre à voir le verre à moitié plein. Après 4 mois en insertion, Toumoutou, par exemple, voudrait rapidement voler de ses propres ailes, mais ne trouve pour l’instant pas les 35h en restauration collective qu’elle espérerait.

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« Au final, ici on nous apprend à être motivés et à croire en nous. Ca fait du bien », sourit Fanta, 27 ans, qui se verrait bien elle aussi travailler en restauration collective par la suite.


Pas le temps d’en dire plus : après le temps passé en cuisine, il faut passer au service, car les premiers clients arrivent déjà. Sur les coups de midi, tout est plein : le petit local d’une trentaine de places n’a plus une seule table libre, tandis que d’autres clients se pressent pour la vente à emporter.


On vous laisse avec une pointe de sucré : du degue, sorte de riz au lait à l’africaine.

– Restaurant AGDS : 12, allée de Surièges à Sevran

Christophe Lehousse
Photos : ©Bruno Lévy

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