Associations Noisy-le-Sec Bagnolet

Allô l’artiste ? Un fil tendu vers la culture...

En mettant en place un numéro dédié qui permet l’écoute de concerts ou de lectures, l’association Cultures du Cœur offre des moments de "détente et d’évasion" dans les Ehpad, centres sociaux ou structures d’hébergement provisoire. De nombreux·ses artistes de Seine-Saint-Denis sont associé·e·s à cette initiative nationale pour rompre l’isolement du confinement.

« Au début, c’était un peu étrange de jouer face à un téléphone, mais on s’est vraiment concentrées sur le son et on a vite oublié le côté interprétation physique... » Il y a quelques jours Sandrine, Marine et Coralie, colocataires à Noisy-le-Sec le temps de leur formation d’artistes-clowns à l’école du Samovar à Bagnolet, ont livré un tour du monde en chansons en différentes langues depuis leur salon. A l’autre bout du fil du côté de Toulouse, différents groupes de personnes en situation précaire ou isolées : résidentes d’un Ehpad, d’un centre d’hébergement ou bien encore d’un lieu d’accueil mère-enfants. Un dispositif mis en place à l’échelle de toute la France par l’association Cultures du cœur. Depuis plus d’une vingtaine d’années, les relais départementaux de la structure associative -fondée en 1998 par le directeur de l’époque de l’Agence pour l’Emploi du milieu du spectacle et le comédien Roger Hanin- font en sorte d’ouvrir et d’offrir la culture aux plus démuni·e·s.
Un exercice impossible en plein confinement, sauf à faire preuve d’inventivité. « Depuis le début du confinement, le milieu culturel s’est mobilisé pour offrir un grand nombre de créations ou de ressources en ligne, explique Magali Ref, la responsable de Cultures du Cœur 93. Mais le problème, c’est que les publics les plus fragiles n’ont pas forcément accès à Internet. Alors, on s’est dit que le téléphone était le moyen le plus simple pour continuer de leur offrir un moment de détente et d’évasion en plein confinement. »

Un voyage chanté au bout du combiné

Un principe mis en application en s’appuyant côté Seine-Saint-Denis sur la contribution d’une vingtaine de comédien·ne·s, musicien·ne·s, chanteur·euse·s, conteur·euse·s installé·e·s à Sevran, Pantin, Rosny, Bobigny, Romainville ou encore Noisy-le-Sec comme le trio des apprenties-clowns du Samovar. Lesquelles en redemandent et sont déjà prêtes à proposer à nouveau un voyage chanté en turc, arabe, anglais, hongrois et lingala.

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« Même si son utilisation peut paraître un peu froide, le téléphone est finalement un bon instrument, observe la Noiséenne Sandrine Coletti, parce qu’il permet d’aller vers les gens sans être trop intrusifs, à la différence d’une visioconférence. Et puis, après le temps du concert, on prend aussi le temps d’échanger avec les personnes. C’est une bonne approche de la culture qui incite les gens à se l’approprier, plutôt qu’à la consommer presque machinalement. » Mis en place le 16 avril, Allô l’artiste est ouvert pour le moment à 19 structures de Seine-Saint-Denis parmi lesquelles on trouve des services d’accompagnement social des adultes handicapé·e·s à Sevran ou Aulnay ou bien encore l’association Nénuphar Mediation qui à Pantin s’active dans le domaine de l’accès aux droits et organise des cours d’alphabétisation. « Comme pas mal de services sociaux de villes sont en ce moment fermés ou fonctionnent au ralenti, on s’appuie beaucoup sur notre réseau de travailleurs sociaux pour qu’un maximum de personnes isolées rejoignent les programmes quotidiens d’Allô l’artiste », précise Magali Ref. Eux aussi, comme les artistes, savent dans ces moments où le lien social est mis à mal, tisser un fil très précieux...

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