Enfance & Famille

Bilans de santé en PMI : Dessine-moi un bonhomme

Chaque année, le service départemental de la Protection maternelle et infantile rencontre les élèves de moyenne section de maternelle pour dépister d’éventuels problèmes de santé ou des troubles du développement. Un plus pour permettre à nos petits de bien démarrer leur vie.

Du haut de ses quatre ans, Enès* est tout intimidé. Il parle à peine, a aussi un peu de mal à se concentrer et à raconter ce qu’il voit sur l’image ou à dessiner le bonhomme qu’on lui demande de faire. Sa maman, elle, exprime au contraire très vite des choses, et notamment ses craintes concernant le langage de son fils.

Au bout d’une demi-heure d’entretien et de tests, la puéricultrice de la Protection maternelle et infantile (PMI) de Clichy-sous-Bois, Carine Laakel, lui propose de prendre rendez-vous avec sa collègue psychomotricienne, tout en mettant des mots sur ses peurs et en la rassurant.

« Il va bien votre fils, lui répète-t-elle. On sent qu’il y a des retards mais il n’est pas encore utile de s’inquiéter. Il faut laisser à l’enfant le temps d’avancer. »

Rassurer les parents

C’est tout l’enjeu de ces bilans de santé des petits de maternelle que la loi a confié à la PMI : dépister de potentiels troubles ou handicaps, évaluer le bon développement de l’enfant, proposer une orientation vers un professionnel
adéquat si nécessaire mais aussi conseiller et rassurer les parents. « Ils sont très anxieux sur tout ce qui touche à la réussite scolaire, explique la docteure Agnès Vesse, responsable de la circonscription de la PMI. On leur a tellement dit que tout se joue très tôt et qu’ils en sont responsables ! Il est vital de les valoriser et de diminuer la pression sur l’enfant. »

Tous les élèves de moyenne section sont ainsi convoqués avec leur(s) parent(s), en général dans les locaux de l’école, pour des tests de vue, d’audition, de motricité, de langage et de compréhension, pour contrôler leurs poids et taille, leur tension, leurs dents, leur état vaccinal mais aussi pour discuter de leur sommeil, de leur alimentation, d’autonomie ou de sociabilisation.

Un enjeu de santé publique

C’est un binôme puéricultrice/auxiliaire de puériculture qui réalise ces bilans, pour la complémentarité des regards et offrir autant de disponibilité à l’enfant qu’au parent. « Nous leur faisons également passer des messages de prévention, ajoute Carine Laakel, car ils mettent tout en œuvre pour leurs enfants mais n’ont pas forcément les bons outils. »

Et ce bilan est aussi un véritable outil pour la PMI. Bien que non obligatoire, il lui permet de toucher beaucoup plus d’enfants qu’elle n’en suit (près de la moitié des familles à Clichy-sous-Bois) et donc « de disposer de données
précises sur toute une tranche d’âge », souligne Agnès Vesse. Avant de conclure : « C’est un véritable enjeu de santé publique. »

* Prénom modifié
Crédit photo : Nicolas Moulard

Maman d’Ambre
4 ans

« NOUS AVONS LA CHANCE D’AVOIR UN TEL SUIVI »

« Ces bilans de santé sont importants pour détecter des problèmes potentiels dont nous ne pouvons pas forcément nous rendre compte nous-mêmes. J’étais venue le faire pour ma grande. Là, les puéricultrices m’ont dit qu’il fallait faire surveiller la vue d’Ambre.

Je n’avais pas remarqué à la maison qu’elle ne voyait pas parfaitement. Elle ne s’est pas plainte, alors je n’y avais pas prêté attention et, à l’école, ils ne se sont pas manifestés non plus. Ambre est aussi suivie par notre médecin traitant. Il a contrôlé ses dents, ses oreilles, son poids, sa taille mais pas sa vue. Je n’avais pas d’inquiétude. Ces bilans sont vraiment utiles. Nous sommes dans un pays où nous avons de la chance d’avoir un tel suivi pour les enfants. »

Le point de vue de Frédéric Molossi, Vice-président chargé de l’enfance
et de la famille

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« Avec 29 000 naissances par an, il est essentiel pour notre Département de permettre aux familles d’accéder facilement pour leurs enfants à un suivi et à un accompagnement par des professionnels de santé et de la petite enfance. Les 117 centres de protection maternelle et infantile de notre territoire constituent un réseau de proximité au service des familles, et notamment de la santé, qui concerne le suivi de 200 000 enfants de moins de 6 ans. En 2015, 35 % des enfants scolarisés en moyenne section ont eu un examen médical (auditif, visuel...) mené en partenariat avec les Villes et les écoles. Aujourd’hui, notre objectif est que l’ensemble des enfants puissent, à terme, bénéficier d’un bilan de santé en école maternelle. »

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